PLAN D’ACTIONS DU PRESIDENT DE L’UMS Les quatre défis de Ousmane Chimère Diouf



 
C’est une nouvelle ère qui s’ouvre pour l’Union des magistrats sénégalais (Ums) avec la prise du témoin par le juge Ousmane Chimère Diouf. Le président de Chambre à la Cour d’appel de Dakar a manifestement tiré les leçons des deux mandats de son prédécesseur et entend changer de procédé pour arriver à ses objectifs. Son plan d’actions, Ousmane Chimère Diouf compte l’axer sur quatre points, notamment le renforcement de l’esprit de communauté, c’est-à-dire ressouder les liens qui existent entre les collègues, précisément la jeune génération avec les vieux. Le nouveau président de l’Umscompte traiter en gentleman avec l’autorité judiciaire, tout en veillant sur l’indépendance de la justice. Ce, entre autres aspects de son plan d’actions : Développer l’esprit de communauté, ressouder les liens avec les aînés ; concerter avec les autorités judiciaires
 
Le bras de fer qui se jouait du temps de Souleymane Teliko avec la Chancellerie sera une page tournée avec Ousmane Chimère Diouf. C’est une nouvelle ère qui s’ouvre à l’Union des magistrats sénégalais (Ums). Fumer le calumet de la paix avec l’exécutif, c’est ce que compte faire le nouveau président de l’Ums. Ce dernier va également réparer cette cassure qui existe entre les vieux et la jeune génération. Ce, tout en veillant sur l’indépendance de la justice. Ainsi, dans un document qu’il a présenté à ses collègues et dans laquelle il définit ses ambitions, Ousmane Chimère Diouf a étaléson plan d’actions en quatre axes ou défis. Le premier défi, c’est renforcer l’esprit de communauté.«Le premier défi qu’il nous faut relever, pour la survie de notre union et pour l’image de la justice, est le renforcement de l’esprit de communauté», soutient Ousmane Chimère Diouf, qui poursuit : «pour cela, il nous faut d’abord resserrer et renforcer les liens entre collègues, sans distinction d’âge, dans le respect des valeurs et principes de notre union, c’est-à-dire la loyauté, la solidarité agissante, l’esprit d’entraide et la saine collaboration».
Appelant à la concorde et déterminé à changer de tactique par rapport à l’équipe ancienne, le président de l’Ums de renchérir : «(…) Ainsi, tout comportement jugé déviant doit être exposé et réglé en interne, et non du dehors. Les mécanismes appropriés pour gérer et éventuellement sanctionner de tels comportements existent et sont applicables.L’exposition de nos difficultés et de nos divergences en public nous fragilise tous et aucun magistrat ne peut en tirer un bénéfice durable.‘’La désunion des amis est l’espérance des ennemis’’. Parlons là où les problèmes doivent être posés et résolus. Refusons d’être divisés, de nous exposer. Prônons la libre discussion interne. Comme disait l’autre, acceptons de discuter de nos faiblesses dedans pour que nous soyons tous forts du dehors, et non le contraire».
Renforcer l’esprit de communauté, c’est enfin accepter l’ordre naturel qui fait que tout jeune magistrat deviendra ancien et l’aîné d’un jeune, et tout ancien a été un jeune magistrat. L’âge et l’ancienneté ne sauraient être des vices rédhibitoires. «Nous étions comme vous et vous serez comme nous.Nous nous devons respect et considération surtout à l’égard de nos aînés. Nous ne serons jamais forts en fragilisant nos aînés même si nous avons un droit de critique légitime sur leurs actions. Les aînés doivent aussi développer l’écoute attentive et l’empathie à l’égard de leurs jeunes collègues, être disponibles et proches d’eux. Nous devons mettre fin au déficit de communication entre collègues de différentes générations en rétablissant le fil du dialogue et de la concertation permanente».
 
Dialoguer mais veiller à l’indépendance de la justice
 
Le deuxième axe sur lequel va se focaliser la nouvelle équipe porte sur la satisfaction des intérêts professionnels, matériels et moraux. Sur ce point, le combat de nouveau président porte sur cinq priorités : l’uniformisation de l’âge de la retraite à 68 ans ; l’intégration de l’indemnité de judicature dans la pension de retraite ou perception de 80% du salaire à la retraite ; l’accès à l’habitat pour les collègues non bénéficiaires de parcelles ; l’amélioration des matériels de travail ; la gestion transparente, cohérente et objective du plan de carrière des magistrats.
Mais pour y arriver, Ousmane Chimère Diouf prône le dialogue. «Pour la satisfaction de ces doléances, et d’autres qui seront identifiées ensemble, nous adopterons une démarche inclusive et participative, faite de concertation et de dialogue avec les hautes autorités judiciaires et de l’exécutif», souligne-t-il. Cependant, il ne perd pas de vue l’indépendance de la justice : «nous dialoguerons sans aucune compromission possible mais avec un esprit constructif, honnête et loyal. Nous éviterons de faire de nos partenaires à la négociation des adversaires. Négocier pour l’atteinte de nos objectifs ne saurait aucunement remettre en cause notre indépendance en tant qu’institution. Il nous faut donc développer l’intelligence relationnelle, savoir ce que nous voulons, comment l’obtenir et avec qui discuter», martèle le juge Diouf.
 
Un plan stratégique de communication
 
Définir un plan stratégique de communication, c’est le troisième défi du président de l’Ums. Selon le juge Chimère Diouf, il s’agit d’un «plan stratégique de communication qui aura pour vocation de canaliser, de façon réfléchie et structurée, les actions à entreprendre vers le public cible, qui se trouve être les justiciables». L’objectif pour lui est de «disposer d’une lisibilité et d’une visibilité permettant d’établir des interactions dynamiques dans la recherche d’une justice de qualité».
 
«Redonner confiance et renforcer l’image de la justice»
 
Enfin le quatrième défi pour le président de Chambre à la Cour d’appel, c’est de «redonner confiance et renforcer l’image de la justice». Ce travail se fera «en rapport avec l’autorité judiciaire», précise Chimère Diouf. Il va porter d’abord sur la poursuite des réformes engagées. «Ces réformes concernent notamment le Conseil supérieur de la magistrature, le projet de modernisation de la justice, contenu dans la lettre de politique sectorielle du département de la Justice avec la construction d’infrastructures modernes pour abriter les juridictions qui sont dans des locaux en état de délabrement très avancé, la réforme de l’organisation judiciaire et du code de procédure civile pour la spécialisation des juridictions et des contentieux…», égrène le successeur de Souleymane Teliko. Le deuxième point, c’est le renforcement de la cohérence des politiques de juridiction. Selon Ousmane Chimère Diouf, pour définir les priorités de politique juridictionnelle, il faut passer par le dialogue et la concertation, pour renvoyer une image de cohérence et de rigueur dans les rapports avec les autres acteurs judiciaires et les populations. Le nouveau président prévoit également des journées portes ouvertes pour permettre une interaction et une communion avec le monde universitaire, notamment les étudiants en droit, les écoles, le milieu professionnel etc.
Alassane DRAME
 
LES ECHOS

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