PAPE NDIAME SENE, DAF DE L’ONPN: «Chaque année, nous sommes contrôlés par les organes habilités de l’Etat. S’il y avait une mauvaise gestion, ils seraient les premiers à le dire»



 
 
Interpellé sur les accusations portées contre le Directeur général et son équipe, la Direction de l’Office national des pupilles de la Nation a porté la réplique, via son Directeur administratif et financier (Daf). Pape Ndiamé Sène dégage en touche et répond point par point à l’accusateur. Non sans ajouter qu’ils savent bien de qui il s’agit, mais il se garderont de le discréditer, comme il tente de le faire avec eux, malgré qu’ils aient beaucoup à dire sur lui et les raisons qui ont poussé l’agence à se séparer de lui.
 
 
 
Le Daf de l’Onpn est formel. Les accusations de mauvaise gestion et surfacturation portées contre la Direction sont fausses. Car, jamais l’agence n’a été prise à défaut, malgré les contrôles récurrents. «On vient de clôturer l’audit de la gestion 2018. Chaque année, nous sommes contrôlés par les organes habilités de l’Etat : la Cour des comptes, des fois l’Ige, l’Inspection des finances. S’il y avait une mauvaise gestion, ils seraient les premiers à le dire. Nous avons même été audités par l’Ofnac et les enquêtes n’ont rien donné», soutient-il. Et d’ajouter : «nous sommes une agence d’exécution. Nous faisons la passation des marchés selon les règles de l’art. Il y a une commission composée de représentants de la présidence, du ministère de l’Économie et des Finances, du représentant du ministère de tutelle, du représentant de l’Office pour voir le moins disant. Il ne peut pas y avoir de surfacturations».
 
 
«C’est vrai, il y avait des enfants de membres du personnel, mais au nombre de 10 et c’était pour éviter la stigmatisation des pupilles»
 
A propos de l’accusation selon laquelle les enfants du personnel sont en nombre plus important que celui des pupilles, le Daf balaie en touche. En effet, Pape Ndiamé Sène trouve exagéré le nombre de 40 sur 60 colons. Selon lui, le chiffre est exagéré et il y avait une raison qui motivait la présence d’enfants autres que les pupilles dans les colonies. «C’est la vérité. En un moment donné, jusqu’en 2017, on envoyait chaque année 60 pupilles en colonie. Les 10 étaient des enfants du personnel, ou même des enfants de parents des pupilles. On tenait à les mettre avec d’autres enfants pour ne pas les stigmatiser ou pour qu’ils ne se sentent pas stigmatisés», explique-t-il. Non sans préciser sa disponibilité à donner la liste et les contacts des pupilles concernés et leurs tuteurs, pour vérifier «si ce sont des pupilles ou pas» qui participent aux colonies de vacances.
 
 
 
«Le Daf a été recruté sur la base d’un diplôme : un master 2 en finance et gestion publique, équivalent de la hiérarchie A»
 
«Le Daf a été recruté sur la base d’un diplôme. Un Master 2 en finance et gestion publique. Mieux que le Cv, je vous montre le diplôme. Voilà le diplôme du Daf (en l’exhibant), un Master 2, équivalent donc de la hiérarchie A. Sans compter les autres diplômes (Master en management de projet, Breveté de l’Ena, Cycle B, en administration générale entre autres)», explique Pape Ndiamé Sène. Qui ajoute que «le Daf est un haut fonctionnaire et un agent du ministère de l’Économie et des Finances en détachement». Dès lors, pour lui, «on ne peut pas dire que la procédure n’a pas été respectée». 
 
 
«De 2016 à maintenant, on a eu que 4 voitures. En tant qu’agence, on a 7 véhicules dont deux sont en état de vétusté très avancé»
 
 
Pour l’achat successif de véhicules par le Dg, son Daf soutient qu’il n’en est rien. Au contraire, à l’en croire, l’Office manque de voitures et celles qu’il a sont d’ailleurs vieilles. «Pour les véhicules, je vais vous donner un scoop. Le Conseil de surveillance s’est réuni vendredi dernier. Il a souligné que notre parc automobile est vétuste. Pour vous dire que ces accusations sont fausses. De 2016 à maintenant, on n’a eu que 4 voitures, soit une voiture par an. En tant qu’agence, on a 7 véhicules dont deux sont en état de vétusté très avancé. Si on voulait, on allait acheter jusqu’à quatre véhicules, parce qu’on a un budget pour ça. Rien que l’année dernière, on avait un budget de près de 40 millions pour acheter des voitures. Malgré cela, on n’a acheté qu’un seul véhicule. C’est vous dire que ces accusations de jouissances personnelles qu’on veut nous coller ne tiennent pas la route», soutient le Daf. Qui sur l’achat d’une voiture à 15 millions évoqué par leur détracteur, explique : «on parle de surfacturation pour une voiture payée à 15 millions. C’est encore des accusations fallacieuses. L’achat de véhicule obéit à des normes. Comment peut-on faire de la surfacturation, alors qu’on ne peut pas acheter de voiture chez les venants et autres ? Pour acheter une voiture, il faut avoir l’autorisation de la Présidence, avec la commission qui est là-bas. C’est une commission d’évaluation qui te donne l’autorisation d’acheter un véhicule. Ensuite, on envoie le plan de passation de marché à la Direction centrale des marchés, qui te donne l’autorisation, par rapport à ton budget annuel. En plus de cela, il y a la commission interne, composée de membres de l’Office, d’un représentant de la Présidence, d’un représentant du ministère… qui évalue les offres. On ne peut pas acheter une voiture comme on veut. Si on a acheté, c’est parce que la Présidence nous a dit : ‘’c’est bon, vous pouvez acheter’’».
Pour les 4 millions que l’Office aurait débourser pour une formation en prise de parole, notre interlocuteur note que notre informateur se trompe lourdement sur les chiffres. «C’est une seule personne qui a fait la formation et on a payé 300.000 F Cfa», dit-il.
 
 
 
«Celui qui fait ces accusations a épousé une … pupille. Quand on l’a su, tout le monde était choqué… C’est un manque d’éthique»
 
 
Soulignant qu’à l’Office, ils connaissent très bien la personne qui «passe son temps à calomnier» et à «saisir la presse», le Daf affirme : «nous connaissons celui qui fait ces accusations. Il a travaillé ici. C’est trop facile de calomnier les gens et de vouloir jeter le discrédit sur eux, juste parce qu’on a perdu son poste». Surtout que, pour lui, l’Office avait toutes les bonnes raisons de se séparer dudit agent. Qui, à l’en croire, a eu un comportement inacceptable. «Jamais vous n’entendrez le Dg ou moi-même dire des choses sur lui. Et pourtant on a beaucoup de choses à dire sur lui». En effet, sans vouloir entrer dans les détails, mais en soulignant avoir des éléments compromettants contre leur détracteur qui n’aurait pas eu le comportement approprié, aussi bien dans la gestion des colonies de vacances, qu’il avait en charge en un moment donné, que dans ses rapports et son comportement avec les pupilles. «On pouvait aller dans la presse comme il le fait, mais on a d’autres préoccupations. Par exemple, on nous a dit qu’il marchandait les colonies. C’est-à-dire qu’il disait à un directeur de colonie : donne-moi tant, je te donne la colonie», soutient Sène. Qui révèle : «demandez-lui qui est sa femme ? C’est une pupille. Oui, vous avez bien entendu. Quand on l’a su, tout le monde était choqué… C’est un manque d’éthique ; il y a conflit d’intérêt. C’est irresponsable et inacceptable pour son niveau de responsabilité à l’Office. Ces enfants on nous les a confiés pour qu’on s’occupe d’eux avec beaucoup de compassion, de délicatesse, de générosité, d’humanisme et surtout de responsabilité. Mais se permettre de se comporter d’une certaine manière avec eux, de leur faire la cour, jusqu’à en épouser et qu’on te renvoie…».
 
 
852 pupilles assistés, 150.000 F Cfa par trimestre, 230 bacheliers boursiers, 98 bourses d’études offertes
 
Pour lui, leur seule préoccupation est de veiller à l’épanouissement à tous les niveaux des pupilles. En ce sens, il rappelle que jusque-là, l’Office a assisté 852 pupilles de la Nation, dont 406 filles et 446 garçons. L’allocation mensuelle de 20.000 F Cfa au départ, payée par trimestre, est passé à 50.000 F Cfa par mois, soit 150.000 F Cfa le trimestre. 162 pupilles sont exonérés de frais de scolarité auprès des établissements privés, entre 2017 et 2019. 230 bourses entières sont octroyées en partenariat avec la Direction des bourses, qui donne la bourse d’office à tout pupille bachelier. 11 bourses des collectivités territoriales, 70 bourses du 3FPT, 17 bourses de l’Ong Open International ont été distribuées. De même que 21 stages et 4 contrats d’embauche ont été obtenus pour les pupilles.
Mbaye THIANDOUM
 
 

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