Alioune Badara Fall, un de nos compatriotes âgé de 50 ans a été placé en détention préventive depuis le 30 octobre 2009. 13 ans durant lesquels le détenu, qui est aussi malade, est toujours en attente de rencontrer un stomatologue et d’acheter des médicaments, d’autant plus qu’il est en isolement depuis plusieurs semaines, rapporte l’Ong SOS Prisonniers. Une détention préventive qui devrait interpeller les plus hautes autorités gouvernementales quant au traitement infligé à certains pensionnaires des maisons d’arrêt. Les autorités diplomatiques sénégalaises sont aussi interpellées.
C’est un cri d’alerte lancé par l’Ong SOS Prisonniers au Gabon pour venir en aide à notre compatriote Alioune Badara Fall. En effet, ce dernier, accusé d’incendie volontaire à Oyem dans la province du Woleu-Ntem, avait été transféré par la suite à la prison centrale de Libreville en attendant son jugement. Près de 14 ans plus tard, le prévenu est toujours en attente de son passage devant un tribunal afin d’être fixé sur son sort. Dans un communiqué de presse, la plateforme a rappelé la dégradation de «l’état de santé du détenu. Examiné par un médecin de la prison, une ordonnance et un examen auprès d’un stomatologue ont été délivrés au détenu. Cependant, depuis cette date, il n’a toujours pas pu acheter les médicaments et n’a toujours pas pu rencontrer un stomatologue. Car il est de nationalité sénégalaise et l’administration pénitentiaire sait parfaitement qu’il est dépourvu de moyen financier et n’a pas de soutien de qui que ce soit. Comment va-t-il faire pour acheter les médicaments et se rendre chez un stomatologue comme prescrit par le médecin ?», a fustigé l’Ong. Qui poursuit : «aussi, depuis le 26 mars 2020, ce détenu a été mis en isolement suite à une tentative d'évasion. Ses conditions de détention sont draconiennes. Il n'a pas droit au "social". Même téléphoner à un proche pour demander de l'aide, il ne peut pas le faire. Au-delà de son état de santé physique qui nécessite une prise en charge, sa santé mentale préoccupe également. A cause des conditions de détention, il serait judicieux que Alioune Badara Fall rencontre également un psychologue... ».
Par ailleurs, l’Ong SOS Prisonniers Gabon a rappelé à la ministre chargée des droits humains que la règle 24 de l’ensemble de règles minima des Nations-Unies pour le traitement des détenus, prévoit que «l’État a la responsabilité d’assurer des soins de santé aux détenus, ceux-ci devant recevoir des soins de même qualité que ceux disponibles dans la société et avoir accès aux services nécessaires sans frais et sans discrimination fondée sur leur statut juridique».
Non sans indiquer avoir sollicité l’intervention du ministre pour la prise en charge des soins de santé de ce détenu et l’immatriculation à la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale ( Cnamgs) de tous les prisonniers.
Une interpellation qui démontre une fois de plusle problème de la détention préventive qui excède très souvent la peine prévue pour le délit commis, fait savoir l’Ong. Et pourtant, au Gabon, les dispositions de l’article 134 du Code de procédure pénale prévoient qu’en matière criminelle, la détention préventive ne peut excéder 24 mois maximum, et en matière délictuelle 18 mois.
Dès lors, comment peut-on maintenir une personne pendant 13 ans en prison sans jugement ? Sans doute les services du ministre sénégalais des Affaires étrangères Aïssata Sall vont s’enquérir de la situation de notre compatriote.
Samba THIAM