Ndeye Madjiguène Sarr, après avoir échappé à un mandat de dépôt, a aussi échappé à une peine de prison devant le tribunal des flagrants délits de Dakar devant lequel elle a comparu vendredi dernier, 13 mars 2025. Fille d'un ancien magistrat, elle a été relaxée au bénéfice du doute pour outrage à agent.
Ndèye Madjiguène Sarr, fille d'un ancien magistrat, a fait face au juge du tribunal des flagrants délits de Dakar vendredi dernier, 13 mars 2025, pour outrage à agent. Cette esthéticienne a eu ces démêlés avec la justice à cause d'un tapage nocturne présumé. Les faits pour lesquels la prévenue Madjiguène Sarr a comparu en liberté provisoire ont eu lieu à Dalifort, où elle est domiciliée. Selon le récit des enquêteurs, cette mise en cause qui vit aux alentours de l'unité de gendarmerie de la localité avait dans la soirée du 9 mars 2025, vers 22h, augmenté le volume de sa radio, provoquant ainsi un tapage nocturne. C'est ainsi que le voisinage a alerté les limiers qui se sont vite présentés chez elle. Sur place, les gendarmes l'ont sommé de baisser le son. Ce qu'elle a fait sans broncher. Néanmoins, le lendemain encore, 10 mars vers 23h, elle revient encore à la charge avec le même tapage. La dénonciation tombe encore. Les agents, cette fois-ci, sont revenus accompagnés du commandant de la gendarmerie. Quand ce dernier lui a intimé l'ordre de baisser la sonorisation, elle aurait répondu en présence de son frère : «j'attends votre convocation».
Ce sont ces propos qui lui ont valu son arrestation pour outrage à agent. Curieusement, l'enquête de voisinage menée par les agents a permis de constater qu’aucun des dénonciateurs des actes de Ndèye Madjiguène Sarr n'a osé témoigner publiquement, vu son caractère belliqueux. D'après toujours le récit des enquêteurs, même l'imam du quartier, entendu au téléphone sous anonymat, a affirmé vivre le calvaire sans rien pouvoir faire.
Interrogée sur cette manière dont elle a augmenté le son en écoutant ces chants religieux, la prévenue déclare : «j'habite dans une enceinte de plus de 1500 m2 et depuis trois ans, je me comporte de la sorte». Concernant les propos jugés outrageants qu'elle a tenus après les injonctions du commandant, Madjiguène Sarr, 30 ans, de rétorquer : «je lui ai dit que j'attendais sa convocation parce que les agents qui sont venus la veille m'ont clairement notifié que s'ils reviennent pour la même raison, je serai convoquée».
À la barre du tribunal, cette mariée sans enfant a plaidé non coupable malgré les explications détaillées qu'elle avait faites devant les enquêteurs. Elle a déclaré n'avoir pas été élevée de cette façon pour parler ainsi puisqu'elle respectait tout le monde. Avocat de la défense, Me Iba Mar Diop a plaidé sa relaxe. Ce dernier, qui conteste les faits imputés à Madjiguène Sarr, a expliqué au tribunal que le père de sa cliente fut un grand magistrat. Son confrère, Me Étienne Ndione, a, pour sa part attesté que dans cette affaire, le commandant a vu rouge. «On lui a dit qu'elle a récidivé. C'est pour ça que le commandant est retourné en civil dans la maison à 23h. Il n'y a pas eu outrage. S'il y a outrage, ce sont juste les mots qu'elle a dit à savoir ‘’j'attends votre convocation"», a tonné le conseil qui dit confier la mise en cause au tribunal. Finalement, Ndèye Madjiguène Sarr a été relaxée au bénéfice du doute. Mais avant qu'elle ne quitte la barre, le juge a tenu à lui confier ces recommandations. «Ça ne sert à rien de faire du bruit. Tu as des voisins. Il ne faut pas te distinguer comme ça dans le quartier", lui a-t-il conseillé.
Fatou D. DIONE