Jour de vérité aujourd'hui, jeudi 1er juin 2023 pour le leader de Pastef/Les Patriotes Ousmane Sonko. C'est ce matin que le juge de la chambre criminelle de Dakar va statuer sur cette affaire Sweet Beauté. Le 23 mai 2023 dernier, jour du procès, le procureur avait requis 10 ans de réclusion criminelle pour viol et menaces de mort présumés que lui reproche l'ex-masseuse Adji Sarr. À défaut de condamner le maire de Ziguinchor pour ces faits, le ministère public avait demandé la disqualification des faits en corruption de la jeunesse en lui infligeant une peine de prison ferme de 5 ans assortie d'une amende de 2 millions F Cfa.
Pour ce qui est de la patronne du salon de massage, Ndèye Khady Ndiaye, il avait requis 5 ans de réclusion criminelle pour complicité de viol et 1 an de prison ferme pour incitation à la débauche et publication d’écrits contraires aux bonnes mœurs. Cette sentence est aussi assortie d'une amende de 100.000 F Cfa ainsi que le retrait de sa licence.
La partie civile Adji Sarr, ayant comparu seule avec son ex-patronne Ndèye Khady Ndiaye, avait par le biais de ses avocats réclamé la somme de 1,5 milliard à titre de dommages et intérêts. «Pourquoi cette somme ? C'est parce qu'il y a eu un préjudice matériel. La femme n'a que son hymen et qui ose donc l'ouvrir doit être châtié. Mettez-le hors d'état de nuire, Ousmane Sonko, cet énergumène. Nous demandons l'exécution provisoire et la contrainte par corps au maximum», a plaidé Me El Hadji Diouf. Sa cliente, l’accusatrice de Ousmane Sonko, avait devant la chambre criminelle cité les massages "érotiques", (body-body, jacuzzi accompagné etc.) que le salon Sweet Beauté proposait à la clientèle. Elle soutenait aussi que Ousmane Sonko réclamait le massage tonifiant à chaque fois qu'il venait dans cet institut. Poursuivant, Adji Sarr a confié avoir été violée à maintes reprises par ce dernier.
Pour sa part, Ndèye Khady Ndiaye a non seulement contesté les faits qui lui sont reprochés, mais aussi les types de massages dont Adji Sarr a fait étalage devant le prétoire. Même si elle a tenté de disculper Ousmane Sonko, elle a néanmoins reconnu que ce dernier fréquentait son salon depuis 2019. Période où, d'après elle, l'homme politique n'était pas trop connu. «Il se faisait masser assis à chaque fois qu'il venait. Il pouvait se masser et repartir sans pour autant que les filles le reconnaissent. Même moi je ne le reconnais pas parce qu'il n'était pas connu à l'époque. Il ne m'appelait que sur mon numéro fixe», lance-t-elle.
Son autre employée Seynabou Ngom, entendue en qualité de témoin, a expliqué que tous les clients qui fréquentaient l’institut étaient nus au moment des séances. L'ex-capitaine Seydina Oumar Touré, dans sa déposition, a soutenu que dans la cabine de massage où le viol aurait eu lieu, il avait découvert des jeux de lumière, une table de massage, un jacuzzi. Le gendarme précisait que ce qui l'intéressait dans cette affaire, c'était de voir si la cabine de massage était hermétique pour pouvoir constater si on pouvait violer quelqu'un là-bas. Le docteur qui avait consulté Adji Sarr, Alfousseyni Gaye, avait indiqué qu'il y a eu dans son vagin la présence de spermatozoïdes confirmés par le laboratoire, mais qu'il n'avait pas la certitude qu'ils étaient morts ou vivants. L'homme de l'art avait aussi affirmé que Adji Sarr n'avait pas d’égratignures, ni de signes de détresse lorsqu'elle s'était présentée à lui. Sidy Ahmed Mbaye avait quant à lui révélé que Adji l'a appelé pour l'informer des assauts sexuels qu'elle subissait de la part de Ousmane Sonko. Ce, avant qu'elle ne revienne pour lui annoncer que ce dernier avait éjaculé sur elle.
Fatou D. DIONE