PROJET DE MODERNISATION DU PARC DES GROS-PORTEURS : Les transporteurs entre défaut de paiement, tracasseries et convocation à la gendarmerie




 
 
 
La Bnde presse les membres de la Coopérative nationale des entreprises de transport de marchandises (Cnetm) bénéficiaires des 146 camions du projet de modernisation des gros-porteurs. 73 camions ont été retirés pour défaut de paiement. Mbargou Badiane, président de l’Union sénégalaise des transports routiers (Ustr) a été convoqué à la Brigade de recherches et devra y retourner dans les prochains jours suite à son refus de rendre ses véhicules, persuadé d’avoir épongé ses créances. Il a aussi déploré la cherté des camions revenus deux fois plus chers et la non application des mesures d’accompagnement.
 
 
 
Le projet de modernisation du parc des gros-porteurs initié par l’ancien Président Macky Sall est en passe de tourner en eau de boudin. La faute à un défaut de paiement à l’origine de contentieux entre la Bnde, Banque de développement économique (où les bénéficiaires devaient verser leur argent) et la Coopérative nationale des entreprises de transport de marchandises du (Cnetm) qui regroupe les transporteurs bénéficiaires du projet. Cette défaillance alléguée a conduit au retrait à ce jour de 73 camions. En effet, en 2016, lorsque le projet d’un coût de 5 milliards a été initié avec à la clé l’acquisition par le gouvernement de 146 camions pour 200 transporteurs répartis à travers les différentes régions du pays, ces camions qui devaient revenir à entre 58 et 72 millions, selon les transporteurs, pour une durée de 5 ans, ont finalement coûté presque deux fois plus chers. Selon le président de l’Union sénégalaise des transports routiers, Mbargou Badiane, certains camions ont coûté entre 100 et 135 millions francs. Et la cherté des véhicules conjuguée à la non application des mesures d’accompagnement annoncées par le président de la République, a rendu difficiles les paiements pour certains. Il s’agit de la prime à la casse de 5 millions au propriétaire et l’ouverture d’un bureau de fret. Ainsi, dans cette volonté de la Bnde de retirer les camions, Mbargou Badiane, qui a refusé de s’exécuter, a fait l’objet d’une première convocation devant les enquêteurs de la Brigade de recherches. Seulement, comme il devait se rendre à La Mecque, il a été convoqué à son retour. En attendant de faire face une seconde fois aux enquêteurs (il est en quarantaine pour cause de Covid), il estime plutôt que c’est la Banque qui lui doit de l’argent. Il est ainsi revenu sur la genèse de ce projet qui tient les transporteurs à la gorge.
 
La Cnetm n’a pas senti l’exécution de l’ordonnance de mainlevée suite à la mesure de saisie conservatoire de la Bnde
 
D’emblée, il accuse la banque de n’avoir pas joué franc jeu avec la coopérative des transporteurs. Jamais, dit-il, la Cnetm n’a été informée en amont des décisions de la banque. Les transporteurs ont toujours été mis devant le fait accompli. Le président de l’Ustr en veut pour preuve un certain nombre d’actes posés par la Bnde. En effet, à la veille de la présidentielle de 2019, les transporteurs, dit-il, ont été invités, après sept mois de versement pour des montants compris entre 5 et 12 millions, à retirer leur argent. Mieux, la banque qui a bénéficié d’une garantie souveraine a été payée par l’Etat. A charge cependant pour la banque de recouvrer les créances des acquéreurs pour désintéresser l’Etat à son tour. Malheureusement, certains transporteurs en ont déduit que l’Etat avait payé à leur place et ont tout simplement retiré leur argent, tandis que d’autres ont poursuivi les versements. Ainsi, à la grande surprise de certains bénéficiaires, la banque a publié l’état financier des bénéficiaires publiquement, sans pour autant informer la coopérative pour permettre à ses membres de régulariser leur situation. Pire, la Bnde a obtenu du tribunal du Commerce un jugement de saisie conservatoire pour immobiliser les camions des bénéficiaires. Une décision qui aura impacté les transporteurs dont les camions chargés en destination des pays de la sous-région ont été arrêtés avant d’être stationnés à Thiès. Ce qui constitue un manque à gagner pour les transporteurs obligés d’acheminer les marchandises à destination. C’est ainsi que la Cnetm a attaqué la décision du tribunal du Commerce et par ordonnance du 17 janvier 2023 a obtenu la mainlevée sur les camions. En dépit de l’exécution de cette décision par la banque, Mbargou Badiane estime que les tracasseries ont repris de plus belle. Et à ce jour, déplore-t-il, 73 camions ont été retirés.
 
La fermeture des frontières avec la Guinée et le Mali a impacté les versements
 
En plus de toutes ces difficultés auxquelles certains transporteurs font face pour honorer leurs engagements, les décisions de la Cedeao ordonnant la fermeture des frontières avec la Guinée et le Mali sont venues donner un coup de massue aux membres de la Cnetm. A en croire Mbargou Badiane, 85 camions étaient en souffrance à Conakry pendant huit mois et presque le même nombre au Mali pendant 9 mois. Ce qui a impacté les versements. Il s’y ajoute la prise en charge par le transporteur des frais d’accidents alors que les camions sont assurés. Et l’argent de l’assurance, dit-il, est reversé à la banque. Rien que pour lui, près de 30 millions ont été versés à la banque suite aux accidents de trois de ses camions. Ce qui lui fait dire que les transporteurs qui sont de bonne foi et dans les dispositions de payer doivent garder leurs camions ; pour d’autres, par contre, ces camions doivent être retirés.
 
M. CISS
 
 
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