PAPE ABOU CISSE, DEFENSEUR OLYMPIAKOS: L’humilité personnifiée



 
 
À 25 ans, le défenseur des Lions n’a pas fini de courir. Il a encore de l’énergie à revendre et un avenir qui promet. Hors du rectangle vert, loin des vestiaires et des ambiances de matchs, qui est Pape Abou Cissé ?  Portrait.
 
Il a du culot et du talent. Car partir des abords du populeux marché Syndicat de Pikine, dans la banlieue dakaroise, et se retrouver à jouer la Ligue des champions, l’Europa Ligue ou encore la Super League, ce n’est pas donné à tout le monde. Mais il fallait le faire. Partir de rien et se retrouver à un niveau européen le plus élevé qui soit, voire mondial, il fallait oser. Et surtout le réussir. Un passage que Pape Abou Cissé a réussi. Un palier qu’il a franchi. Au point qu’il est devenu, à 25 ans, un international affranchi. Avec une Coupe de Grèce, un titre de champion de la Grèce, une participation à la Coupe d’Afrique des nations. Sans compter les nombreux matches de Ligue des Champions d’Europe en trois ans de présence à l’Olympiakos. Club auquel il reste encore lié jusqu’en 2022, après un passage à l’Ajaccio. Pour en arriver là, il a fallu qu’il s’entête. Et qu’il ose. En mettant un terme à ses études en classe de 3ème. Aujourd’hui, toute sa famille est plutôt fière de lui, de sa carrière et de son niveau de vie.
 
Son père ne voulait pas qu’il joue au foot
 
Pourtant, Pape Abou était destiné à être un basketteur, selon son oncle Cheikh Tidiane Ndione «Thialang» qui l’a poussé à être footballeur et qui a même été un jour menacé par le père du défenseur de l’Olympiakos : «si mon fils devient footballeur, je ne te le pardonnerai pas», se rappelle Thialang. Né dans une famille de 3 garçons et une fille, Pape Abou est d’une simplicité rare. Il n’a pas un air encore moins une tête de star. Il est d’une hauteur d’esprit et d’une maturité hors norme.
 
Noël à Pikine avec l’As Pikine
 
Venu pour passer les fêtes de Noël avec sa famille, Pape Abou Cissé, trouvé au stade Alassane Djigo de Pikine, n’avait rien qui montrait qu’il était un footballeur professionnel à part les yeux de ses admirateurs et fans qui étaient présents à l’entrainement de l’AS Pikine auquel il a participé jeudi dernier. Au sortir de la séance, en l’observant de loin, l’on pouvait s’apercevoir de son grand cœur et de son humilité. Il a pris le temps de parler et d’écouter tout ce beau monde autour de lui. Avec modestie, il n’a pas hésité à donner des cadeaux à presque tout le monde. Avec ses amis d’enfance, il n’a pas changé d’habitude : courses par ci par là, fou rire et parfois même il s’adonne à la lutte. «Quand on dit qu’un footballeur doit être humble, Pape Abou Cissé en est la réincarnation parfaite», se félicite son entourage.
 
 

La patience, le meilleur allié, selon Pape Abou Cissé. Le défenseur international sénégalais, dans cet entretien qu’il nous a accordé, confie qu’il se réjouit déjà de la confiance du sélectionneur national qui le sélectionne depuis près de deux ans, même s’il ne joue pas tout le temps. Le sociétaire de l’Olympiakos (Grèce) est revenu sur son parcours, sa relation avec Ousseynou Ba, mais aussi sur son avenir.
 
Les Echos : Pouvez-vous revenir brièvement sur votre parcours de footballeur professionnel ?
 
Pape Abou Cissé : J’ai démarré à l’AS Pikine en junior pour ensuite rejoindre l’équipe sénior avec les coachs Tapha Seck, Thialang (Cheikh Tidiane Ndione), Mass (Massamba Cissé) et Alassane Dia. C’est en 2012 que j’ai commencé à aller faire des essais en Europe. C’est en 2014 que j’ai rejoint Ajaccio en tant que stagiaire. J’ai fait là-bas 2 ans et demi avant de rejoindre Olympiakos.
 
Comment se passe cette saison 2020-2021 pour vous ?
 
Tout se passe bien. Actuellement, on est premier du championnat. On a joué en Champions League, malheureusement on a été éliminé. On a encore l’Europa ligue à disputer. On a eu 15 matchs de championnat et j’ai joué les 9. Je n’ai pas démarré la saison, mais on s’accroche. Mais bon ça va tout se passe bien.
 
Et pour votre bilan personnel ?
 
Comme je le dis souvent, dans ma carrière, tout est positif pour moi. Surtout à cette période où on joue des rôles dans les compétitions européennes. Quoi qu’il arrive, je reste positif.
 
Cette année a été quand même compliquée avec le Covid, le confinement, les matchs à huis clos. Comment l’avez-vous vécu ?
 
Tout d’abord, j’aimerais dire mon soutien à ceux qui ont perdu des proches. C’est une maladie compliquée qui a fait le tour du monde entier. Que ce soit les chrétiens ou les musulmans, tout le monde a été touché. Chez nous les sportifs, c’est plus compliqué. On joue nos matchs sans les supporters en plus des temps d’arrêt qu’il y a eu. Parfois un joueur peut être testé positif et rester un moment loin du groupe, c’est difficile. Mais grâce à Dieu, les choses reprennent petit à petit et tout se passe bien pour l’instant. Ce qui est bien, c’est qu’on joue au moins, mais ça reste compliqué.
 
Comment se passe la vie actuelle à l’Olympiakos ?
 
On joue des matchs chaque trois jours. Pratiquement on est ensemble tous les jours. On est ensemble à l’hôtel, au stade, à l’entrainement, on voyage tous ensemble….
 
Quelle est la relation que vous entretenez avec votre compatriote Ousseynou Ba?
 
Il m’a rejoint à l’Olympiakos, ce que je magnifie. On a le même agent. J’étais en Coupe d’Afrique quand il m’a dit qu’il s’apprêtait à venir signer à l’Olympiakos en quittant Ajaccio. Je lui ai dit que c’était une bonne nouvelle et que ça nous ferait plus de visibilité, surtout du côté du Sénégal. Pour moi, ça signifie une bonne chose que deux Sénégalais jouent dans un club comme l’Olympiakos. On est des frères. Ça fait 6 ans qu’on est ensemble.
 
Il vous a aussi rejoint en équipe nationale…
 
On est des compétiteurs. Il faisait une bonne saison quand Aliou (Cissé, sélectionneur national) m’a appelé pour me dire qu’il voulait aussi convoquer Ousseynou (Ba). Ça m’a fait énormément plaisir parce qu’Ousseynou est un guerrier et un bosseur. Malheureusement cette saison, il a été touché par le Covid mais il a repris. Il est dans une bonne dynamique. C’est une bonne chose. Tant qu’on peut enrichir l’équipe nationale, on n’hésitera pas.
 
Comment expliquez-vous votre faible temps de jeu en équipe nationale ?
 
Le Sénégal regorge de talents. Je rends grâce à Dieu de faire partie des 23 choisis par le coach Cissé. Après, le temps de jeu en équipe nationale dépend du coach, les choix lui appartiennent. En plus, l’équipe qu’il a mise en place tourne bien. L’avenir nous dira et on saisira notre chance. On essayera d’apporter à l’équipe une plus-value, le maximum possible.
 
Mais parfois le coach choisit de mettre un milieu en défense, par exemple Cheikhou Kouyaté, alors que vous en tant que défenseur vous restez sur le banc…
 
Pour moi, tout reste positif. Si tu as la chance d’être convoqué par le sélectionneur parmi 5000 ou 6000 joueurs dans le monde, c’est qu’il compte vraiment sur toi. Je ne parlerai pas de l’aspect tactique parce que c’est une question de choix, de coaching. Peut-être que le coach a vu que Cheikhou (Kouyaté) est fiable à ce poste et qu’il fait de bons matchs en plus de son expérience. Je prends les choses positivement. Je me dis que quand il sera l’heure de faire mon entrée, je le ferai.
 
Comment voyez-vous votre avenir en équipe nationale ?
 
On prie pour que Dieu nous donne la force de persévérer sur notre lancée. Je souhaite qu’on remporte la prochaine Can parce que le Sénégal a une grande équipe que je sois dedans ou pas. Le Sénégal a des joueurs qui ont une grande importance dans le monde entier. Je souhaite être parmi ceux qui amèneront le premier trophée continental aux Sénégalais.
 
Et avec l’Olympiakos, vous avez des propositions de contrat d’autres équipes ?
 
J’avais des touches avec Saint-Etienne, Rennes et avec des clubs turcs. Pour le moment, je continue à travailler avec beaucoup de patience dans mon club.
 
Vous revenez aussi souvent à l’AS Pikine votre club formateur et vous faites des dons. Voulez-vous nous en dire davantage ?
 
Je n’aime pas trop parler de ce que je fais parce que j’ai le même statut avec le simple supporter de l’équipe. J’ai tout fait à Pikine. J’ai commencé en tant que supporter avant de devenir joueur. J’ai revu des joueurs et des coachs qui ont contribué à ma carrière. Tout ce que je fais pour l’AS Pikine est naturel. Inchallah, le meilleur est à venir. Je souhaite un grand succès à l’équipe.
 
Vous avez aussi participé à une séance d’entrainement avec l’équipe Pro…
 
J’ai des amis, des frères qui sont dans l’équipe. Je suis venu les encourager, les booster. Je suis venu apporter le peu d’expérience que j’ai en toute modestie. Je suis venu m’entrainer avec eux pour les encourager vraiment à aller de l’avant.
 
 
LES ECHOS

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