Si les réquisitions du procureur Saliou Ngom sont appliquées à l’encontre de l’accusé Cheikh Diop, il purgera 20 ans de travaux forcés pour le crime d’assassinat pour lequel il a comparu, hier, devant la Chambre criminelle de Dakar. Pour obliger son locataire Djiby Guissé à quitter son domicile, sis au quartier Darou Salam, le 30 mai 2014, ce quinquagénaire lui avait asséné un coup de barre de fer à la nuque, l’a trainé par les pieds sur la terrasse et l’a jeté dans le vide. Il sera édifié sur son sort le 5 février prochain.
Pour expulser son locataire, le bailleur Cheikh Diop, au lieu d’enclencher une procédure devant le juge des référés, comme le veut la loi, a préféré se faire justice lui-même. Pour l’obliger à quitter sa maison, il a tout bonnement tué sa victime, afin de se débarrasser de lui. Sur la genèse des faits, il a résulté de l’ordonnance de renvoi que Djiby Guissé, qui logeait au premier étage, avait un différend avec son bailleur Cheikh Diop et ce dernier voulait qu’il déménage. Ce faisant, il y a eu des échanges de propos aigres-doux entre le bailleur et le locataire. N’empêche, la victime a refusé de vider les lieux. En guise de première représaille, le propriétaire de la maison Cheikh Diop coupe l’électricité de Djiby Guissé. Malgré cela, Djiby Guissé est resté dans la maison.
Cheikh Diop surprend Djiby Guissé, l’assomme, traîne son corps et le jette
Le bailleur Cheikh Diop décide alors d’employer la méthode forte. Ainsi, dans la matinée du 30 mai 2014, ayant attendu que la maison se vide, Cheikh Diop a surpris Djiby Guissé qui préparait son petit-déjeuner dans sa chambre et l’a assommé d’un coup de barre de fer à la nuque. Puis, le tenant par les pieds, il l’a trainé de sa chambre jusqu’à la terrasse, avant de le projeter dans le vide. Le corps est tombé sur la dalle de la fosse septique.
Il menace de tuer le témoin
Comme un crime n’est jamais parfait, il y a eu un témoin oculaire des faits, en l’occurrence la nommée Fama Savané. Mais, celle-ci a été menacée par le présumé assassin, qui lui a intimé l’ordre de fermer le clapet, sous peine de perdre sa vie si toutefois elle parlait de ce crime ignoble à un tiers.
Informés finalement qu’un individu a été grièvement blessé au quartier Darou Salam, les limiers, qui se sont dépêchés sur les lieux du forfait, ont, lors de leurs constatations, trouvé dans la chambre de la victime du sucre, du lait, une théière et une bonbonne de gaz. Aussi, il y avait des traces de sang sur le sol de ladite pièce, jusque sur la terrasse, c’est-à-dire l’endroit où il a été projeté. Mais, la victime, qui respirait encore, était inerte et allongée sur le sol. Conduite à l’hôpital, c’est le lendemain de son agression qu’il a rendu l’âme.
Interrogé sur les faits, Cheikh Diop a déclaré à la police s’être battu avec son locataire, qui lui a donné un coup de tête avant qu’ils n’atterrissent sur la terrasse d’où ils sont tous les deux tombés. Mais sa version est vite contredite par Fama Savané, qui a déclaré l’avoir vu pousser la victime du haut de la terrasse.
L’accusé nie, le témoin des faits l’enfonce
Ce dernier, inculpé pour assassinat, a été placé depuis 4 ans en détention préventive, avant qu’il ne comparaisse, hier, devant la Chambre criminelle de Dakar. Face au juge, Cheikh Diop a voulu s’en tirer en décrivant sa victime comme quelqu’un de problématique. «Ce que Fama a dit n’est pas vrai. C’est la brique à côté de laquelle nous étions qui a cédé et nous sommes tombés», s’est-il défendu.
En sanglots et face au juge, Fama Savané a décrit la scène du crime qui s’est déroulé sous ses yeux. «Ce matin-là, avant que je ne parte à l’école, je les ai entendus se disputer depuis la terrasse. Vu que j’avais oublié mon cahier, j’y suis retournée et c’est là que j’ai vu Cheikh Diop qui a coincé Djiby Guissé contre le mur avant de le jeter dans le vide en le tenant par les jambes. C’est là qu’il a menacé de me tuer une fois sorti de prison si je le dénonçais. Et c’est ce qui me fait peur jusqu’à présent», l’enfonce-t-elle.
L’épouse du défunt d’ajouter que c’est le cou de son mari qui est brisé, sans oublier les blessures qui se trouvaient sur sa tête, avec ses oreilles déchiquetées.
La partie civile réclame 100 millions
Pour la défense des intérêts de la victime, Me Abdoulaye Sène a réclamé 100 millions F pour ses 3 enfants et le reste de sa famille. Dans sa plaidoirie, Me Sène a martelé que l’accusé a attenté de manière volontaire à la vie de son client, qui était selon lui presque un handicapé. «C’est un homicide volontaire. Il y a préméditation, ce qui est une circonstance aggravante. Il a utilisé une méthode barbare pour le faire sortir de la maison et il voulait l’éliminer de manière sauvage. Il mérite d’être puni sévèrement», a martelé Me Sène.
Dans le même sillage, le procureur Saliou Ngom, convaincu de la thèse de l’assassinat, a souligné que l’accusé a visé un endroit sensible du corps à savoir la nuque. Sur la peine, le parquetier a sollicité 20 ans de travaux forcés, parce que, selon lui, aucune condamnation pénale et pécuniaire ne saurait effacer la douleur ressentie par la famille du défunt. Pour la défense, Me Ousseynou Ngom a rétorqué qu’aucun élément du dossier ne prouve que son client a eu l’intention de donner la mort. Sur ce, la robe noire a souhaité la disqualification des faits en homicide volontaire, si les éléments du dossier ne militent pas en ce qu’il bénéficie d’un acquittement pur. «Si la Chambre n’est pas convaincue, elle n’a qu’à retenir à son encontre le délit de coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner», dit-il. Le délibéré est fixé au 5 février 2019.
Fatou D. DIONE
Pour expulser son locataire, le bailleur Cheikh Diop, au lieu d’enclencher une procédure devant le juge des référés, comme le veut la loi, a préféré se faire justice lui-même. Pour l’obliger à quitter sa maison, il a tout bonnement tué sa victime, afin de se débarrasser de lui. Sur la genèse des faits, il a résulté de l’ordonnance de renvoi que Djiby Guissé, qui logeait au premier étage, avait un différend avec son bailleur Cheikh Diop et ce dernier voulait qu’il déménage. Ce faisant, il y a eu des échanges de propos aigres-doux entre le bailleur et le locataire. N’empêche, la victime a refusé de vider les lieux. En guise de première représaille, le propriétaire de la maison Cheikh Diop coupe l’électricité de Djiby Guissé. Malgré cela, Djiby Guissé est resté dans la maison.
Cheikh Diop surprend Djiby Guissé, l’assomme, traîne son corps et le jette
Le bailleur Cheikh Diop décide alors d’employer la méthode forte. Ainsi, dans la matinée du 30 mai 2014, ayant attendu que la maison se vide, Cheikh Diop a surpris Djiby Guissé qui préparait son petit-déjeuner dans sa chambre et l’a assommé d’un coup de barre de fer à la nuque. Puis, le tenant par les pieds, il l’a trainé de sa chambre jusqu’à la terrasse, avant de le projeter dans le vide. Le corps est tombé sur la dalle de la fosse septique.
Il menace de tuer le témoin
Comme un crime n’est jamais parfait, il y a eu un témoin oculaire des faits, en l’occurrence la nommée Fama Savané. Mais, celle-ci a été menacée par le présumé assassin, qui lui a intimé l’ordre de fermer le clapet, sous peine de perdre sa vie si toutefois elle parlait de ce crime ignoble à un tiers.
Informés finalement qu’un individu a été grièvement blessé au quartier Darou Salam, les limiers, qui se sont dépêchés sur les lieux du forfait, ont, lors de leurs constatations, trouvé dans la chambre de la victime du sucre, du lait, une théière et une bonbonne de gaz. Aussi, il y avait des traces de sang sur le sol de ladite pièce, jusque sur la terrasse, c’est-à-dire l’endroit où il a été projeté. Mais, la victime, qui respirait encore, était inerte et allongée sur le sol. Conduite à l’hôpital, c’est le lendemain de son agression qu’il a rendu l’âme.
Interrogé sur les faits, Cheikh Diop a déclaré à la police s’être battu avec son locataire, qui lui a donné un coup de tête avant qu’ils n’atterrissent sur la terrasse d’où ils sont tous les deux tombés. Mais sa version est vite contredite par Fama Savané, qui a déclaré l’avoir vu pousser la victime du haut de la terrasse.
L’accusé nie, le témoin des faits l’enfonce
Ce dernier, inculpé pour assassinat, a été placé depuis 4 ans en détention préventive, avant qu’il ne comparaisse, hier, devant la Chambre criminelle de Dakar. Face au juge, Cheikh Diop a voulu s’en tirer en décrivant sa victime comme quelqu’un de problématique. «Ce que Fama a dit n’est pas vrai. C’est la brique à côté de laquelle nous étions qui a cédé et nous sommes tombés», s’est-il défendu.
En sanglots et face au juge, Fama Savané a décrit la scène du crime qui s’est déroulé sous ses yeux. «Ce matin-là, avant que je ne parte à l’école, je les ai entendus se disputer depuis la terrasse. Vu que j’avais oublié mon cahier, j’y suis retournée et c’est là que j’ai vu Cheikh Diop qui a coincé Djiby Guissé contre le mur avant de le jeter dans le vide en le tenant par les jambes. C’est là qu’il a menacé de me tuer une fois sorti de prison si je le dénonçais. Et c’est ce qui me fait peur jusqu’à présent», l’enfonce-t-elle.
L’épouse du défunt d’ajouter que c’est le cou de son mari qui est brisé, sans oublier les blessures qui se trouvaient sur sa tête, avec ses oreilles déchiquetées.
La partie civile réclame 100 millions
Pour la défense des intérêts de la victime, Me Abdoulaye Sène a réclamé 100 millions F pour ses 3 enfants et le reste de sa famille. Dans sa plaidoirie, Me Sène a martelé que l’accusé a attenté de manière volontaire à la vie de son client, qui était selon lui presque un handicapé. «C’est un homicide volontaire. Il y a préméditation, ce qui est une circonstance aggravante. Il a utilisé une méthode barbare pour le faire sortir de la maison et il voulait l’éliminer de manière sauvage. Il mérite d’être puni sévèrement», a martelé Me Sène.
Dans le même sillage, le procureur Saliou Ngom, convaincu de la thèse de l’assassinat, a souligné que l’accusé a visé un endroit sensible du corps à savoir la nuque. Sur la peine, le parquetier a sollicité 20 ans de travaux forcés, parce que, selon lui, aucune condamnation pénale et pécuniaire ne saurait effacer la douleur ressentie par la famille du défunt. Pour la défense, Me Ousseynou Ngom a rétorqué qu’aucun élément du dossier ne prouve que son client a eu l’intention de donner la mort. Sur ce, la robe noire a souhaité la disqualification des faits en homicide volontaire, si les éléments du dossier ne militent pas en ce qu’il bénéficie d’un acquittement pur. «Si la Chambre n’est pas convaincue, elle n’a qu’à retenir à son encontre le délit de coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner», dit-il. Le délibéré est fixé au 5 février 2019.
Fatou D. DIONE