Le débat qui oppose actuellement les socialistes à la suite de la sortie d’Abdoulaye Wilane, révélant que le Parti socialiste était pour des retrouvailles avec ses bannis, est toujours aussi vif. En attendant la prochaine rencontre des socialistes, ça tire dans tous les sens. Et les gens y vont de ces révélations à faire froid dans le dos.
Sauf position ferme et indiscutable du secrétaire général du Parti socialiste pour clore le chapitre, la récente sortie d’Abdoulaye Wilane, appelant au retour des «bannis», est partie pour créer d’autres problèmes. En effet, beaucoup de responsables, membres du Bureau politique, n’apprécient pas du tout la position du porte-parole adjoint du Ps Me Moussa Bocar Thiam ainsi que de ceux tirant à bout portant sur le porte-parole officiel Abdoulaye Wilane. Pour beaucoup, en effet, Abdoulaye Wilane ne devait pas faire l’objet d’autant d’attaques. Même s’il commet une erreur en portant la communication du parti, les règles de la bienséance et de la camaraderie exigent que les responsables se solidarisent de lui. «Qui d’entre nous est resté une seule fois après de longues heures de réunion du Bureau politique pour parler à la presse, à part Wilane ?», s’est interrogé notre interlocuteur, qui ajoute que, même si Wilane s’est trompé, il n’était pas judicieux de le démentir de cette manière. Surtout qu’i n’appartient pas à un adjoint de recadrer un titulaire. Cela n’existe nulle part. «Quelle que soit la situation, c’est Wilane le patron de Moussa Bocar Thiam. La vérité, c’est que Moussa Bocar Thiam n’arrive toujours pas à accepter que Wilane soit son patron. On se doit de respecter la hiérarchie. Si ton patron, ton responsable fait une erreur en portant la communication du parti, il faut le compléter, trouver un subterfuge pour rendre la communication plus digeste, mais pas être dans une attitude polémique. Tout le monde doit être solidaire de Wilane ; pas de l’attaquer comme on le fait depuis quelque temps. C’est un appareil, un groupe. Nous ne devons pas profiter d’une situation pour essayer de nous positionner en espérant prendre sa place. Non ! Ce que Wilane a fait dans ce parti, personne ne l’a fait. On lui doit respect, considération et un sens de solidarité. C’est très égoïste ce qui est en train de se faire. Après une réunion du Bp, de plusieurs heures souvent, Wilane est le seul, malgré la fatigue, qui reste pour livrer les conclusions de la rencontre à la presse et avant de quitter la maison du parti, il sort de sa poche de l’argent pour l’offrir aux militants et gardiens qui ne voient Tanor qu’entre deux réunions. Les autres responsables promus à des postes de responsabilité ne sont même plus joignables par les militants. Il faut que les gens arrêtent», tonne notre interlocuteur et membre du Bp.
Pourquoi certains socialistes sont contre les retrouvailles entre Tanor et la bande à Khalifa
C’est aussi ce que pense ce responsable qui a requis l’anonymat. Selon lui, les gens ne le disent pas, mais au Parti socialiste, actuellement, il y a des gens qui ne veulent pas de retrouvailles et ces derniers travaillent jour et nuit à annihiler toute possibilité de rapprochement entre Tanor et Khalifa Sall. C’est ceux-là qui tirent à bout portant sur Wilane. «Wilane a simplement mal interprété, mais, en filigrane, ce qu’il a dit, c’est ce que Tanor a dit», a fait savoir ce responsable du Parti socialiste, qui dénonce la position radicale que certains veulent prendre pour empêcher le retour de Khalifa Sall et Cie auprès d’Ousmane Tanor Dieng. L’histoire du Parti socialiste, rappelle ce responsable «est rythmé par des fusions, des scissions et des absorptions».
Notre interlocuteur de poursuivre : «Macky Sall ne peut pas appeler à l’apaisement et Tanor de dire qu’il n’ouvrira pas ses portes aux socialistes, qu’il ne va pas dialoguer avec les socialistes. En tant qu’ami proche de Idrissa Seck, Ousmane Tanor Dieng est la meilleure personne pour convaincre le leader de Rewmi de participer au dialogue national», théorise à son tour ce responsable socialiste, qui souffle qu’au Parti socialiste, il se passe des choses que les gens ne peuvent même pas imaginer.
Khalifa Sall out, la porte de la succession s’ouvre largement pour…
Selon ce dernier, si les gens se braquent, c’est parce que certains avaient fini de croire à un avenir du Ps sans Khalifa Sall et les autres. «Certains croyaient en avoir fini avec Khalifa Sall, Aïssata Tall Sall, Barthélemy Dias et autres. Que le terrain a été conquis et qu’aucun obstacle, si jamais il venait à Tanor Dieng l’idée de partir, ne se dresserait devant eux. Ce sont ces derniers qui activent ceux qui parlent pour attaquer Wilane, alors qu’ils ne représentent rien. Il y a dans cette bande quelqu’un qui a été sept ans ministre, alors qu’il n’est pas plus méritant qu’aucun d’entre nous. Pour savoir ce qu’il pèse, on devait juste s’amuser à lui retirer le poste de ministre pour voir s’il saura endurer ce que Wilane a enduré pour le parti. Je vous jure qu’il ne saura pas tenir le dixième de ce que Wilane a vécu pour ce parti», laisse entendre notre interlocuteur, qui fait remarquer lui aussi que l’histoire du Parti socialiste a toujours été rythmé «par des scissions, des retrouvailles, des absorptions et des tendances».
Madou MBODJ