PROJET DE LOI DE FINANCES 2024 : Certains députés étalent leurs préoccupations, d’autres élogieux envers le bilan de Macky Sall




 
 
A l’ouverture du marathon budgétaire marquée par les considérations générales sur le projet de loi de finances 2024, plusieurs sujets ont été abordés par les députés, notamment la sincérité budgétaire, les subventions, l’émigration irrégulière, etc. Le bilan du chef de l’Etat a été aussi magnifié.
 
 
 
Le budget 2024 a été adopté ce samedi par la Représentation nationale à l’exception des députés de Yewwi et culmine à 7003,6 milliards, un record qualifié «d’historique». Mais la sincérité budgétaire sur différents aspects a été fortement remise en cause par certains députés de l’opposition lors de la plénière ; notamment sur le montant du budget qui serait de 5755 milliards au lieu des 7003,6 milliards annoncés, estime Birame Soulèye Diop. «On nous fait croire que le budget 2024 est de 7003 milliards, mais à la page 40, ce budget est en réalité de 5755 milliards. Donc les 1248 milliards ajoutés représentent l'amortissement de la dette. On nous fait comprendre que c’est l'ancienne méthode comptable qui devrait faire état. C'est complètement faux de dire qu'on a respecté la loi organique. C'est archi-faux», s’indigne à son tour Mouhamed Salim Ayib Daffé, conforté dans cette dynamique par son collègue Abass Fall qui a déploré la sincérité budgétaire.
 
Abba Mbaye explique pourquoi ils ne vont pas voter le budget
 
 
Pour sa part, le député de Taxawu Sénégal, Abba Mbaye déplore la cherté du coût de la vie. «Et, on demande encore d’enlever les subventions et tous les Sénégalais souffrent du prix de l’électricité (…). Nous ne pouvons pas prendre la responsabilité de voter un budget qui baisse les subventions, qui va faire souffrir les Sénégalais. Avec plus de transparence dans le secteur, nous aurions dû continuer à garder ces subventions», explique Abba Mbaye.
 
Abo Mbacké Thiam : «les problèmes des Sénégalais se sont exacerbés»
 
«L’année dernière, vous nous avez proposé un budget de solutions pour régler les problèmes des Sénégalais ; mais force est de constater que ces problèmes se sont exacerbés avec la cherté la vie, le chômage des jeunes et l’émigration clandestine. Au lieu de solutions, vous avez accentué la souffrance des sénégalais», fait remarquer le député du Pds, Abo Mbacké Thiam qui estime que l’élection de Karim Wade en 2024 sera une occasion pour redresser le pays et susciter a nouveau l’espoir chez les jeunes qui désertent pays.
Son collègue Ibrahima Diop de la diaspora a Interpellé le ministre des Finances sur les consulats fermés. «On ne peut plus avoir de passeport et on ne peut accéder à aucun service. A la limite, cela ressemble à une punition. Le gouvernement doit prendre des mesures parce que la diaspora est fatiguée. On a recensé 1000 sénégalais qui étaient dans une situation régulière, mais qui, faute de passeport, ne peuvent disposer de titre de séjour. Vous êtes notre seul espoir dans le gouvernement de Macky Sall et nous vous invitons à prendre mesures», implore le député.
 
Mamadou Lamine Thiam : «Karim va bientôt venir»
 
Le président du groupe parlementaire Wallu a Interpellé le ministre sur l’effectivité de l’exploitation des ressources pétrolières et gazières suite aux reports notés. A l’endroit de ceux qui sont impatients de voir son leader, Mamadou Lamine Thiam précise que Karim va bientôt venir. «Le Pds est une vieille machine électorale et nous savons comment nous y prendre. Nous irons aux élections avec notre candidat et nous allons triompher», dit-il.
 
Aly Mané : «avant de demander l’ouverture des consulats, préoccupez-vous d’abord de ceux qui ont brûlé les consulats»
 
«Avant de demander l’ouverture des consulats, préoccupez-vous d’abord de ceux qui ont brûlé les consulats et menacé les fonctionnaires du Sénégal. Ces gens doivent être traqués, arrêtés et envoyés en prison, ainsi que leurs commanditaires», rétorque Aly Mané sur l’ouverture des consulats.
Pour Abdou Mbow, les signaux sont au vert pour 2024 avec quasiment une hausse remarquable des projections de recettes budgétaires de 774,27 milliards, soit une hausse de 19,15% par rapport à la Lfi de 2023. Les recettes fiscales, ajoute-t-il, sont projetées 4100 milliards, soit une hausse de 693 milliards et 19,88% en valeur relative. Quant aux recettes non fiscales, elles sont projetées, dit-il, à 35 milliards. Des chiffres qui, à l’en croire, montrent la performance budgétaire du Sénégal. S’agissant de la dette, il considère celle-ci comme un vieux serpent de mer.
 
 
Guy Marius Sagna ressuscite l’affaire Didier Badji et Fulbert Sambou
 
Le 18 novembre 2022 marque la disparition de Didier Badji et Fulbert Sambou. 18 novembre 2023, pas encore de nouvelles de Didier Badji qui serait disparu, Fulbert Sambou est décédé. En attendant de faire la lumière sur cette affaire, que l’Etat fasse de l’assistance sociale et financière à l’endroit de l’épouse de Didier Badji et ses enfants. Etant donné qu’en cas de disparition, elle ne peut retirer le salaire de son époux», plaide Guy Marius Sagna, avant de charger : «tout comme la disparition de Didier Badji, c’est comme ça que l’argent du contribuable disparait (…). Certains volent, tandis que d’autres font des surfacturations. Ce qui explique le retard noté dans le paiement des salaires des Asp. Nous avons alerté, malheureusement nous n’avons pas été entendus et c’est pourquoi les jeunes meurent sur la route de l’émigration clandestine. Mais, cette page sera bientôt tournée. Macky est déjà parti, l’Apr va partir, ainsi que Benno. Ousmane Sonko sera notre candidat et il sera le 5e président de la République pour mettre un terme à ces détournements».
 
 
M. CISS
 
 
 
PROJET DE LOI DE FINANCES 2024
Mamadou Moustapha Ba confirme et justifie les 7003,6 milliards du budget
 
 
 
En dépit des remarques sur la sincérité budgétaire, le ministre des Finances et du Budget confirme que le budget 2024 est de 7003,6 milliards. A l’en croire, c’est par souci de transparence et de comparabilité aux budgets précédents que cette méthode de calcul a été utilisée. Il est aussi revenu sur la dette du Sénégal, les subventions, entre autres considérations.
 
 
 
Au terme des interventions des députés sur les considérations générales du Plfi 2024, le ministre des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba, qui a ouvert une large fenêtre sur la structuration du budget 2024, notamment sa sincérité remise en cause par certains parlementaires. «Le budget 2024 de l’Etat du Sénégal porte sur un montant de 7003,6 contre 6441,5 en 2023, soit une augmentation de 592,1 milliards en valeur absolue et 9,2% en valeur relative. En décembre 2011, vos prédécesseurs avaient adopté dans cet hémicycle un projet de loi de finances pour 2012 d’un montant de 2344,10 milliards. C’est 298% de hausse en 12 ans. C’est quand même le signe d’un pays qui avance», à d’emblée indiqué le ministre, avant de poursuivre sur la sincérité budgétaire. «Effectivement des esprits pouvaient contester ce chiffre, certains vous diront que le budget n’est que de 5755,4 milliards. En vérité, le budget de 2000 était de 831 milliards, celui de 2012 de 2344,8 milliards. C’est la même méthode comptable qui est utilisé pour pouvoir affirmé que le budget de 2024 est de 7003,8 milliards. Par soucis de transparence et de comparabilité, de 1960 à nos jours, nous utilisons la même méthode de calcul à savoir la loi 2001 - 09 du 15 octobre 2001», explique Moustapha Ba qui reconnait, par contre, qu’à partir de 2020, il est entré en vigueur la loi 2020-07 du 26 février 2020 qui n’intègre pas dans la budgétisation les ressources de trésorerie telle que l’amortissement de la dette. «2020, 2021, 2023, les budgets sous l’emprise de cette loi n’intègrent pas les ressources de trésorerie telles que l’amortissement de la dette. Pour des soucis de comparabilité, de l’indépendance à nos jours, on devrait chaque année jusqu’en 1960 enlever l’amortissement de la dette. Dans ce cas, on ne dirait pas en 2000 que le budget était de 839 milliards ou de 2344 milliards en 2012, on ne dirait pas en 2024 que le budget est de 7003,6 milliards», ajoute le ministre des Finances sur le champ d’application des deux lois.
 
 
104 milliards, la masse salariale en 2023
 
S’agissant de la masse salariale, il rappelle que les agents publics de l’administration étaient de 95.773 en 2012 et sont passés aujourd’hui à 175.334 agents. A l’en croire, c’est des postes budgétaires créés de 79.550 agents, notamment avec les recrutements massifs de jeunes dans la fonction publique. «Le salaire moyen était en 2012 de 378.751 francs contre 586.283 francs en 2023, soit une hausse de 55%. Cela veut dire qu’on est dans le renforcement du pouvoir d’achat des agents publics de l’Etat. Les augmentations de salaires ont coûté quasiment 161 milliards 557 millions en 2022, en 2011 c’est 41,7 milliards, 75 milliards en 2021 et 92,8 milliards en 2022, avant d’atteindre en 2023, 104 milliards 96 millions que le trésor décaisse pour payer les salaires», annonce Moustapha Ba. Ce qui représente 43,1% des recettes fiscales de l’Etat (pour payer les salaires) et 8,3% du Pib. «Cette masse salariale pèse sur le budget de l’Etat», reconnaît le ministre.
Par ailleurs, le ministre a révélé que le chef de l’Etat a décidé d’allouer 6 milliards par an aux daaras dont un milliard pour l’acquisition de riz et 5 milliards pour des subventions directes à compter de l’année 2023.
Avant d’indiquer que le Sénégal s’inscrit de plus en plus sur la voie de la souveraineté budgétaire. «Nous dépendons de moins en moins de l’aide publique au développement et nous comptons de plus en plus sur nos propres forces», fait remarquer Mamadou Moustapha Ba.
 
M. CISS 
 
 
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