Depuis quelque temps, les conjectures sont allées bon train dans cette affaire de port du voile qui est quasiment dans tous les débats. La société civile, les autorités politiques et religieuses, tout le monde s’est mêlé au débat. Aphones depuis tout ce temps, les délégués des personnels de l’Institution Sainte Jeanne d’Arc de Dakar ont décidé de briser le silence. Dans un communiqué, ils invitent tout le monde, les autorités principalement, à «éviter le piège de l’intolérance religieuse et de la délibération hâtive».
C’est dans tous les débats. L’interdiction du port du voile à l’institution Sainte Jeanne d’Arc a suscité la colère de bon nombre de Sénégalais. Pour éclairer la lanterne de ces derniers, les délégués des personnels ont sorti un communiqué. «Beaucoup de gens ont compris qu’il ne s’agit aucunement d’un conflit inter-religieux né certainement d’une interprétation scripto-personnelle, juridique, idéologique ou tout simplement émotionnelle», précise ledit communiqué. Le personnel de l’établissement poursuit en déplorant «la tournure actuelle de l’évènement». Ce, note-t-il toujours dans le communiqué, «d’autant plus que la polémique nous permet de noter l’amalgame fait entre le rôle de l’école garanti en partie par le règlement intérieur et les croyances sacro-saints des uns et des autres». A en croire les délégués des personnels, il y avait une bonne ambiance et une harmonie avec tous les élèves et les parents d’élèves. «Il est important et honnête de reconnaître que les filles voilées font partie des élèves les plus studieux, les plus sérieux, les plus intègres de l’établissement. Comment pourrait-on décider de les exclure de leur école ?», soulignent-ils encore dans le communiqué.
Fustigeant les conjectures qui viennent de partout, les délégués de l’établissement martèlent : «qui dans le discours s’intéresse sérieusement à l’école, au point de s’investir personnellement pour connaître les véritables raisons de la révision du règlement intérieur et identifier «les victimes» ? Qu’est-ce qui, dans le règlement intérieur, remet en cause la laïcité de l’établissement dans notre cher Sénégal et à l’Isja ?» Cela étant dit, ils invitent à la prudence. «Nous invitons le président de la République, le ministre de l’Éducation, les inspecteurs de l’éducation, les enseignants et professionnels de l’éduction nationale à éviter le piège de l’intolérance religieuse et de la délibération hâtive. Des autorités reconnues ont freiné l’ardeur des délateurs qui s’érigent en directeurs de conscience et en connaisseurs de tout sujet parce qu’ils sont les privilégiés des médias publics et privés. Non à la manipulation de la conscience collective !», martèlent-ils avant de conclure : «la direction et les responsables de la congrégation des sœurs de Saint Joseph de Cluny, et non la France, souhaitent retrouver la même tenue des apprenants dans la cour de l’établissement et dans les classes». «Souhait, disons-nous, parce que le dialogue est effectif depuis l’année dernière», soulignent les délégués qui précisent qu’en fait «la concession ne concerne qu’une seule partie dans ce conflit».
Alassane DRAME