Le processus de formulation du Plan national de développement et du Plan d’actions prioritaires (Pap) 2024-2028 a été lancé hier par le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération avec la participation, entre autres, de la société civile et du secteur privé. Ainsi, les conclusions issues de ce processus, qui va durer six mois, vont permettre de définir la nouvelle stratégie de développement du pays durant les cinq prochaines années.
Le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération Oulimata Sarr a procédé au lancement officiel, hier, du processus de formulation de la Politique nationale de développement assorti du Plan d’actions prioritaires (Pap) 2024-2028 dont l’ambition, explique le ministre, est de faire du Sénégal «un pays émergent à l’horizon 2035, avec une société solidaire, dans un État de droit». Ainsi, les résolutions et conclusions issues des travaux qui vont durer environ six mois permettront, de l’avis de Mme Sarr, de bien définir les contours de la nouvelle stratégie de développement du pays durant les cinq prochaines années. A cet effet, quatre commissions ont été mises en place : transformation structurelle de l’économie et croissance ; capital humain, protection sociale et développement durable ; gouvernance, paix et sécurité et ; financement de l’économie. En plus de 14 commissions régionales sous la supervision des gouverneurs pour mieux adresser les aspirations et préoccupations des territoires. «Le processus que nous démarrons aujourd’hui obéit aux principes de la loi d’orientation sur le système national de Planification et de la loi sur l’Aménagement du territoire. Il sera conduit de la manière la plus inclusive possible, avec la participation de l’ensemble des forces vives de la Nation : Société civile, Secteur privé, Universitaires et chercheurs, Partenaires techniques et financiers, Administrations centrales et territoriales, etc. Les travaux devront également permettre d’évaluer et de dégager des perspectives en matière d’intégration des questions et thématiques transversales, importantes telles que le genre et les changements climatiques», explique le ministre.
La mortalité maternelle passe de 236 en 2018 à 156,6 en 2021 pour 100.000 naissances vivantes
Ce qui lui fait dire que cet exercice devra tenir compte des mutations au niveau national et régional pour poser les conditions de réussite du passage vers un nouveau modèle économique marqué, d’une part, par le démarrage de l’exploitation de ressources pétrolières et gazières et, d’autre part, par le contexte de mise en œuvre de la Zone de libre-échange continental africaine. Poursuivant, Oulimata Sarr est revenue sur les résultats enregistrés suite à la mise en œuvre des phases I et II du Pse sur le plan économique, social et environnemental. «Nos performances économiques se sont consolidées notamment avec le taux de croissance moyen annuel du Pib qui est ressorti à 5,4% sur la période 2014-2022, malgré les effets néfastes de la Covid-19 et la guerre en Ukraine qui ont fortement affecté l’économie mondiale. Des performances remarquables ont été également enregistrées dans les secteurs sociaux de base (éducation, santé, accès à l’eau potable, etc.) et dans les infrastructures de transport et énergétiques. A titre illustratif, sur le plan social, le taux d’achèvement à l’école primaire a été porté à 68,9% en 2021, contre moins de 50% en 2014. La mortalité maternelle a aussi significativement baissé, passant de 236 pour 100.000 naissances vivantes en 2018 à 156,6 en 2021», a révélé Mme le ministre.
M. CISS
ADAMA LAM DE LA CNES AU LANCEMENT DU PAP III
«L’économie et l’investissement doivent reposer sur un climat social apaisé»
Avec cette nouvelle stratégie de développement du Sénégal pour les cinq prochaines années, le secteur privé national n’a pas manqué d’exprimer ses inquiétudes, notamment avec la situation politique tendue qui risque de menacer les investissements et l’économie.
Pour sa part, le président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes), Adama Lam s’est réjoui de la présence du secteur privé qui, dit-il, peut être le moteur d’une croissance forte capable de résoudre les problèmes de l’emploi des jeunes, le développement économique, les investissements, etc. En effet, l’Etat, dit-il, ne peut pas tout faire. Aussi, a-t-il souligné la nécessité de mobiliser une épargne nationale consistante. «L’Etat doit être accompagné par le secteur privé pour que l’on puisse bâtir des champions nationaux, ce qui favorisera de l’emploi de masse et un ruissellement de la croissance que nous avons vécu pendant des années et qui ne nous a pas permis d’avoir tous les résultats escomptés», fait remarquer M. Lam. Poursuivant, il estime que le contexte économique mondiale marqué par des facteurs exogènes doivent nous amener à nous recentrer sur nous-mêmes. «C’est comprendre qu’on doit dépasser le stade de sécurité alimentaire pour aller vers la souveraineté alimentaire. On ne peut plus vivre décemment en dépendant de l’extérieur. Cela suppose un ajustement dans tous les domaines au plan des mentalités, des comportements, des politiques d’allocation de ressources gouvernementales, au plan de la collaboration positive entre l’Etat et notre secteur privé», ajoute le patron de la Cnes. En outre, Adama Lam rappelle que l’économie et l’investissement doivent reposer sur un climat social apaisé. «Il faut que les gens se parlent. On est arrivé à un moment où il faut se parler. Même les crises les plus importantes dans le monde ont fini autour de la table de négociations. Il faut que les gens sachent raison garder dans cette situation. On ne peut pas construire une nation et continuer à nous regarder les uns les autres en chiens de faïence. Nous sommes disposés à accompagner tous les processus qui peuvent amener à une cohésion sociale durable», tranche M. Lam.
Une situation politique empreinte d’incertitudes
«En plus de l’exigence de stabilité on ne peut pas dissocier l’économie du politique. Pour que l’activité économique puisse s’exercer de façon optimale, il faut qu’il y ait un climat apaisé. On est dans une situation empreinte d’incertitudes et qui amènent des questions ; il faut résoudre ce préalable là pour aller vers les investissements productifs», ajoute le Directeur exécutif du Club des investisseurs sénégalais, Abdoulaye Ly, qui invite à consolider le dispositif d’appui au secteur privé dans cet exercice de développement économique afin de lutter contre cette tendance de délocalisation des entreprises sénégalaises pour s’installer ailleurs. Il plaide aussi pour la réorientation des investissements dans les territoires à cause de la macrocéphalie de Dakar devenue une contrainte. A l’en croire, il y a des investisseurs qui ont suspendu leurs programmes d’investissements à cause des embouteillages à Dakar.
M. CISS