Amnistie, grâce ; Palla Samb, le maire de Fann-Point E, n’a que faire. Ce qui compte, pour lui, est que Khalifa Sall soit libéré. Dans cet entretien téléphonique accordé à «Les Échos», il se prononce également sur son différend avec Karim Fofana et Lassana Gagny Sakho. Mais aussi l’actualité au Ps. Par rapport à l’affaire Guy Marius Sagna, il dit que son arrestation est anormale ; il doit être libéré.
M. le maire, il est depuis quelques jours question de la construction d’un mur qui vous oppose au ministre Abdou Karim Fofana et Lassana Gagny Sakho de l’Onas. C’est quoi le problème ?
Ce qui se passe, c’est très simple. Le boulevard du canal 4 au niveau de Fann-Hock, qui est en face des maisons. Vous savez que le canal, c’est un canal à ciel ouvert avec des fers qui datent des années 1940. Ce que j’ai fait, c’est remplacer ces fers par un mur. J’ai mis ce mur pour trois raisons : premièrement, pour un problème de sécurité, parce que les enfants commençaient à grimper sur le fer et s’ils tombent à l’intérieur, c’est fini, vu la profondeur du canal. Deuxièmement, les populations, à chaque fois qu’ils ont des déchets et autres, c’est dans le canal qu’elles viennent les jeter. Ce mur va donc empêcher les populations de jeter leurs ordures dans le canal. Trois, c’est un problème de cadre de vie. Je suis en train de faire le pavage sur les deux côtés pour ensuite installer des bancs publics, installer le Wifi pour permettre aux populations d’avoir leur espace détente. Qu’est-ce qu’il y a de mal à ça ? certains hommes politiques de la commune se disent que si le maire réussit ce projet, on n’aura plus rien à dire aux populations de Fann lors des prochaines locales. Ils ont activé les réseaux au niveau de l’Etat pour essayer de trouver des arguments qui ne tiennent pas, pour bloquer ce projet. Quand le Directeur de l’Onas nous dit que ce mur empêche ses équipes d’avoir accès au canal, ce n’est pas sérieux.
De l’autre côté de la Gueule Tapée : de la corniche jusqu’à Delafosse, c’est des cantines. Pourquoi ces cantines ne gênent personne ? c’est le mur du maire qui gêne. C’est purement politique et ce sont des hommes politiques de la commune qui sont derrière tout ça. Ce ne sont pas les jeunes de l’Apr. Aucun jeune de l’Apr ! je suis avec des jeunes qui sont de la mouvance, mais aucun d’entre eux ne s’oppose à ce projet et pourtant, ce sont des responsables politiques dans leur commune. Toutes les sensibilités (politiques) confondues sont pour le projet. Ce qui se passe, c’est juste que, quand on n’est pas avec la mouvance présidentielle, on ne doit pas travailler et ça ce n’est pas bien. Je suis maire d’une commune, élu pour travailler. Je suis élu pour améliorer le cadre de vie des populations. Mon budget, le conseil municipal le vote chaque année pour que je puisse travailler et cet argent sert à réaliser des projets. Ce que je fais, je le fais avec le consentement des populations ; je ne vois vraiment pas pourquoi je dois arrêter parce que simplement il y a des calculs politiques.
Vous êtes aussi responsable socialiste et aujourd’hui, le débat qui se pose, c’est celui de l’après Tanor, de sa succession notamment. Mais aussi des retrouvailles qu’il a appelées de tous ses vœux avant de quitter ce bas monde. Avez-vous un commentaire particulier à faire ?
Pour ce qui est du Parti socialiste, je pense que lorsque le président Ousmane Tanor Dieng avait émis l’idée des retrouvailles de la famille socialiste, tout le monde était d’accord. Tout le monde est pour ces retrouvailles, parce que nous sommes avant tout des socialistes. Nous sommes nés socialistes et nous resterons toujours socialistes.
Nous avons été exclus du Ps, mais nous n’avons jamais reçu de notification. Or, pour que cette exclusion soit effective, il y a des procédures.
D’abord, il y a la commission de discipline qui doit entendre le mis en cause et qui présente son rapport après. Ensuite, il y a notification de l’exclusion. Tout cela n’a pas été fait. Nous n’avons ni été entendus par la commission de discipline, ni reçu de notification. C’est par la presse que nous avons été informés de notre exclusion du parti. Ce n’est pas donc une exclusion. Nous considérons que c’était juste pour marquer un coup politique ; ils l’ont fait. C’était un coup médiatique ; ils l’ont réussi. Mais ils savent pertinemment que ce n’est pas une exclusion. Maintenant, pour ce qui est des retrouvailles, les responsables doivent se mettre autour d’une table pour trouver les voies et moyens de discuter et de voir les perspectives qui s’offrent au parti.
Justement, certains pensent que Khalifa Sall doit d’abord être libéré pour que ces retrouvailles puissent aboutir…
Pour ce qui est du cas Khalifa Sall, le seul souhait que j’ai est qu’il soit libéré. Qu’il rentre chez lui ! Grâce, amnistie, je ne suis pas dans ça…il a plus que duré en prison alors qu’il n’a rien fait. Qu’on le laisse rentrer chez lui. Pour le reste, on verra après.
Barthélemy Dias a annoncé qu’il va aller rencontrer Aminata Mbengue Ndiaye pour discuter de ces retrouvailles. C’est quoi la position de Palla Samb par rapport à tout ça ?
Si Barth trouve qu’il doit aller rencontrer les responsables, je n’y vois aucun inconvénient. Ce qui est important est que les gens se retrouvent sur des bases très claires. C’est cela le plus important et c’est cela l’essentiel. Aminata Mbengue Ndiaye, elle était secrétaire général adjoint. Avec le décès de Tanor, je pense qu’elle peut assurer l’intérim provisoirement, puisque le parti ne peut pas rester comme ça ; il faut que le parti soit administré, en attendant la convocation du comité central et tout. Je n’ai aucun problème par rapport à ça.
Quel commentaire vous inspire l’affaire Guy Marius Sagna qui défraie la chronique ?
Ce n’est pas normal, il doit être libéré ! Dans ce pays, il faut que les gens acceptent la contradiction. Tout le monde ne peut pas être avec le pouvoir. Tout le monde ne peut pas être avec le Président Macky Sall, ce n’est pas possible. Nous sommes un pays démocratique et il faut que les gens acceptent la contradiction, c’est le minimum quand même. Moi, c’est l’appel solennel que je lance au président de la République, M. Macky Sall : il vient d’être élu ; il a son second mandat. Il doit utiliser son second mandat pour instaurer un Etat démocratique et juste dans ce pays. C’est son devoir. C’est le message solennel que je lui lance.
Propos recueillis par Madou MBODJ