Pour une très longue durée, le cultivateur de 52 ans, Madiama Cissé, risque de rester loin de ses activités. Il encourt 10 ans de travaux forcés, devant la Chambre criminelle de Dakar où il a été renvoyé hier pour trafic de chanvre indien. Cet accusé qui a été trouvé en 2017 à Rufisque avec 50 kilos de yamba, a confié au juge avoir tourné le dos à son commerce de piments secs et de citrouilles pour le trafic de drogue qui est plus lucratif. Délibéré le 4 mars prochain.
Cultivateur de son état, Madiama Cissé, qui moisit en prison depuis plus de 3 ans pour trafic de chanvre indien, risque gros devant la Chambre de Dakar, où il a été renvoyé hier. Car, si le juge Dembélé suit le procureur qui a requis 10 ans, cet homme âgé de 52 ans risque de croupir en prison 7 ans durant. En effet, courant 2017, les éléments des investigations criminelles avaient reçu une information sur un réseau d’intense trafic de drogue à Rufisque, au quartier Arafat. Ainsi, ils ont placé un dispositif de filature pour mettre aux arrêts Madiama Cissé. Pour y parvenir, les agents enquêteurs infiltrés lui ont commandé 2 kilos de chanvre indien. Madiama Cissé qui ne se doutait de rien a mordu à l'hameçon. Ainsi, il a remis lesdits kilos de yamba à son petit-frère Fana Fall qui devait convoyer la drogue et la livrer aux enquêteurs. Ces derniers l’ont alors arrêté avant qu'il ne les conduise auprès de Madiama, qui a été arrêté à son tour. Perquisition faite chez lui, les agents ont trouvé 48 kg de yamba dans sa chambre, en plus des 2 kilos qui ont été saisis auparavant. Ce qui fait un total de 50 kilos en plus des 2 téléphones portables.
Madiama Cissé explique le circuit de ravitaillement
Soumis à un interrogatoire, Madiama Cissé a reconnu les faits de trafic qui lui sont imputés tout en expliquant le procédé par lequel il convoyait ce produit illicite. Mais, les investigations ont permis de relever que son frère Fana Fall n'était pour rien dans cette activité délictuelle et il a été libéré. Après plus de 3 ans de détention préventive, il a, à l'entame de son propos, essayé de contester la quantité de drogue que les agents ont mentionnée sur procès-verbal et qu'ils ont dit avoir trouvée dans sa chambre. «Le client avait commandé 3 kg de yamba. C'est 8 kilos qui ont été trouvés chez moi et non 50 comme l'ont indiqué les enquêteurs», précise l'accusé qui a donné plus de précisions sur le transport de sa marchandise depuis son lieu de ravitaillement. «Mon fournisseur s'appelle Apaye Bodian et il est établi en Casamance dans le village de Djilis au sud. Après avoir embarqué la drogue depuis la Casamance, elle passe par la Gambie où je payais 100.000 F pour qu'elle puisse être transportée par bus puis acheminée à Mbour. De là-bas, je louais les services d'un taximan à qui je payais 40 ou 50.000 F pour le transporter à Rufisque. Il m'a vendu le kilogramme à 40.000F. Quant à moi, je le revendais à 80.000 F», dit Madiama Cissé, qui souligne qu'il était à sa deuxième opération et non à sa sixième comme l'ont consigné les policiers sur Pv. S'agissant du montant de 38 mille F que les agents ont dit avoir trouvé sur lui, l'accusé l'a récusé avec véhémence avant d'alléguer que c'est une somme de 3 millions.
Les aveux circonstanciés de Madiama Cissé
Madiama Cissé a ouvertement révélé à la Chambre qu'il est un trafiquant invétéré qui a tiré une bonne partie de ses revenus de cette activité illicite. «Concernant la somme qui a été retrouvée, cela résulte de mon activité de commerce de piments secs et de citrouilles que je faisais au marché Sandika de Pikine. Aussi, une partie de cet argent provient du trafic de drogue que je faisais. J'avoue que c'est le trafic de chanvre qui est plus rentable que la vente de piments dans laquelle je m'activais. Je voulais de l'argent et c'est la raison pour laquelle je me suis tourné vers le trafic de yamba», déclare l'accusé qui a cité le nommé Soki établi aux Parcelles Assainies comme étant l'un de ses clients.
Le procureur requiert 10 ans de travaux forcés
Les faits étant constants, le procureur a requis 10 ans de travaux forcés contre lui assortis d'une amende de 500.000 F. «J'estime qu'il est coupable de trafic de drogue. La détention ne fait l'ombre d'aucun doute. Concernant le trafic, il a reconnu et la quantité saisie démontre qu'elle était destinée à la commercialisation et non pour sa consommation personnelle. Il faut durcir la peine parce que c'est un professionnel qui n'est pas conscient. Et il est en train de mettre en danger la santé des citoyens, vu que la consommation de la drogue est la base des agressions et des personnes qui ont perdu leurs facultés mentales», a fait remarquer le ministère public. La défense quant à elle, a demandé au juge la disqualification des faits de trafic en offre et cession en vue de la consommation personnelle et de lui faire une application bienveillante de la loi. Délibéré le 4 mars 2020.
Fatou D. DIONE