PIERRE GOUDIABY ATEPA SUR SA MÉDIATION ENTRE LE PRÉSIDENT ET LE LEADER DE L’EX-PASTEF : «Sonko ne s’est pas intéressé à sa libération, il a demandé de libérer les prisonniers politiques… sur le dialogue il va parler avec son parti»




 
 
 
Dix jours après l’annonce par le président Macky Sall de reporter l’élection présidentielle du 25 février 2024, la tension ne faiblit toujours pas au Sénégal. Et si jusque-là le Président Macky Sall n’a donné aucun signe d’une volonté de faire marche arrière par rapport à sa décision de reporter la présidentielle, les choses avancent doucement mais sûrement vers la tenue d’un dialogue politique pour décrisper. Médiateur de l’ombre, Pierre Goudiaby Atépa a révélé sur Rfi que Sonko ne s’est pas intéressé à sa libération, il a demandé de libérer les prisonniers politiques… sur le dialogue il va parler avec son parti. Ce qui, il faut le reconnaître, a commencé.
 
 
 
Dans une interview accordée à nos confrères de Rfi, l’architecte et président du club des investisseurs du Sénégal, Pierre Goudiaby Atepa, qui affirme œuvrer comme facilitateur à la demande du Président Macky Sall, explique que le chef de l’État lui a demandé de faire tout ce qu’il pouvait pour que les Sénégalais puissent se parler entre eux, y compris Ousmane Sonko.
Selon lui, l’objectif, c’est d’abord un apaisement réel de la situation. «Il a appelé à un dialogue, mais bon, je parle plutôt de concertation. Et il nous a demandé de voir ce que nous pouvons faire pour réunir les uns et les autres, pour voir comment, en interne, nous pouvons trouver des solutions, qui devraient passer par des dates raisonnables pour tenir des élections», a-t-il répondu à propos des objectifs de sa mission.
Sur la date de l’élection, Pierre Goudiaby pense que personne n’est d’accord pour le 15 décembre. «Je pense, personnellement, que des délais qui nous amèneraient fin mai pourraient être raisonnables. Mais ça, le dialogue devrait, effectivement, nous permettre de trouver une date de consensus», dit-il.
Sur la possibilité de libération de Ousmane Sonko, l’architecte répond : «je sais que l’option est sur la table, bien sûr, il me l’a dit».
Et quand la journaliste insiste pour demander : «il vous a dit quoi ?», l’homme d’affaires développe : «l’option est sur la table. Et c’est pour cela qu’il a demandé que les gens se concertent. Seulement, pour cette concertation, il faut de la confiance. Et nous, nous sommes là pour essayer, faire en sorte que la confiance puisse revenir de part et d’autre», précise-t-il. Avant de révéler avoir rencontré plusieurs fois Ousmane Sonko ces derniers jours. «Je lui ai dit : ‘’le président souhaite un climat apaisé, il souhaite, éventuellement, que tout le monde puisse être candidat, y compris vous. Et il faut lui faciliter la tâche.’’ Il m’a dit : ‘’Écoute, je ne suis pas seul, il faut que je consulte les gens de mon parti. Qu’il faut d’abord qu’on lui donne des gages, qui passent par la libération des prisonniers, j’allais dire, ‘’politiques’’, qui passent également par des concertations de sa part avec ses militants, ou les gens de son parti, et c’est ce que le président fait également du côté de son parti», raconte M. Goudiaby.
À la question de savoir si Ousmane Sonko s’est dit intéressé à sa possible libération, le médiateur de répondre sans équivoque : «non, sa libération n’est pas un problème pour lui». Et d’enchaîner : «lui, sa préoccupation, ce sont les gens qui ont été abusivement arrêtés et je peux vous dire que le président, là, également, est d’accord, il a décidé de libérer le maximum de gens, et je pense que d’ici quelques jours, il y aura peut-être un millier – je dis bien un millier – de prisonniers qui seront libérés. C’est pour cela, effectivement, qu’il faut du temps, et encore une fois, nous n’avons pas le temps jusqu’au 25 [février] de faire ça, et je souhaite que les uns et les autres soient raisonnables, qu’ils comprennent que nous sommes dans une situation inédite et qu’il faut, peut-être, des compromis sans compromissions. C’est difficile, mais c’est possible», détaille Atepa.
Dans la même veine, Atepa Goudiaby dira que le respect du calendrier originel n’est pas possible. «Glisser, oui, pourquoi pas. Si pour avoir la paix et pour avoir des élections qui incluent tout le monde, il faut faire une petite glissade, encore une fois, au mois de mai, nous pensons que c’est raisonnable. Mais en tout cas, ce qui est clair, c’est que les Sénégalais veulent la paix, et il ne faudrait pas qu’on s’accroche sur une date qui est là et dont tout le monde sait qu’on ne peut pas la respecter», a-t-il encore répondu.
À la question de savoir si le Président Macky Sall dit la même chose que lui sur ce dernier point, il dira que c’est presque le cas. «Il faut d’abord qu’il consulte ses gens, c’est un chef de parti. Il est président de la République, il prend les décisions, mais il ne peut pas les prendre sans concertations. Et encore une fois, le temps est grave. Il y a des gens qui veulent profiter d’une instabilité du Sénégal pour faire de basses besognes. Donc il faut que les Sénégalais comprennent qu’on n’est pas seuls. Le monde, il est ce qu’il est, il faut donc que nous fassions attention aux décisions que nous allons prendre ces jours-ci», dit-il encore.
 
 
Sidy Djimby NDAO avec RFI
 
 
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