PROJET D’AMÉNAGEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT D’UNE VILLE NOUVELLE À THIÈS: L’Etat crée une ville nouvelle à partir de rien qui devra à terme accueillir plus de 800.000 habitants et 3000 Pme



 
 
Alors que les besoins en logements et notamment en habitat social ne cessent d’augmenter, constituant un défi majeur pour les autorités, l’Etat du Sénégal a décidé la mise en place du Programme Sénégal Zéro Bidonville avec son projet-phare «100.000 logements». C’est ainsi qu’il a été décidé, à travers le ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, de mettre en place un Projet d’aménagement et de développement d’une nouvelle ville sur l’axe Thiès-Notto Diobass-Fandène-Keur Moussa, entre la route nationale n°2 (RN2) et l’autoroute à péage (Ila Touba) notamment dans une partie de la forêt classée de Thiès. Avec ce projet en gestation, Thiès va faire un important bond d’urbanisme en passant de l’occupation anarchique à une urbanisation durable. Selon le ministère, cette nouvelle ville devrait recevoir dans les dix prochaines années plus de 800.000 habitants avec un potentiel d’environ 26.000 parcelles à usage d’habitation, mais également des zones d’activités planifiées permettront de recevoir près de 3000 Petites et moyennes entreprises de tout genre.
 
 
 
En effet, le Projet de nouvelle ville située au sud-ouest de la ville de Thiès et à cheval sur les communes de Thiès Ouest- Fandène-Notto Diobass et Keur Moussa fait partie des projets urbains emblématiques du Plan Sénégal émergent. Le terme «ville nouvelle» semble alors aujourd’hui revisité à la lumière de nouveaux enjeux et contextes géographiques avec la recrudescence des inondations et la sur densification de l’agglomération dakaroise. «C’est une zone à croissance urbaine rapide du fait notamment de la proximité de grandes infrastructures comme l’aéroport Aibd, la Zone économique spéciale intégrée (Zesi), le futur Port de Ndayane. Le Projet de nouvelle ville répond à cette forte croissance, corrélée à une pression foncière importante dans la zone. En effet, les terres à usage d’habitation se font de plus en plus rares à Thiès et dans certaines des communes voisines. De nombreux cas d’occupations irrégulières sont notés dans une partie de la forêt classée de Thiès se trouvant à proximité du quartier de Mbour IV (Zone Thiès Sud)», explique le ministère dans une communication sur le Projet d’aménagement et de développement d’une ville nouvelle sur l’axe Thiès-Notto Diobass-Fandène-Keur Moussa.
 
 
Anticipation sur la pression urbaine
 
 
 
Située à une cinquantaine de km de Dakar et à une dizaine de km de l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd), sur le tronçon de l’autoroute Ila-Touba, la nouvelle ville, selon le ministère, permet d’anticiper sur la pression urbaine dans cette zone en organisant l’espace et en mettant en place les équipements d’intérêts généraux et économiques capables d’accompagner l’urbanisation de cet espace très stratégique du triangle Dakar-Thiès Mbour.
Aussi, concernant le développement de quartiers irréguliers à Mbour IV, il y avait un lotissement en 2006 portant sur 82 hectares pour un total de 1689 parcelles, dont 67 hectares étaient situés dans la forêt classée de Thiès. Par la suite, des lotissements clandestins sont venus se superposer au lotissement existant entraînant des empiètements sur des parcelles d’autrui, sur des équipements et sur la voirie. «Pour faire face à cette situation d’occupations irrégulières, le président de la République, lors de la pose de la première pierre des travaux de canalisation de traitement d’eau potable de l’usine KMS3, avait demandé au gouverneur de la région de Thiès de prendre toutes les dispositions nécessaires pour affecter les terrains sur lesquels les populations de Mbour IV avaient déjà édifié leurs maisons», rappelle le ministère.
 
Une nouvelle ville
 
 
Ainsi, pour y arriver, une Commission comprenant l’ensemble des parties prenantes et présidée par le gouverneur a été mise en place. Selon le ministère dirigé par Abdoulaye Saydou Sow, à l’issue du dernier recensement effectué par ladite Commission, suivi de l’élaboration du plan de restructuration de la zone, 3309 parcelles prenant en compte les 1922 parcelles déjà occupées et à régulariser et réservant 1387 parcelles pour d’éventuelles conflits et réclamations, ont été produites. «A cet effet, la réflexion a abouti à un projet de nouvelle ville pour structurer le devenir de cet espace en proie à une urbanisation irrégulière. C’est ainsi qu’un premier projet d’aménagement a été proposé et validé avec un déclassement d’une superficie de 484 hectares de la forêt classée de Thiès dans une perspective de régularisation des occupants de Mbour IV (cf. décret 2022-1441 du 25 juillet 2022 et décret 2022-1442 du 25 juillet 2022)», expliquent les services de Abdoulaye Saydou Sow, selon qui cette phase d’aménagement et de développement d’une nouvelle ville compte trois objectifs principaux. 
Il s’agit d’abord de restructurer et de régulariser la zone en voie d’occupation intense sur 135 ha ; ensuite de créer l’extension de la Zac de Nord Thiès pour avoir une trame urbaine équilibrée et bien planifiée de la ville de Thiès entre le Nord et le Sud, sur 176 ha et enfin de planifier et d’équiper les extensions des communes de Thiès Ouest, de Notto Diobass et de Fandène sur une superficie de 173 ha.
Cependant, ajoute le document, afin d’éviter de repousser les occupations irrégulières à la périphérie du Projet de nouvelle ville et recréer les conditions d’une bidonvilisation intense autour de cette zone, un Plan d’aménagement global de la partie Nord de la Foret classée de Thiès a été proposé en rapport avec les services du ministère de l’Environnement (Cf. décret n°2023-266 DU 03 février 2023 et décret n°2023-267 du 03 février 2023)
En effet, ce plan d’aménagement a permis de prendre les préoccupations majeures pour une maitrise globale du développement urbain de cette zone. «Il s’agit notamment de la mise en place de grands équipements structurant comme une gare des gros porteurs, une gare interurbaine, une zone d’activités économiques et commerciales, un centre d’affaires, un grand marché à bétail, une zone moderne d’exposition et de vente de véhicules, un site moderne de recasement des mécaniciens et des artisans, un cimetière national musulman, un cimetière national chrétien, des complexes sportifs, des zones d’hôtels, un site pour le projet 100.000 logements, un parc forestier urbain, Un hippodrome national, une fourrière et une casse automobile moderne, une extension de l’Université de Thiès, un stade municipal, un centre national de la gendarmerie et le nouveau cantonnement de la police nationale ainsi que plusieurs équipements de proximité comme les écoles, les lycées et collèges, les équipements de santé, les équipements sportifs, les équipements cultuels et religieux. Ces équipements représentent 26% du programme d’aménagement », détaille le document, résumant que cette nouvelle ville devrait recevoir dans les dix prochaines années plus de 800.000 habitants avec un potentiel d’environ 26.000 parcelles à usage d’habitation avec une prééminence des constructions en hauteur qui devra produire environs 110.000 logements et appartements de toutes catégories. L’Habitat représente 39% du programme d’aménagement.
L’autre chose à savoir sur ce programme d’envergure, c’est que les zones d’activités planifiées permettront de recevoir près de 3000 Petites et moyennes entreprises de tout genre sur un aménagement global de 300 ha environ, avec une préservation de l’environnement urbain par l’aménagement de coulées vertes, de zones agricoles et de bandes vertes de protection sur 1120 ha soit 14% du programme d’aménagement. De même, les grands équipements ainsi que les équipements de proximité représenteront dans cette ville nouvelle 1102 ha soient 26% du programme d’aménagement. «Il est également envisagé sur une voie structurante d’emprise de 200 mètres, de prolonger le Ter jusqu’à cette nouvelle ville pour ensuite créer un embranchement avec le chemin de fer existant pour permettre une desserte en boucle Dakar-Aibd-Thiès-Dakar. Les Voiries et réseaux divers (Vrd) représentent 21% du programme d’aménagement. L’aménagement de grands projets d’infrastructures dans l’axe Diamniadio-Thiès Ville Nouvelle et Aibd reste dans l’optique de desserrement des activités et d’un redéploiement métropolitain vers de nouveaux pôles de développement pour maitriser la réalité urbaine émergente dans cette zone », assure le ministère. Et d’ajouter pour finir qu’une ville nouvelle, une ville neuve ou ville planifiée est une ville, ou un ensemble de communes, qui naît généralement d’une volonté politique, et qui se construit peu à peu sur un emplacement auparavant peu ou pas habité. «Ces projets permettent des modes d'aménagement nouveaux, souvent marqués par les réflexions sur la ville sénégalaise d’aujourd’hui déclinée dans le Plan Sénégal émergent», conclut Adoulaye Sow.
 
 
 
Sidy Djimby NDAO
 
 
 
 
 
 
 
 
LES ECHOS

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