Parmi les quelque 12 millions de documents confidentiels sur les paradis fiscaux dévoilés par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), dimanche 3 octobre, figurent plusieurs noms de dirigeants africains, dont certains sont encore en fonction. Focus sur les personnalités les plus importantes du continent.
L'enquête du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), publiée dimanche 3 octobre, recense près de 50 hommes politiques et responsables africains de 18 pays comme propriétaires de sociétés offshore. Parmi eux, trois présidents et un premier ministre en exercice.
L'enquête du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), publiée dimanche 3 octobre, recense près de 50 hommes politiques et responsables africains de 18 pays comme propriétaires de sociétés offshore. Parmi eux, trois présidents et un premier ministre en exercice.
Ali Bongo, président du Gabon
Les données fournies indiquent que le président gabonais contrôlait, avec deux associés politiques, une société écran domiciliée dans les îles Vierges britanniques (BVI), appelée Gazeebo Investments Ltd.
Selon un courriel envoyé en 2008 par un procureur de Miami, qui a demandé aux avocats de la société de services offshore Trident Trust de constituer la société, M. Bongo était l'actionnaire majoritaire.
Les autres actionnaires étaient Jean-Pierre Oyiba, chef de cabinet du président jusqu'à sa démission en 2009, et Claude Sezalory, un ressortissant français marié à Sylvia Bongo Ondimba avant son mariage avec Ali Bongo en 1989.
Ali Bongo était également le directeur d'une autre société écran des îles Vierges britanniques, Cresthill Worldwide Ltd. Ces deux sociétés ne sont plus actives aujourd'hui, et leur but est inconnu.
Les "Pandora Papers" en chiffres
- 11,9 millions de documents confidentiels ou 2,94 téraoctets de données
- Plus de 330 hommes politiques, dont certains encore en fonction, concernés
- Plus de 130 personnalités dont des membres de familles royales
- 14 entreprises spécialisées dans la création de sociétés offshore dans des paradis fiscaux
- Plus de 600 journalistes de plus de 150 médias dans le monde se sont mobilisés sur le sujet.
Uhuru Kenyatta et ses proches
Le chef d'État kényan, qui a juré de lutter contre la corruption lors de sa dernière campagne présidentielle, est lié à une fondation panaméenne.
Sa mère et ses frères et sœurs possèdent au moins six autres filiales et fondations enregistrées au Panama et dans les îles Vierges britanniques. La plupart de ces sociétés familiales ont été créées avant l'investiture de Kenyatta, indiquent les documents, bien que certaines soient restées actives après son élection.
Les actifs, équivalents à 30 millions de dollars, sont situés au Royaume-Uni et à Hong Kong.
Denis Sassou Nguesso, chef d'État congolais
Le président congolais, selon les Pandora Papers, possédait une société appelée Inter African Investment Ltd. qui contrôlait des mines de diamants. Cette société a été enregistrée auprès des BVI en 1998, pendant son second mandat de président du Congo.
Inter African Investment possédait un compte auprès de la succursale londonienne de la banque Espirito Santo et dirigeait également une autre société dans les BVI, Ecoplan Finance Ltd. Julienne, l'une des filles de Sassou Nguesso, siégeait au conseil d'administration d'Ecoplan.
Cette dernière possédait la majorité des actions d'Escom Congo, une société de construction et d'immobilier ayant des droits sur des mines de diamants dans le pays. Selon le cabinet panaméen Algocal, Ecoplan n'a pas été active depuis 2018.
Patrick Archi, premier ministre ivoirien
En 1998, alors conseiller du ministre ivoirien de l'énergie, il devient propriétaire d'Allstar Consultancy Services Ltd, une société basée aux Bahamas. Grâce à un contrat de fiducie, l'actuel Premier ministre de Côte d'Ivoire, depuis sa nomination en mars 2021, a pu garder son nom hors des documents officiels.
M. Archi a créé sa société en 2006, par l'intermédiaire d'un spécialiste de l'offshore basé à Londres, avant d'en transférer la gestion à Alcogal.
Zakaria Idriss Déby Itno, fils d'Idriss Déby Itno
Fils de feu Idriss Déby Itno, demi-frère cadet de l'actuel président, Mahamat Idriss Déby, Zakaria Idriss Déby Itno possédait des parts dans la société seychelloise Odian Consulting Ltd, créée en 2008.
Les deux autres actionnaires n'étaient autres que son cousin, Yosko Youssouf Boy, et David Abtour, un marchand d'armes présumé. Ce dernier était marié à une sœur d'une ex-femme d'Idriss Déby. Le registre des Seychelles n'indique pas le statut de la société.
La princesse marocaine Lalla Hasnaa, l'ancien premier ministre mozambicain Aires Ali...
D'autres noms connus sur le continent ou dans leurs pays respectifs apparaissent également dans l'inventaire mis au jour par le Consortium.
Parmi eux, la princesse marocaine Lalla Hasnaa, sœur cadette du roi Mohammed VI, l'ancien ministre tunisien et leader du parti Machrou Tounès, Mohzen Marzouk, l'ancien Premier ministre mozambicain Aires Ali, ou encore le ministre ougandais de la Sécurité, Jim Muhwezi.