PROJET DE MODIFICATION DE LA CONSTITUTION Act, République des valeurs, Ld Debout, Taxaw Temm et Tekki massacrent Macky, appellent les députés de l’opposition à combattre le projet de loi et invitent les Sénégalais progressistes à un sursaut national



Mieux vaut tard que jamais a-t-on l’habitude de dire. C’est sans doute la formule qui colle le mieux à l’attitude brusque des organisations de l’opposition sénégalaise. En effet, alors qu’on avait fini par s’habituer à leur mutisme, les challengers de Macky Sall sont enfin décidés de sortir de leur léthargie politique. En effet, après les quatre candidats malheureux de la présidentielle du 24 février 2019, c’est au tour d’un regroupement de cadres de l’opposition de monter au front pour dénoncer la dictature de Macky Sall, non sans appeler à un sursaut national pour lui faire face.

Ils se sont tus pendant très longtemps. Mais quand ils décident de prendre la parole, ils n’y vont pas en douce. C’est donc définitif et Macky Sall et ses souteneurs peuvent se le dire : Ils devront inévitablement faire face aux forces de l’opposition sénégalaise, s’ils veulent aller jusqu’au bout de leur désir de modifier, une nouvelle fois, la charte fondamentale de la nation. Et pour cause, après Idrissa Seck, Ousmane Sonko, El Hadji Sall et Me Madické Niang, c’est au tour d’un autre cadre de l’opposition de marquer son indignation face à la nouvelle volonté du chef de l’État. En effet, l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (Act), la Ligue Démocratique Debout ( LD Debout), la République des Valeurs (RV), Taxaw Temm et le Mouvement Tekki se sont rencontrés au siège de Tekki pour échanger sur la situation politique nationale. Une rencontre à l’issue de laquelle lesdites organisations politiques ont sorti une déclaration pour appeler à un sursaut national pour lutter contre la dictature de Macky Sall. « Après toutes les dérives monumentales et les manquements graves décriés sur le processus électoral, et à peine sorti d’un coup de force électoral, le Président Macky Sall s’engage dans ce qu’il sait faire : la politique politicienne», taclent les partis signataires, qui ajoutent : «aveuglé par un désir excessif de pouvoir sans limites, il vient d’engager, à la surprise générale, et à titre personnel, pour tout un peuple, une révision constitutionnelle, sans avoir une seule fois évoqué la question pendant la campagne électorale, sans débat, ni concertations à aucun niveau, pour, à sa seule guise, modifier unilatéralement le régime politique en vigueur et ainsi imposer une nouvelle gouvernance solitaire et personnelle». Poursuivant, Abdoul Mbaye, Mamadou Lamine Diallo et les autres notent qu’après avoir cherché à casser et neutraliser toutes les forces progressistes, démocratiques et citoyennes du pays avec les moyens de l’Etat, Macky veut avec cette dernière initiative disposer désormais de tous les leviers du pouvoir de l’État. Une situation grave à leur goût, d’autant plus que, pour eux, la réforme ainsi engagée viendra consolider et parachever l’installation d’une dictature au Sénégal. «Dans le projet soumis à son Assemblée nationale, il affirme sans ambages qu’il instaure un régime présidentiel caractérisé par un pouvoir exécutif rationalisé. En vérité, l’Assemblée nationale est démise de ses prérogatives les plus importantes, à savoir le contrôle de l’exécutif», font-ils savoir. Et d’indiquer que le président de la République renforce considérablement ses prérogatives. «Il fait mine d’abandonner son pouvoir de dissolution de l’Assemblée nationale, mais conserve cette possibilité par le biais de l’article 52, qui lui donne des pouvoirs exceptionnels», croient-ils savoir. En effet, révèlent Thierno Alassane Sall et les autres, les ministres peuvent être traduits pénalement devant la Haute Cour de Justice, alors que, devenus responsables devant le président de la République, cela en fait de simples collaborateurs. Ce qui leur fait dire que les ministres devraient l’être en toute logique devant les Tribunaux ordinaires. Aussi, explique la note, le président de la République devrait, dans la construction d’un régime à ce point présidentiel, renoncer à toutes ses prérogatives ayant un caractère législatif. Ce qu’il refuse de faire dans ce projet de loi. Tout ça fait dire aux opposants que sous ce rapport, son appel au dialogue, ressassé depuis un certain temps à l’occasion de chaque sortie publique, n’est ni plus, ni moins qu’une duperie. «D’ailleurs, tous les observateurs avertis et sérieux peuvent le constater : lorsqu’il s’agit de questions essentielles telles que la modification de la constitution, le gaz et le pétrole ou l’implication outrancière de sa famille dans la gestion de l’État, soit il décide en solitaire, soit il occulte le débat», indiquent-ils, caricaturant ce qu’il convient d’appeler le théâtre du palais. «Voilà un appel au dialogue suivi d’un changement de la nature du régime politique pour pouvoir gouverner tout seul ; comme pour dire : ‘’je change le régime et après, venez, on va dialoguer’’ !», raillent les opposants. Qui se demandent déjà sur quoi dialoguer ? Et de répondre : « Du report déjà programmé des élections locales ? De l’indépendance de la justice ? De l’équilibre des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire qu’il vient de chambouler ?». Ils s’indignent que la plupart du temps, lorsqu’il s’engage, c’est pour se dédire, dès que possible ou alors dès que ses intérêts sont en jeu ; au point qu’il est devenu légitime de douter de la valeur morale de ses engagements pris et de sa parole donnée. «Il en est de même de l’appel tonitruant à la responsabilité, au civisme et à la citoyenneté, à la salubrité publique et au désencombrement de la voie publique, adressé aux Sénégalais et plus particulièrement aux jeunes, que personne ne peut rejeter», disent-ils, rappelant qu’à ce jour, Macky Sall est le seul tristement célèbre responsable politique à avoir obligé les membres d’un bureau de vote à accepter son vote par la force des muscles de ses gardes du corps alors qu’il n’avait pas les documents requis pour accomplir cet acte ! «Voilà une forfaiture qui montre et démontre, avec force et éloquence, qu’en matière de bonne conduite conforme à la responsabilité du citoyen vertueux, aucun Sénégalais n’est jamais descendu aussi bas ! Trop bas !!!», s’indignent les signataires, qui estiment qu’à cet égard, et en considération de tout ce qui précède, ils appellent à la mobilisation des députés de l’opposition pour s’opposer à ce projet de loi et à un sursaut national des progressistes et des patriotes de tout bord, pour construire un bloc politique fort et capable de porter, dans l’unité d’action, le combat pour faire face à une dictature qui ne se fixe plus aucune limite légale, morale, ou éthique. Sidy Djimby NDAO
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