PARTENARIAT AVEC LA HAUTE AUTORITE DU WAQF AU SENEGAL : le Docteur en islamologie Seydi Diamil Niane dit ses inquiétudes et invite l’État du Sénégal à redoubler de vigilance



Le Sénégal est l’un des rares pays de la sous-région ouest-africaine encore épargné par le péril djihadiste. Mais ce n’est pas un secret, le pays est exposé à la menace, à l’image des autres pays déjà visités par les «fous de Dieu». Dans un entretien avec le journal «La Croix» le Franco-sénégalais Seydi Diamil Niane, Docteur en islamologie, invite les autorités sénégalaises à redoubler de vigilance quant à la diffusion du discours wahhabite au Sénégal.

Docteur en islamologie de l’Université de Strasbourg, auteur de plusieurs ouvrages liés à l’islam, aux musulmans, le Franco-sénégalais Seydi Diamil Niane se veut clair : «Au Sénégal, les politiques n’agissent pas face à la poussée salafiste». Chercheur, post-doctorant à l’Université Aix-Marseille, Seydi Diamil Niane s’inquiète d’un partenariat signé entre la Haute Autorité du waqf au Sénégal et une association salafiste. Selon lui, l’islam confrérique et les autorités devraient être plus vigilants quant à la diffusion du discours wahhabite.
En quoi consiste ce partenariat signé le 20 juillet à Dakar entre la Haute Autorité du waqf, chargé par l’État sénégalais de recueillir les legs, et le Fonds sénégalais pour la zakat (l’aumône) ?

La waqf, donation faite par un particulier à une œuvre d’utilité publique ou à un ou plusieurs individus, vise à lutter contre la pauvreté et les inégalités sociales. C’est en tout cas l’explication donnée par Oulimata Diop, Directrice générale de la Haute autorité en charge de cette donation musulmane au Sénégal, lors d’un atelier de sensibilisation sur «Les enjeux et avantages du waqf» au mois de mai passé. «La finalité du waqf est de trouver des ressources stables et durables pour lutter contre la pauvreté et réduire les inégalités sociales», avait-elle expliqué.

Alors, quand on lui pose la question de savoir pourquoi ce partenariat signé entre l’État du Sénégal et le waqf vous inquiète-t-il, Seydi Diamil Niane indique qu’en faisant ainsi, l’État donne l’impression de reconnaitre l’organisation qui regroupe les principales figures du salafisme au Sénégal.

«Ce partenariat m’inquiète parce qu’il donne une apparence de reconnaissance officielle à une simple association – le Fonds sénégalais pour la zakat – qui regroupe les principales figures du salafisme au Sénégal. Cette association, créée en 2010 pour collecter et redistribuer le produit de la zakat (l’aumône), est dirigée par Mouhammad Ahmad Lo, un ‘’docteur en sciences islamiques’’ diplômé de l’Université de Médine en Arabie Saoudite. Il y a appris un islam wahhabite qu’il diffuse, depuis son retour au Sénégal, via toute une série d’associations d’enseignement et de prédication. Ahmad Lo est également président du Comité de Fatwa et de l’Orientation de l’Union des Oulémas d’Afrique», a expliqué l’auteur de «Soufisme et Wahhabisme».
Né au Sénégal, Seydi Diamil Niane est diplômé de l’Université de Strasbourg (un master d’études arabes ainsi qu’un master d’islamologie, droit et gestion) où il prépare une thèse de doctorat. Membre de l’association «aconfessionnelle, interreligieuse et interconvictionnelles», Coexister, il milite pour le dialogue des religions et des cultures. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont «Moi musulman, je n’ai pas à me justifier».

Dans ce livre écrit sous la forme d'un témoignage vibrant, il prend la parole pour dénoncer l'extrémisme, en même temps que l'amalgame et la confusion dont il fait l'objet quand on parle de l'islam et des musulmans. Cri d'indignation et ode à l'amour universel, l’ouvrage fait la part du feu en militant pour un islam dans la cité, éclairé et spirituel, en harmonie avec les valeurs humanistes. Un message d'espoir qui plaide en faveur du vivre-ensemble dans notre société multiculturelle que l’islamologue, politologue et enseignant franco-marocain Rachid Benzine magnifie en ces termes : «Cette confession d'un jeune musulman du siècle nous donne une juste photographie humaine, spirituelle et intellectuelle de ce que sont les "nouveaux croyants de l'islam", les jeunes musulmans de la France de 2017».

Le Wahhabisme est un mouvement de réforme se réclamant de l'islam sunnite hanbalite, prônant «un retour aux pratiques en vigueur dans la communauté musulmane du prophète Mohammad et ses premiers successeurs ou califes». Le prédicateur et théologien Mohammed ben Abdelwahhab (1703-1792) est considéré comme le fondateur du mouvement vers 1740.
 
Sidy Djimby NDAO
 
 
 
 
 
 
 
 

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