Placé sous mandat de dépôt depuis le 23 octobre 2020, le maçon polygame, Abass Diouf, a comparu hier devant la chambre criminelle de Dakar où il risque 10 ans de réclusion criminelle. C'est sa belle-sœur mineure, D. Sall, qui l'accuse de viol et de pédophilie.
Maçon domicilié à Sébikotane, le polygame Abass Diouf a été jugé hier, devant la chambre criminelle de Dakar où il a été attrait par son beau-père, Abdourahmane Sall. Ce dernier lui reproche des faits de viol commis par une personne ayant autorité sur la victime et de pédophilie sur D. Sall, mineure âgée de 14 ans. En effet, comme Abass Diouf est marié à Marieme Sall (qui se trouve être sa première épouse), elle a amené sa petite soeur avec elle. Depuis 2016, cette dernière vivait avec eux dans cette maison où Abass Diouf l'aurait violé 4 ans plus tard (2020) à cinq reprises dans sa chambre conjugale. À chaque fois, dit-elle, il attendait que la maison soit vidée de ses occupants pour qu'il se jette sur elle. Le dernier abus sexuel, dit-elle, date du 16 octobre 2020. Ce jour-là; précise la victime, elle était dans la chambre de son présumé bourreau avec son neveu qui dormait sur le lit. Abass Diouf l’y a trouvée et a abusé d'elle alors qu'elle était allongée sur le matelas posé à même le sol.
Lasse des assauts de son beau-père, elle s’est confiée, en pleurs, à son amie Aïda Niang. En plus du sperme trouvé sur le lit, la gamine se tordait de douleur face à son amie. C'est là que cette dernière lui a conseillé de le dénoncer.
Abass Diouf, confronté à ses accusations, les a rejetées en soutenant avoir été victime d'une conspiration, lorsqu'il a décidé de prendre une deuxième épouse. La première, Marieme Sall, lorsque sa petite-sœur lui a raconté les faits, l'a traitée de menteuse. Mais, elle a fini par douter de son époux face aux tergiversations de celui-ci. Les faits de viol portés à la connaissance du père Abdourahmane Sall, celui-ci a porté plainte contre son gendre le lendemain, le 17 octobre 2020. Alpagué puis inculpé, Abass Diouf a passé plus de 2 ans en détention provisoire avant de faire face hier au juge de la chambre criminelle. Cependant, il a adopté le même système de dénégation.
Pour se disculper, il a essayé de mettre en doute l'éducation de la gamine. “J'avais l'habitude de la corriger durant les 4 ans qu'elle a passé chez moi. Elle n'était pas studieuse. Je l'avais inscrite finalement dans une école coranique. Elle avait beaucoup de fréquentations", a expliqué ce maçon âgé de 40 ans. Avant qu'il ne revienne tantôt pour dire que tout ceci n'était qu'un complot ourdi contre lui. “ma belle-famille a une dent contre moi. Parce que quand j'ai épousé une deuxième femme, sa sœur a quitté le foyer. C'est son père qui l'a ramenée à la maison. 18 jours après, j'ai divorcé avec ma deuxième femme à cause de leurs pratiques mystiques. Quand j'ai pris à nouveau une seconde épouse, on m'a accusé de viol 20 jours plus tard. Elle a été manipulée par sa famille”.
Des explications rejetées par la présumée victime D. Sall. Selon elle, elle ne voulait pas détruire le mariage de sa sœur, c'est pourquoi elle a préféré garder le silence. "En un moment donné, j'avais de la haine contre lui et j'ai pris mon courage à deux mains pour le dénoncer. À chaque fois que ma sœur s'absentait du domicile conjugal, il abusait de moi. C'est à cinq reprises qu'il m'a violée. Et il me disait qu'il m'initiait à la sexualité", a narré la plaignante.
Le civilement responsable de la fille, Abdourahmane Sall, a soutenu que lorsque les faits ont éclaté, l'accusé s'est fondu dans la nature. Soulignant que le certificat médical de la fillette fait état d'absence d'hymen et de lésions sous forme de fissures, la représentante du procureur a requis 10 ans de réclusion criminelle contre lui. "La fille a tenu des propos qui, par moments, nous semblent varier. Mais je vous demande de prendre en compte son âge. L'accusé est coupable des faits de pédophilie puisque la victime a dit qu'il eu à faire des attouchements sur son sexe et ses seins. Le viol est également constant", a-t-elle avancé. Mais la défense, assurée par Me abdoubacry Barro, n'est pas convaincue de la culpabilité de son client. La robe noire, qui a plaidé l'acquittement, a précisé qu'il n'y a aucun élément factuel pour confondre X ou Y. À la limite, le conseil a indiqué que l'accusation ne tient pas. Délibéré au 18 avril prochain.
Fatou D. DIONE