L’Alliance pour la transparence des élections qui regroupe près de 70 formations politiques a, dans un communiqué, mis en garde le pouvoir en place contre toute démarche solitaire concernant le cadre électoral, qui risquerait de compromettre sérieusement la stabilité politique de notre pays. En effet, à travers ce cadre, les membres engagent le combat pour un processus électoral concerté, consensuel et équitable. A défaut, ils exhortent le peuple à se mobiliser et à se tenir prêt à participer massivement aux actions de lutte qui seront entreprises en cas de nécessité.
Au lendemain de la publication de la date des élections législatives par le président de la République après la dissolution de l’Assemblée nationale, un nouveau cadre est né dénommé Alliance pour la transparence des élections (Atel) pour veiller sur le bon déroulement du processus électoral. Cette nouvelle initiative regroupe, pour une première vague de signataires, 68 personnalités politiques à travers leurs formations politiques en attendant d’autres signataires. Il s’agit, en l’occurrence de Amadou Ba Nouvelle responsabilité, Idrissa Seck Rewmi, Aminata Mbengue Ndiaye Ps, Khalifa Sall Taxawu Sénégal, Anta Babacar Ngom Arc, Aïssata Tall Sall Oser l’avenir, Thierno Bocoum Agir, Abdoulaye Baldé Ucs, Ibrahima Hamidou Dème Etic, Pape Diop Bokk Gis-Gis, Bougane Guèye Gueum sa Bopp, Mamadou Massaly Unr, Aly Ngouille Ndiaye coalition Aly 2024, Hélène Tine Mset, Moussa Tine Ad Pencoo, etc. En effet, les signataires veulent s’inscrire dans cette tradition d’organisation paisible des élections avec des résultats acceptés par tous. A les en croire, le pilier fondamental de cette expérience réside dans le principe de la concertation à chaque étape du processus électoral pour forger des consensus sur les questions cruciales, depuis l'évaluation du précédent scrutin jusqu'à la proclamation des résultats du nouveau scrutin.
Aucune concertation depuis la présidentielle
Ce rappel, de l’avis des signataires, est le fondement de la tradition électorale du Sénégal, mondialement reconnue comme un modèle à suivre. « Rien ne peut justifier une atteinte à cette longue tradition de concertation et de consensus. Or, nous observons avec un profond regret que depuis l'élection présidentielle, aucune concertation n'a été initiée à ce jour. Il est pourtant impératif et urgent que cela soit fait », fulminent les signataires qui rappelle au terme de l’article 4 de la Constitution que l’organisation d’un scrutin n’est pas l’apanage du seul parti ou de la coalition au pouvoir. « La Constitution exige l’implication de toutes les parties prenantes. Ainsi, les partis politiques et les organisations de la société civile, qui agissent pour la transparence du processus électoral, ne peuvent tolérer que le refus de la concertation ouvre la voie à l'opacité et à la fraude, permettant ainsi de fausser l'expression des citoyens et de confisquer le pouvoir législatif au bénéfice d’intérêts partisans. Laisser libre cours à cette stratégie destructrice sous fond de populisme, c’est tolérer que les acquis démocratiques, obtenus parfois au prix de vies humaines, soient remis en cause », chargent les membres de l’Atel qui ont décidé de conjuguer leurs efforts pour faire face à toute tentative de remise en cause des acquis démocratiques de notre pays.
Le peuple invité à la lutte pour préserver les acquis démocratiques
Poursuivant, l’Atel exhorte le peuple sénégalais à se mobiliser et à se tenir prêt à participer massivement aux actions de lutte qui seront entreprises en cas de nécessité, pour la préservation de ces acquis démocratiques. « Ensemble, nous engagerons le combat pour un processus électoral concerté, consensuel et équitable, digne du Sénégal et de son prestige parmi les nations démocratiques », martèlent les signataires qui invitent, dans la foulée, le chef de l’Etat à convoquer sans délai, en rapport avec la Direction générale des Élections (Dge) et toutes les parties prenantes, le processus habituel de discussions afin d'aborder, en particulier, les défis découlant de l'anticipation des élections législatives. Il convient de noter que toute initiative prise hors de ce cadre, disent-ils, constituerait une violation flagrante de l'article 2 du Protocole additionnel de la Cedeao sur la Démocratie et la Bonne gouvernance, qui requiert le consensus d'une large majorité avant toute modification de la législation électorale dans les six mois précédant un scrutin.
Mise en garde contre toute démarche solitaire de l’Etat
Selon les signataires, il est impératif d'examiner sans délai, de manière concertée et consensuelle, les nombreux défis, notamment l'impossibilité de bénéficier du délai de 150 jours prévu dans le code électoral pour la collecte et de 85 jours pour le dépôt des parrainages (articles L57, L175 et L176). En plus, depuis le 25 février 2024, plus de quatre cent mille jeunes ont atteint l’âge de la majorité et doivent être inscrits sur les listes électorales. Il en va de même de la répartition des sièges entre les départements dans le scrutin majoritaire selon le critère objectif du nombre d’habitants et le nombre de sièges à pourvoir via le scrutin proportionnel, à l’échelle nationale, au regard du recensement de la population en 2023. « Nous mettons en garde le pouvoir en place contre toute démarche solitaire concernant le cadre électoral, qui risquerait de compromettre sérieusement la stabilité politique de notre pays. Au-delà des élections législatives, d’autres sujets nécessitent tout autant un dialogue entre les forces vives de la Nation. Les réformes institutionnelles ayant fait l’objet de consensus confirmé par le résultat de la dernière élection présidentielle devraient être mises en œuvre, sans tarder », tranchent les membres de l’Atel.
M. CISS