L’affaire de l’embarcation de fortune à Kafountine, en vue d’une émigration vers les côtes espagnoles, qui s’est soldée par «la mort de 15 personnes, sera bien élucidée et «les convoyeurs et leurs complices seront punis dans la rigueur de la loi». C’est ce qu’a fait savoir hier, lors d’une conférence de presse, le procureur de Ziguinchor qui a listé lesinfractions imputées aux personnes interpellées et actuellement en garde-à-vue.
Procureur de Ziguinchor, Pape Ismaël Diallo a entre les mains deux dossiers très complexes qu’il lui faudra élucider pour calmer l’inquiétude des Sénégalais. Il s’agit de l’affaire du drame de Kafountine, mais également celle des manifestations du 17 juin dernier. Pour éclairer l’opinion, le procureur de Ziguinchor a fait un point de presse, hier. Il a assuré, d’abord sur l’affaire de Kafountine, que «la loi sera appliquée dans toute sa rigueur». Poursuivant sur cette affaire, le chef du Parquet de Ziguinchor a informé qu’une 7ème personne, soupçonnée d’avoir pris part à cette affaire, a été arrêtée hors de Ziguinchor et sera bientôt déféré au niveau de son Parquet. «Les personnes arrêtées, actuellement en gare-à-vue, feront l’objet d’un déferrement pour enquête. Elles feront l’objet de poursuites pour association de malfaiteurs, organisation de migration clandestine, homicide involontaire, mise en danger de la vie d’autrui et escroquerie», a-t-il ainsi listé les charges imputées aux convoyeurs et leurs complices présumés. Il a également assuré que d’autres personnes, en fuite, ont été identifiées et font l’objet d’un avis de recherche ; mieux, elles «ne tarderont pas à être bientôt interpellées», assure-t-il. Pape Ismaël Diallo a aussi lancé un appel à la population pour collaborer avec les forces de défense et de sécurité, la justice, pour dénoncer dit-il «de telles actes criminelles».
88 migrants dont une femme secourus
Revenant sur les faits, il a expliqué que la gendarmerie de Diouloulou a été informée, d’abord le 26 juin, d’un regroupement de candidats à l’émigration dans une maison à Kafountine, mais le transport sur les lieux n’a rien donné. C’est le lendemain qu’ils ont reçu une deuxième information d’une pirogue qui a chaviré dans les îles de Hillol et de Kassel relevant de la commune de Kafountine.Les gendarmes ont trouvé, sur les lieux, une pirogue en feu et ont pu secourir 88 migrants dont une femme et, parmi eux, 13 personnes ont eu des brûlures et ont été conduits au poste de santé de Kafountine avant d’être acheminées à l’hôpital de Ziguinchor. «D’après les rescapés, il y aurait eu des morts, mais un seul corps a été repêché et parmi ces rescapés, il y a 67 Sénégalais d’origines diverses (Bignona, Ziguinchor Dakar, Kolda) 4 Nigérians, 8 Gambiens, 3 Bissau-Guinéens, 8 Guinéens de Conakry», informe-t-il.
15 corps sans vie en état de décomposition très avancée trouvés
Mais, ce n’est pas tout, les sapeurs-pompiers vont encore découvrir 4 autres Sénégalais qui s’étaient cachés à l’intérieur des bolongs. Ce qui porte le nombre de rescapés à 92 dont 69 Sénégalais. «Les sapeurs-pompiers ont repêché au jour d’aujourd’hui, 30 juin 2022, un total de quinze corps sans vie, pour l’essentiel, en état de décomposition très avancée en raison des brûlures et du temps passé dans les eaux», informe encore Pape Ismaël Diallo. «Le modus operandi consistait à rançonner les victimes de montants variant entre 200 à 400.000 francs en contrepartie d’un périlleux et hypothétique voyage par mer et en pirogue vers les côtes espagnoles. Les candidats ainsi recrutéssont pris en charge dans des maisons sises à Kafountine. Et des petites embarcations sont empruntées pour rejoindre les îles Karones d’où partaient les grandes embarcations à destination des côtes espagnoles», relate le chef du Parquet qui donne ensuite les causes de l’incendie. «L’incendie qui est survenu dans l’embarcation dans la nuit du 26 au 27 juin 2022 est vraisemblablement dû, si l’on s’en tient aux déclarations des rescapés, au carburant qui était à bord alors que les convoyeurs étaient en train de s’affairer à préparer du thé avec un fourneau», explique-t-il encore.
Alassane DRAME