Suite à l’invitation du Premier ministre de mettre balle à terre concernant toutes les revendications syndicales pour reprendre les négociations, le Secrétaire général du Cusems est intransigeant sur le passif social. Ndongo Sarr a décelé des impairs sur la suspension de salaire d’enseignants victimes de la non mise à jour du mirador.
La grand’messe initiée par le chef du gouvernement, Ousmane Sonko, qui a réuni patronat-syndicat-gouvernement, a permis aux différents partenaires d’être au diapason de la situation économique du Sénégal. Les syndicalistes, malgré la main tendue par le gouvernement de Sonko, semblent ne pas fléchir sur le passif. Questionné sur ce point, le secrétaire général du Cadre unitaire des syndicats de l’enseignement moyen et secondaire (Cusems) s’agrippe à la satisfaction du passif social. «Nous le disons à qui veut l’entendre, le passif, il faut le solder. Ceux-là même qui l’ont signé, ils ont à peu près dit ce que le Pm a dit la dernière fois. Je me rappelle les mots du ministre de la Fonction publique sous le règne du président Macky Sall qui disait : ‘’nous allons signer des accords réalistes et réalisables’’. Donc, il n’est pas un point du passif qui ne soit réaliste et réalisable. Dans le secteur, il n’y a que des gens sensés, raisonnables. Et sous ce rapport j’ai dit, ce qu’on a signé avec ceux-là qui sont partis, c’est des choses qui sont parfaitement dans les cordes des nouvelles autorités », pointe du doigt le syndicaliste.
Le passif doit être soldé d’abord …
Et pour justifier cette position syndicale, il évoque les rapports et les audits. Selon lui, si les ressources dilapidées sont récupérées, beaucoup de revendications pourraient être résolues. « Je le disais à une autorité, ce qui se passe avec l’avènement de ces rapports d’audit, le rapport de la Cour des comptes, qui sortent et qui montrent de manière claire, nette et précise qu’on a dilapidé les ressources publiques un peu n’importe comment, mais tout cela nous prouve que les ressources pour faire face aux préoccupations que nous portions existaient. Mais en réalité, on a préféré les distraire ou encore les utiliser dans des secteurs beaucoup moins importants. Avec ce régime qui a promis de ne pas dilapider les fonds et qui est dans le jub jubeul jubanti, cela veut dire que les moyens vont exister pour prendre en charge les préoccupations des Sénégalais au premier rang desquelles les préoccupations de l’école », dit-il.
Mais, selon lui, cette rencontre a enregistré des défections, selon Ndongo Sarr du Cusems. « Le format n’a pas été le meilleur. Quand il s’était agi de distribuer la parole, il n’y avait pas de raisons objectives qui ont présidé au choix de ceux-là qui ont porté les préoccupations. Cela a suscité le mécontentement de certains qui ont même boudé », remarque d’emblée le syndicaliste, qui a profité du coup de fil pour exposer une préoccupation majeure. Il a révélé que les conséquences de l’audit sur le personnel enseignant a causé beaucoup de torts. « Cet audit avait été fait depuis l’année dernière par l’ancien régime. L’exploitation de l’audit nous a valu le mois dernier des suspensions de salaires », a-t-il expliqué, et a tenu à exprimer sa solidarité aux travailleurs licenciés.
Non mise à jour du Mirador, une enseignante mutée voit son salaire suspendu après l’audit
A l’en croire et contrairement à ce qui se dit, les salaires d’agents suspendus ne sont pas tous des emplois fictifs. « Ce n’est pas parce que des salaires sont suspendus que ceux-là qui en ont été victimes ont été forcément des employés fictifs », dit-il avant de se justifier. « Quand on a envoyé des sms à ces gens pour leurs dire qu’il fallait qu’ils se rapprochent de la Direction des ressources humaines du ministère pour produire les pièces qui justifient qu’ils existaient et servaient dans des établissements bien précis, quasiment, tous, ils se sont présentés et ont produit les documents demandés. Ils sont nombreux à produire des pièces et à être rétablis », fait-il savoir.
Le seul hic dans cette procédure, c’est ceux qui n’ont pas été rétablis. Il donne un exemple. « C’est le lieu de dénoncer un fait. Il y a des camarades qui n’ont été fautifs de rien du tout. Mais qui, on ne sait comment, ont vu leur nom se retrouver dans ces listes, de sorte qu’on a suspendu leur salaire à tort. Et pas plus tard que tout à l’heure (hier, Ndlr), il y en a une qui ne s’est jamais absentée, mais qui a été mutée. Mais le logiciel Mirador n’a pas été mis à jour. On est allé l’auditer dans l’établissement où elle n’était plus. C’est sur cette base que son salaire a été coupé. Et cela, depuis deux mois. Elle m’a dit qu’elle n’a pas reçu son salaire de ce mois. Elle m’a dit qu’elle n’irait pas reprendre ses cours tant qu’on ne lui verserait pas ses salaires », regrette Ndongo Sarr qui lui a demandé de les laisser s’entretenir avec les autorités pour voir comment résoudre cet impair.
« On n’aura pas besoin de signer de pacte si … »
Concernant la mise à disposition des enseignants, le Sg du Cusems invite l’Etat à mieux valoriser la fonction de l’enseignant. « Il y a à valoriser davantage la fonction d’enseignant. Je crois que le cas échéant, aucun enseignant n’éprouvera le besoin de migrer vers d’autres secteurs. Les gens embrasseront l’enseignement et y resteront », laisse-t-il entendre.
Revenant sur le nouveau pacte social qui est à l’origine de cette rencontre tripartite, Ndongo Sarr est formel. « Le meilleur pacte consistait à être à une disposition d’écoute attentive et permanente avec les autorités. À être proactifs, à ne pas attendre que les situations dégénèrent pour venir jouer aux sapeurs-pompiers. Enfin, une fois que des engagements ont été pris, que ces engagements soient respectés selon les échéances retenues. Si cela est fait, on n’a pas besoin de signer le pacte. La paix règnera dans le système. C’est ce que nous souhaitons. Il ne faudrait pas qu’il y ait, qu’on en arrive en sorte qu’il y ait une sorte de coercition », fait savoir le syndicaliste qui croit dur comme fer qu’avant d’en arriver là, « il faudrait qu’il y ait de la justice et de l’équité dans le système de rémunération. Il faudrait que l’environnement de travail soit amélioré donc attractif au point que les acteurs s’y sentent bien » conclut-il.
Baye Modou SARR