PRIX HOUPHOUËT BOIGNY DECERNE A ANGELA MERKEL: Macky Sall représentant de Abdou Diouf parrain



 
«Ce prix Félix Houphouët-Boigny est un appel au dépôt des armes ; un appel à la paix et au vivre ensemble»
 
La capitale Ivoirienne a reçu plusieurs hôtes hier venus assister à la remise du prix de l’ancien Président ivoirien, Houphouët-Boigny. Un prix décerné à l’ex-chancelière allemande Angela Merkel, qui a reçu hier le prix de l’Unesco pour la recherche de la paix. Mme Merkel a ainsi été récompensée pour son action dans l’accueil massif de réfugiés par l’Allemagne en 2015. Venu représenter le Président Abdou Diouf, empêché, le Président Macky Sall a hautement salué le choix fait par l’Unesco.
 
 
Quelque 2000 personnes étaient conviées à la remise du prix Félix Houphouët-Boigny créé en 1989 et qui a récompensé par le passé Nelson Mandela, Yasser Arafat, Yitzhak Rabin, Lula ou encore François Hollande. Pour cette édition, l’Unesco a porté son choix sur l’ancienne chancelière allemande, Angela Merkel. «Le jury a voulu distinguer la décision courageuse prise en 2015 d’accueillir plus d’un million de réfugiés (…) quand, au même moment, tant de voix appelaient à clôturer l’Europe. Vous avez été, à ce moment-là, la vision du courage en politique», a déclaré Audrey Azoulay, la Directrice générale de l’Unesco, lors de la remise du prix.
Pour rappel, en 2015 et 2016, Mme Merkel, qui a dirigé l’Allemagne pendant 16 ans, avait accueilli plus de 1,2 million de réfugiés et demandeurs d’asile, au pic de la crise des migrants notamment alimentée par la guerre en Syrie. «Nonobstant l’hostilité de l’opinion publique, vous avez pris la décision d’ouvrir les frontières allemandes aux réfugiés fuyant les zones de conflit. Vous avez rappelé à tous les dirigeants du monde leur devoir de solidarité envers tous les êtres humains», a souligné de son côté le Président ivoirien Alassane Ouattara.
Prenant la parole Angela Merkel, elle, estime que «respecter, préserver, partager les droits humains, c’est la mission de chacun d’entre nous. Nous avons décidé qu’il était nécessaire de respecter ces principes dans notre politique migratoire. Cela n’a été possible que parce que nombre de personnes se sont retroussé les manches sur le terrain».
Le Président Macky Sall a lui aussi pris part à la cérémonie en représentant l’ancien Président sénégalais Abdou Diouf, parrain du prix. C’est en remerciant le Président Ivoirien que ce dernier précise : «en répondant à votre invitation, je suis également venu m’acquitter d’un agréable devoir que m’a confié mon illustre prédécesseur, le Président Abdou Diouf, parrain du Prix Félix Houphouët-Boigny de l’Unesco. Le Président Diouf, empêché, m’a demandé de le représenter pour témoigner de son attachement indéfectible à la mémoire du Président Félix Houphouët-Boigny et à l’œuvre de paix et d’entente cordiale qu’il a incarnée toute sa vie durant», a-t-il fait savoir.
 
Macky Sall : «Angela Merkel connaît le coût de la guerre, le prix de la paix et la vertu de la liberté»
 
Le Président Macky Sall est revenu sur le contexte mondial entaché de conflits et de guerres. Avant de féliciter la chancelière Angela Merkel du choix qui a été porté sur sa personne. «Alors, en ces temps si troubles et si incertains, où s’effilochent les valeurs d’humanité et où le murmure de la paix peine à percer le vacarme de la guerre, nul endroit n’est mieux indiqué que Yamoussoukro pour amplifier et faire entendre le message de Félix Houphouët-Boigny. C’est sans doute ce qu’a voulu traduire le jury, en portant son choix sur une citoyenne allemande, qui connaît le coût de la guerre, le prix de la paix et la vertu de la liberté», dit-il avant d’ajouter : «Madame la Chancelière, chère Angela, au nom du parrain, je dis que vous méritez ce prix qui porte le prestigieux nom d’un humaniste comme vous. Vous méritez ce prix pour votre parcours de citoyenne d’un pays qui a pu surmonter les ravages de la guerre et de la division, faire la paix, réunifier son peuple et continuer son rayonnement de vieille terre de culture et de civilisation».
 
 
«En temps de guerre, l’appel à la paix est généralement peu entendu»

 
 
 
Le Président Macky Sall estime que l’ancienne chancelière allemande mérite ce prix pour «son œuvre de femme d’Etat avisée, qui a toujours su cultiver le dialogue et le compromis, en ayant le sens des enjeux et la vision d’un monde plus humain, plus solidaire et plus accueillant». C’est pourquoi, souligne-t-il, le Prix Nansen 2022 du Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés lui a été attribué, parce qu’elle avait ouvert, quelques années plus tôt, les portes de son pays à plus d’un million de réfugiés, hommes et femmes de tous âges, fuyant la misère de la guerre. «Poser un tel acte de compassion et de courage, au moment où d’autres se barricadent derrière des frontières hermétiques, c’est rappeler au monde que le droit d’asile est d’essence universelle, et que l’humanité a un destin commun», magnifie le chef de l’Etat.
Le Président Macky Sall d’appeler à un dégel à travers le monde pour stopper les conflits. «Hélas, en temps de guerre – et nous sommes en temps de guerre -, l’appel à la paix est généralement peu entendu. C’est pourquoi il faut le répéter tant que tonne le bruit macabre du canon ; tant que la terre est gorgée du sang des innocents ; tant que coulent les larmes des veuves et des orphelins, et que le deuil continue de hanter la quiétude des familles. C’est dire que loin d’un simple rituel, cette cérémonie de remise du prix Félix Houphouët-Boigny est un appel au dépôt des armes ; un appel à la paix et au vivre ensemble, en Afrique et ailleurs», dit-il.
 
Ndèye Khady DIOUF
 
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