La tête de liste de Pastef et Premier ministre du Sénégal a profité de son meeting à Ziguinchor vendredi pour évoquer, pour la première fois, l’affectation du général Souleymane Kandé à New Delhi en Inde. Ousmane Sonko a assuré que cette affectation du général n’a rien à voir avec la question casamançaise. «C’est plutôt la suite logique d’un rapport que nous avons trouvé sur place et qui faisait état de forces qui voulaient empêcher l’installation au pouvoir du Président Bassirou Diomaye Faye», a fait savoir Ousmane Sonko. Le patron de Pastef a promis que «quiconque continue d’instrumentaliser cette affaire va pourrir en prison pour atteinte à la sûreté de l'Etat».
Accueilli en héros dans son fief de Ziguinchor vendredi, dans le cadre de sa campagne électorale pour les élections législatives du 17 novembre prochain, Ousmane Sonko a profité de l’occasion de sa venue dans la grande ville du sud du pays pour aborder la question casamançaise. En effet, lors de son grand meeting au Terrain Harlem de Lyndiane, Ousmane Sonko a évoqué la question du conflit en Casamance. «Nous sommes en train de travailler pour un retour définitif de la paix en Casamance», a déclaré Ousmane Sonko.
Poursuivant son speech à l’allure d’un réquisitoire, Ousmane Sonko aborde l’affectation du général Souleymane Kandé à New Delhi en Inde, qui avait fait couler beaucoup d’encre, suscitant une polémique et des débats sur les médias. Dénonçant ce qu’il qualifie de «tentatives d’instrumentalisation de cette décision militaire à des fins politiques», le Premier ministre a émis des mises en garde sur la question, avertissant d’une manière on ne plus claire ceux qu’il appelle des «apprentis politiciens» qui exploitent la question casamançaise. «Je voudrais mettre en garde ces apprentis politiciens qui s’agrippent au problème de la Casamance pour avoir de la matière politique. Ils ont parlé du général Kandé en estimant qu’il a fait un travail remarquable en Casamance et qu’il a été sanctionné. Je les préviens. Les questions qui relèvent de la sécurité nationale sont non négociables. Ils n’ont qu’à répéter ce qu’ils avaient dit pour voir s’ils n’iront pas en prison», avertit le Premier ministre Ousmane Sonko.
Ousmane Sonko de préciser que cette destitution du général est faite suite à un rapport relatif à certaines manigances dans le but de saboter la dernière élection présidentielle. «C’est plutôt la suite logique d’un rapport que nous avons trouvé sur place et qui faisait état de forces qui voulaient empêcher l’installation au pouvoir du Président Bassirou Diomaye Faye», a fait savoir Sonko, affirmant que «ceci n’a rien à voir avec le conflit casamançais».
«Ce livre ne sera ni autorisé ni commercialisé au Sénégal»
Autre polémique abordée par Ousmane Sonko lors de ce meeting, celle née de l'ouvrage «L'idée de la Casamance autonome : Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal». Ousmane Sonko, qui soupçonne des intentions cachées de la France, s'en est violemment pris à l’autrice du livre. Il a en effet invité l'historienne et chercheuse française Séverine Awenengo Dalberto «à écrire sur la Corse ou la Nouvelle Calédonie qui demandent à s’émanciper de la France». En tout état de cause, il a dit à qui veut l’entendre que ce livre ne sortira pas au Sénégal. «J'en ai discuté avec le président de la République et ce livre-là, personne n'en fera la promotion ici au Sénégal. Ce livre ne sera ni autorisé ni commercialisé au Sénégal», a déclaré le Premier ministre lors de ce meeting. Mais s’il en est ainsi, c’est que le Premier ministre voit dans cette publication des intentions cachées, alors que, dit-il, la France avait déjà clarifié la question de l'appartenance totale et intégrale de la Casamance au Sénégal, dans les années 1990, avec Jacques Charpy. «Puisqu'ils ne peuvent pas revenir sur leur témoignage et ne peuvent plus parler d'indépendance, ils glissent sur la notion d'autonomie», dénonce-t-il. Et d’ajouter : «si cette Française veut écrire, elle n'a qu'à aller écrire sur la Corse ou la Nouvelle Calédonie qui demandent leur indépendance à la France… Nous sommes un État unitaire. Du nord au sud, de l'est à l'ouest, les mêmes réalités vont s'appliquer sur chaque portion du territoire national», a tranché le chef du gouvernement sénégalais.
Poursuivant, Ousmane Sonko dit à la France ce que le Sénégal attend d’elle. «Si la France veut nous donner des archives, elle n’a qu’à nous donner les archives de ses exécutions sommaires au Sénégal pendant la colonisation, des guerres qu’elle a menées ici, des tortures qu’elle a menées, des travaux forcés, des archives de Thiaroye 44, mais pas des archives sur une prétendue autonomie de la Casamance», a martelé le Premier ministre.
Face à cette polémique, l'auteure Séverine Awenengo Dalberto s'est défendue en assurant que son « travail est strictement historique » et qu'il « ne vise aucunement à rouvrir les fractures ». Une réponse qui n'a visiblement pas convaincu le chef du gouvernement.
A signaler que l’Alliance pour la République, parti au pouvoir jusqu’à la présidentielle de mars dernier, avait aussi protesté dans un communiqué contre la publication d’un ouvrage qui «remet en question les acquis» sur la paix en Casamance et est «dangereux» pour l’unité nationale.
Sidy Djimby NDAO