POURSUITE DE L’ENQUETE SUR LA MORT DE FRANCOIS MANCABOU: Le procureur ouvre une information judiciaire et confie le dossier au juge du 2ème cabinet



 
La justice n’en a pas encore fini avec l’affaire François Mancabou. Les parents de ce dernier peuvent garder espoir que la mort de leur fils pourrait être élucidée. En tout cas, le procureur de la République, manifestement, est dans cette lancée. Le chef du parquet, qui a reçu le rapport de la police, veut vraiment tirer cette affaire au clair. Il a ouvert une information judiciaire, confiant le dossier au juge d’instruction du deuxième cabinet. Ce dernier est chargé de chercher la cause du décès.
 
 
 
Les résultats de l’expertise, dans l’affaire François Mancabou, avaient conclu à une mort causée par une «fracture du rachis cervical ayant entrainé des complication neurologique». Néanmoins, la police a été chargée de faire son enquête et de déposer son rapport sur la table du procureur. Cela a été fait, depuis le mois d’août. Le journal «Les Echos» a appris que le procureur de la République veut aller plus loin. Il tient en effet, nous informe-t-on, à éclairer davantage cette affaire. Le chef du Parquet a ouvert une information judiciaire en confiant le dossier au juge d’instruction du deuxième cabinet. Dans son réquisitoire introductif par lequel il a saisi le juge Mamadou Seck, le ministère public a demandé de rechercher les causes du décès. L’enquête devrait porter non pas sur l’aspect médical, mais plutôt sur les responsabilités. Faut-il le rappeler, le Parquet avait soutenu détenir une vidéo dans laquelleFrançois Mancabou se jetait délibérément sur les grilles du lieu de rétention et sur le mur. Le maître des poursuites cherche probablement à éclairer tout cela.
Il est clair que la famille de feu François Mancabou souhaite vivement que justice soit rendue. Les parents du défunt sont convaincus qu’il y a la responsabilité des policiers et même le personnel médical a été soupçonné de négligence. La thèse du suicide ne convainc pas. Les membres de la famille soutiennent mordicus que leur fils n’avait aucune tendance suicidaire. L’enquête confiée cette fois au magistrat instructeur permettra certainement d’élucider cette affaire.
Pour rappel, François Mancabou a été arrêté après les manifestations de mars dernier. Le procureur avait mis la main sur un groupe d’individus soupçonnés de faire partie du mouvement appelé «Forcesspéciales» qui avait des intentions terroristes et qui voulait mettre le feu au pays en commençant par brûler le poste électrique de la Senelec. Les membres du groupe ont été inculpés et placés sous mandat de dépôt, à l’exception de François Mancabou qui avait des problèmes de santé et qui a été conduit à l’hôpital Principal.
A ce moment là, il avait déjà des problèmes au niveau du rachis cervical mais l’hôpital l’a laissé retourner au commissariat sans lui mettre de minerve, si l’on en croit sa famille. C’est par la suite qu’il a été conduit à nouveau à l’hôpital étant donné que son état de santé empirait. Pour la famille, c’est la police qui l’a torturé et l’hôpital a été négligent.
Quoi qu’il en soit, François Mancabou ne se remettra jamais de sa maladie puisqu’il va rendre l’âme, le 13 juillet dernier. Suffisant pour attiser la colère de la famille. Peut-être pourrait-elle se consoler de l’enquête ouverte devant le magistrat instructeur.
 
 
Alassane DRAME
 
LES ECHOS

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