PAUL ABEL MAMBA, EVEQUE DE ZIGUINCHOR: «La cause de l’immigration clandestine, c’est la pauvreté et la précarité, il revient aux autorités de notre pays de former la jeunesse»

Comme il est de coutume à l’église Saint Antoine de Padoue de Ziguinchor, à chaque veille de la fête de la nativité, le patron de l’Eglise de la région tient un point de presse pour revenir sur le sens du Noël. Monseigneur Paul Abel Mamba, évêque de Ziguinchor, au cours de son face-à-face avec la presse, a largement parlé de l’importance de la célébration de cette fête, non sans évoquer l’immigration clandestine.



 
 L’évêque de Ziguinchor, qui abordait le sens de la fête de Noël, a d’emblée fait savoir que celle-ci fait appel au partage, au service des petits et des pauvres. «Elle doit se vivre en solidarité, avec tous ceux-là, dans l’attention du prochain qui frappe à notre porte et qui a besoin d’être aidé dans sa précarité, par l’attention et le soutien des uns et des autres», déclare-t-il.
 Cette fête, poursuit Mgr Mamba, doit nous faire penser  à la fraternité universelle des hommes que le Christ est venu introduire en prenant notre condition humaine.  Surtout, ajoute-t-il, la situation de ceux qui sont défavorisés, ceux qui sont dans la précarité et qui traversent des situations difficiles aujourd’hui.
De plus, l’évêque de Ziguinchor a, dans son discours, parlé de  la crise casamançaise et celle qui sévit entre la Palestine et Israël. «L’enlisement du conflit comme celui qui a prévalu en Casamance, ou entre Israël et la Palestine, n’est-il pas aujourd’hui le triste exemple de notre temps. Ce qui doit rester pour nous essentiel, dans la célébration de la fête de Noël et que nous devons jalousement garder, croyants ou non croyants en Jésus Christ, c’est de cultiver une ambiance de famille et de fraternité où tous les hommes se rencontrent et communient autour de l’essentiel», prêche-t-il.
Revenant sur les causes de l’immigration clandestine, le patron de l’Eglise de Ziguinchor a souligné que  celle-ci est liée à la précarité, et à la pauvreté. Et les jeunes, n’ayant pas de travail à domicile, voyant qu’ils pourraient avoir  un avenir incertain, envisagent d’aller vers des cieux meilleurs, dit-il.
Pour Mgr Mamba, il revient aux autorités de notre pays de travailler à former la jeunesse, parce que c’est l’avenir. Etant d’avis que tout le monde ne peut pas travailler dans les bureaux, Paul Abel Mamba  d’indiquer que «les jeunes ne doivent pas seulement compter sur l’Etat à trouver du travail. Ce dernier doit les former à pouvoir entreprendre».
 D’ailleurs, proposant une solution pour mettre  fin à ces vagues de migrants, Paul Abel Mamba préconise comme solution la délocalisation par les pays développés de leurs multinationales vers les pays du Sud. «Si nous voulons intéresser ces pays et  maintenir à la fois la jeunesse, on doit les former à être capables d’entreprendre et de pouvoir travailler par eux-mêmes», a-t-il dit. Tout en estimant qu’il faut revoir notre système d’éducation et de formation pour pouvoir répondre de manière adaptée la loi du marché de travail.
En plus, le religieux est d’avis que l’avenir de cette jeunesse, c’est leur pays. Dans son raisonnement, il a remarqué que de plus en plus, l’Europe n’a plus de travail comme après la grande guerre. Ceux qui s’y rendent de façon clandestine ne sont pas bien accueillis et sont confrontés à de difficiles conditions de vie, affirme-t-il.
 
 Ahmet Coly
 
 
LES ECHOS

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