PARALYSIE DU SYSTEME SANITAIRE PENDANT 48H RENOUVELABLES A CAUSE DE L'INACTION DU MINISTERE DE LA SANTE : Les internes des hôpitaux dressent un bilan alarmant




 
La révision du statut de l’interne conformément aux conclusions des assises de 2019, l'élaboration d'une stratégie d'insertion professionnelle post-internat, l'harmonisation du régime indemnitaire des internes avec celui des autres agents ministériels, tel que révisé́ en 2022, la rénovation du logement de Fann et la création d'infrastructures d'hébergement sur les autres sites et enfin la révision du programme du concours de l'internat. Ce sont les complaintes des internes des hôpitaux du Sénégal qui ont bloqué le système sanitaire depuis hier. Alors qu'ils seront en point de presse aujourd'hui, «Les Echos» vous propose un diagnostic profond de leur malaise face au ministre de la Santé qui reste sourd, muet et aphone à cette situation.
 
 
Les internes, qui sont issus de concours avant la soutenance de la thèse, ne sont pas du tout contents de leur tutelle. Pendant que le ministère de la Santé a fini de sortir les cafards de l'ancien régime, les hôpitaux sont paralysés par le mouvement de grève des internes.  Dans une lettre adressée au ministre de la Santé, les blouses blanches déplorent "la demande d’audience de l’association classée sans suite par le ministre de la Santé depuis plus de 06 mois, mais aussi le silence radio de leur tutelle après les communiqués datés du 7 septembre, du 24 septembre, du 1er octobre et du 11 novembre 2024". Forte de ces constats, l'Association des internes et anciens internes des hôpitaux du Sénégal constate l’épuisement des moyens diplomatiques pour trouver des solutions aux problèmes que rencontre l’internat.
A cet effet, ils ont décrété une grève de 48h renouvelable avec respect des urgences à compter du Jeudi 14 novembre 2024 assortie d’un point de presse le vendredi 15 novembre à partir de 10h30 devant la grande porte de l’hôpital Fann.
 
Seul l'hôpital Fann loge les internes mais dans un vieux bâtiment
 
Le mouvement de grève est essentiellement axé sur le logement des internes. En effet, il y a un décret présidentiel qui stipule que les internes doivent être obligatoirement logés dans l'hôpital qui les accueille. Seulement, il n'y a que l'hôpital de Fann qui loge ces internes, encore que le bâtiment soit d'une vétusté notable. D'ailleurs, le bâtiment aurait dû être rénové depuis Mathusalem mais rien n’a été fait.
 
L'Etat forme, lâche ses "élèves" puis recrute ailleurs
 
Le deuxième point, c'est l'insertion professionnelle post internat. Vu que le concours est organisé par l'Etat, par le biais du ministère de la Santé qui recrute annuellement 50 à 60 personnes en tant qu'internes des hôpitaux, les forme en tant que spécialistes et met beaucoup d'argent dans leur formation et les rémunère mensuellement pour le travail qu'ils font à l'hôpital, la logique voudrait que ces mêmes agents soient recrutés dans la fonction publique. Tel n'est pas le cas, car les internes, après 4 à 5 ans de formation, sont largués sur le marché du travail.
 
Les indemnités mensuelles des internes pas revalorisées contrairement aux autres agents de la santé
 
La rémunération des agents de santé a été revalorisée récemment en 2022, mais il n'y a que les internes qui constituent une exception à la règle. Il y a des inégalités entre les internes et les autres agents du ministère de la Santé. Les internes voudraient que leurs indemnités soient revues à la hausse, surtout que dans les hôpitaux, ce sont les internes qui font la plus grande partie du travail. "On peut même dire que les internes sont surexploités", narre notre source.
 
Un statut inexistant
 
La question du statut qui régit l'internat des hôpitaux est assez floue. Selon les syndicalistes, le dernier décret date de 1972 ; donc c'est devenu obsolète par rapport aux programmes que les candidats doivent préparer pour être admis aux concours. L'interne dans le système sanitaire ne sait pas la place qu'il occupe. Concrètement, les internes n'ont pas de statut, même s'il y a eu des assises de l'interne en 2019 et des décisions ont été prises mais pas appliquées.
Pourtant les internes avaient bien diagnostiqué le mal qui les rongent et ils avaient prescrit à leur tutelle dans un préavis de grève ce qu'il leur fallait pour se soigner. Dans le document, l'association avait motivé leur mécontentement par l'absence de réponse de la part de la tutelle à leurs nombreuses sollicitations, dont la plus récente remonte au 19 octobre dernier. L'Aiaihs exprime sa préoccupation quant au manque d'opportunités de dialogue pour aborder les enjeux relatifs à l'internat.
 
Samba THIAM
 
 
LES ECHOS

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