PECHE ILLEGALE Des chalutiers hispano-sénégalais accusés de piller les précieuses crevettes du Liberia



 
Une société sénégalo-espagnole, la Soperka, a été accusée de piller les stocks de crevettes du Liberia par un groupe de surveillance de pêche basé à Bruxelles. Selon la Coalition pour des accords de pêche équitables (CFFA), trois chalutiers de fond de Soperka SA profitaient de l’accord entre le Sénégal et le Liberia pour payer moins d'impôts faisant ainsi perdre au Liberia potentiellement des millions de dollars en bénéfices. Le groupe de surveillance dénonce aussi l’accord bilatéral signé au mois de mai 2021 entre le Sénégal et le Liberia et qui s’était heurté à l'opposition des associations de pêche locales par crainte de surpêche.
 
 
Un groupe de surveillance de la pêche a accusé une entreprise sénégalo-hispanique de piller les précieux stocks de crevettes du Liberia, qui se vendent environ 80 dollars le kilo, profitant d'une faille légale dans une licence expérimentale de recherche. La Coalition pour des accords de pêche équitables (CFFA), basée à Bruxelles, a déclaré que trois chalutiers de fond appartenant à Soperka SA, une filiale du groupe espagnol Pereira, profitaient de la licence pour payer moins d'impôts et que le Liberia perdait potentiellement des millions de dollars en bénéfices. Grupo Pereira n'a pas répondu aux multiples demandes de commentaires et les représentants de Soperka contactés par téléphone ont déclaré que personne n'était disponible pour un entretien. La Soperka a obtenu son autorisation en mai dans le cadre d'un accord entre le Sénégal et le Liberia qui permet à un nombre fixe de navires sénégalais d'opérer dans les eaux libériennes. L'accord bilatéral s'est heurté à l'opposition des associations de pêche locales par crainte de surpêche.
La pêche artisanale fait vivre quelque 33.000 personnes au Liberia. Les stocks de poissons d'Afrique de l'Ouest, autrefois parmi les plus riches du monde, ont été pillés ces dernières années par des chalutiers industriels qui parcourent les océans pour approvisionner les marchés européens et asiatiques. «Le Sénégal a laissé ses eaux s'appauvrir. Nous craignons que la même chose ne nous arrive», a déclaré John Adams, secrétaire général d'une association de pêcheurs de la ville libérienne de Robertsport. Les navires étrangers ne répondent pas aux exigences de la pêche de recherche, qui inclut la présence de deux observateurs libériens à bord et la réalisation d'une évaluation d'impact sur l'environnement, a indiqué la CFFA.
La société est également exonérée d'une taxe à l'exportation de 10% qui s'appliquerait normalement, a-t-il déclaré. Austin Saye Wehye, directeur de la recherche et des statistiques de l'Autorité nationale des pêches et de l'aquaculture du Liberia, a déclaré que les navires opéraient avec une autorisation de recherche temporaire pour rendre compte du développement d'une pêcherie de crevettes. Il n'a pas directement abordé les allégations contenues dans le rapport de la CFFA, mais a déclaré que le Liberia voulait créer sa propre société de pêche nationale qui s'occuperait de la pêche à la place des navires étrangers.
 
Samba THIAM
 
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