PAR LA ROUTE DEPUIS LVIV, PASSANT PAR LA POLOGNE ET L’ALLEMAGNE :El Hadji Pape Djibril Diaw raconte le sauve-qui-peut en Ukraine



 
C’est avec la chaîne Brut que El hadji Pape Diaw a accepté de raconter son parcours pour fuir la guerre en Ukraine. Le défenseur sénégalais du Rukh Lviv a pris sa voiture et a passé la frontière polonaise. Après une escale à Cracovie, il a poursuivi sa route, passant par l’Allemagne avant de rejoindre sa famille en France.  Il y a quelques semaines, El hadji Pape Diaw (27 ans), signait avec le club ukrainien de Rukh Lviv. En janvier, l’ancien joueur de Caen et Angers rejoignait Lviv, une ville située à 500 kilomètres à l’ouest de Kiev et à 70 kilomètres de la frontière polonaise. Diaw raconte sa frayeur et son parcours.
 
 
 
«On se disait qu’en 2022, il n’y aura pas de guerre en Europe parce que tout peut se régler autour d’une table»
 
 
 
« J’ai réussi à quitter le pays suite à cette situation, donc je vais raconter un peu comment ça s’est passé. On entendait parler de la situation donc nous, à notre niveau, le club nous parlait bien. Il nous rassurait un peu sur cette éventuelle attaque. Après, on se dit qu'en 2022, il n’y aura pas de guerre en Europe parce que tout peut se régler autour d’une table. On a été un peu surpris. Le matin du jeudi, on a été réveillé par une sirène. C’était l’alarme pour dire qu’il y’avait danger. C’est par la suite qu’on s’est renseigné pour savoir que les Russes ont envahi le pays.
Les bombardements étaient du côté de l’Est, mais on savait que tôt ou tard, ça pouvait arriver vers l’Ouest. Donc il fallait déjà, comme je le disais, chercher du carburant. Ce n’était pas évident parce qu’il y avait beaucoup de monde qui voulait en acheter, en trouver. L’autre problème, c’était qu’ils ne voulaient pas faire de plein pour une voiture donc il fallait en prendre un peu et essayer de faire avec.»
 
 
 
 
 
«Ma femme et ma fille, elles sont rentrées en France»
 
 
 
«J’étais à Rukh Lviv dans l’Ouest du pays donc à 1h30 de la frontière polonaise. Ma femme et ma fille, elles, sont rentrées en France parce que nous étions partis en Turquie en stage. Donc j’étais seul là-bas.»
 
 
 
«À 4km de la frontière, on se disait peut-être qu’on pouvait nous faire retourner»
 
 
 
«A la base on était trois, donc une fois à la frontière, il y a un autre qui nous a rejoints, parce qu’il avait du mal à franchir la frontière. Donc on a fini à quatre. C’était long, c’était long. Je pense que le plus compliqué dans ce trajet c’était la queue qu’il fallait faire pour passer la frontière polonaise, parce que c’était une queue qui commençait à 4km de la frontière. C’était le moment le plus compliqué.  C'était un moment stressant parce qu’on se disait peut-être qu’on pouvait nous faire retourner car on voyait des voitures aussi se faire refouler. Et nous on ne savait pas pourquoi ; donc on se disait qu’on pouvait aussi nous retourner à tout moment.»
 
 
 
«De Cracovie, j’ai pris la route pour la France en passant par l’Allemagne»
 
 
 
«De la Pologne je suis partie vers Cracovie. Donc j’ai dormi là-bas histoire de me reposer. Donc de Cracovie, j’ai pris la route pour la France en passant par l’Allemagne. C’était un long chemin mais bon avec toute l’adrénaline que j’avais en moi, je n'ai pas trop senti la route. Je l’ai plus sentie à mon arrivée en France.»
 
 
 
«Quand j’étais en Ukraine, je n’ai pas trop vu ce qui se passait. J’ai plus vu dans les médias quand j’étais en Pologne»
 
 
 
«Quand j’étais en Ukraine, je n’ai pas trop vu ce qui se passait parce qu’il fallait que je me concentre que comment quitter le pays. J’ai plus vu dans les médias quand j’étais en Pologne ce qui s’est vraiment passé. C’est là où j’ai su que j’avais eu de la chance parce que c’était vraiment dangereux.
Je suis arrivé sain et sauf, je rends grâce à Dieu de ce qu’il m’a offert parce que ce n’était pas évident. J’ai reçu beaucoup de soutien de la part des Sénégalais, beaucoup de prières aussi, beaucoup de messages et beaucoup d'appels donc je n’étais pas seul.
Vu que j’étais vers l’ouest, je suis parti tôt. Les Africains étaient plus du côté de Kiev et de Kharkiv. Le message que j’ai pour eux, c’est de leur dire de ne pas se décourager parce que même s’ils sont bloqués là-bas en ce moment, à tout moment, ils peuvent sortir. D’essayer aussi de contacter les ambassades pour voir quelle solution pour quitter le pays.»
 
 
LES ECHOS

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