POLITIQUE D’AUSTERITE, AJUSTEMENT STRUCTUREL, AUGMENTATION DES TAXES ET DES PRIX DES BIENS DE PREMIERE NECESSITE … : Thierno Alassane Sall démonte Abdoulaye Daouda Diallo et accable le gouvernement



 Le président de la «République des valeurs» et ancien ministre de l’Énergie, Thierno Alassane Sall, persiste et signe ! Le gouvernement du Sénégal s’est bien engagé à mener un plan d’ajustement structurel, conformément à la volonté du Fmi. Ce qui va engendrer, dit-il, une augmentation des taxes, des prix des biens de première nécessité, en plus d’une forte contraction des dépenses publiques. Une situation qui découle du surendettement de notre pays. Il en veut pour preuve le déficit public de 706 milliards au premier trimestre 2019, alors qu’il ne devrait pas dépasser 721 milliards toute l’année.

Les sorties tour à tour du président de Pastef, Ousmane Sonko, faisant état d’un déficit budgétaire de 100 milliards francs Cfa qui pourrait atteindre 345 milliards d’ici la fin de l’année, et celui du président de la République des valeurs (Rv), Thierno Alassane Sall, qui a annoncé que le Sénégal file droit vers un «ajustement structurel», avaient poussé le gouvernement, à travers le ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, à se fendre d’un communiqué pour contester ces révélations qu’il avait fini de qualifier de «considérations budgétaires dénuées de tout fondement». Seulement, en voulant étouffer dans l’œuf ce tableau sombre de l’économie de notre pays, en invoquant les services techniques de l’Etat et autres institutions internationales telles que le Fmi, le gouvernement ne s’est-il pas davantage enfoncé dans ces explications ? Tout porte à le croire, puisque l’ancien ministre de l’Énergie, Thierno Alassane Sall, s’est appuyé sur ces-mêmes références pour déconstruire l’argumentaire du patron des Finances et du Budget du Sénégal.

Macky surendette le Sénégal : La dette passe de 2700 à 8600 milliards

A en croire le président de la République des valeurs, le Président Macky Sall, en arrivant au pouvoir, avait trouvé une dette publique autour de 2700 milliards francs Cfa en début 2012. Mais, en seulement sept ans d’exercice, le chef de l’Etat, accuse-t-il, a amené cette dette à 8600 milliards, soit une augmentation, dit-il, de 211%. «Aucun autre indicateur économique pertinent n’a augmenté à ce rythme fulgurant durant la même période», crache-t-il. Thierno Alassane Sall d’en rajouter une couche. «En 2018, notre pays a consacré plus de 40% des recettes budgétaires (soit 1000 milliards francs Cfa) au paiement de la dette (principal et intérêts), selon toujours les services du Fmi», révèle Thierno Alassane Sall dans un communiqué. Poursuivant, il ajoute que le régime de Macky Sall a maintenu ce rythme effréné de déficit public important et d’endettement au premier trimestre 2019. En se fondant sur le communiqué du ministère des Finances et du Budget, l’ancien ministre de l’Énergie fait remarquer que le déficit public - la différence entre les dépenses et les recettes budgétaires de l’administration centrale - a atteint 706 milliards francs Cfa ; soit 1217 milliards pour les dépenses et 511 milliards de recettes au premier trimestre 2019. Or, précise Thierno Alassane Sall, ce déficit ne devrait pas dépasser 721 milliards pour toute l’année, selon les engagements du gouvernement auprès du Fmi. Dans la foulée, il informe que le niveau des dépenses publiques au premier trimestre de 2019 arrêtées à 1217 milliards dépasse de plus de 200 milliards les chiffres de la Direction de la Prévision et des Études économiques (Dpee) du ministère des Finances. Des incohérences qu’il juge «inquiétantes» et qui soulèvent, relève-t-il, de sérieuses questions sur la fiabilité et la transparence des finances publiques et des statistiques de la part de l’argentier de l’Etat.

Une politique d’austérité et un ajustement budgétaire

A la suite de ces chiffres qui font froid dans le dos, Thierno Alassane Sall ne manque pas de pousser le bouchon plus loin pour révéler que «le Sénégal était aux limites d’une dette insoutenable», même si le risque devenait faible, pour l’instant, selon les conclusions du dernier rapport des services du Fmi de janvier 2019. «Cette tournure inquiétante de phrase pour une institution adepte de la diplomatie et des euphémismes suffit à signaler le mauvais état des finances publiques», fait observer le patron de la République des valeurs. Dans ledit rapport, les services du Fmi ont, en outre, fait référence «à l’austérité budgétaire et l’ajustement structurel à venir, en appelant le gouvernement à adhérer strictement au plan d’ajustement budgétaire prévu, accélérer les réformes et emprunter de manière prudente», note-t-il. Ce qui lui fait dire, contrairement à la position défendue par Abdoulaye Daouda Diallo, que le ministre des Finances et du Budget s’est bien engagé, au nom du gouvernement, à mener un «plan d’ajustement» qui, à en croire Thierno Alassane Sall, sera draconien au vu des gros dépassements du premier trimestre 2019.

Hausse des taxes et des prix des biens de première nécessité

Thierno Alassane Sall révèle que cet ajustement sera accompagné «d’augmentation des taxes, des prix des biens de première nécessité et d’une contraction forte des dépenses publiques qui affecteront les fonctionnaires, les retraités, le tissu économique et les entrepreneurs». Et, c’est le citoyen lambda qui va en pâtir. « C’est donc le Sénégalais moyen qui en souffrira et le coût social sera élevé dans notre pays qui compte déjà plus de sept (7) millions de pauvres, deux (2) millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire et où 80% de l’emploi est dans la précarité de l’informel. Cet état des faits est politiquement et moralement inacceptable», fulmine l’ancien ministre de l’Énergie.

Moussa CISS
LES ECHOS

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