OUSSEYNOU FAYE, ARCHITECTE, PRESIDENT DU M2R : «Ce qu’on reproche à Sonko, encore que c’est faux, est mille fois meilleur que ce que Macky Sall est en train de faire»




 
 
 
Après l’annulation de la présidentielle et le prolongement de son mandat par l’Assemblée nationale, le président du Mouvement pour la renaissance républicaine estime que le Président Macky Sall est en train de faire pire que les crimes reprochés à son principal opposant Ousmane Sonko et qui sont infondés. Il a aussi théorisé un gouvernement parallèle après le 2 avril si Macky Sall décidait de se maintenir au pouvoir.
 
 
 
La vague d’indignation se poursuit dans la classe politique suite à la décision du président de la République d’annuler le décret convoquant le corps électoral. C’est au tour du Mouvement pour la renaissance républicaine (M2r), un parti allié qui a contribué, à deux reprises, à l’élection du Président Macky Sall, qui s’insurge par le biais de son président Ousseynou Faye contre ce coup de force. Le patron du M2r est d’autant plus outré que le chef de l’Etat, dit-il, a foulé aux pieds ses convictions politiques et valeurs partagées lorsqu’ils se sont rencontrés en 2010. «Lorsqu’on s’est rencontré au lendemain de ses problèmes politiques avec le Président Wade, il disait ne plus reconnaitre son mentor Me Wade qui multipliait les dérives autoritaires. Ce, suite à la convocation de Karim Wade à l’Assemblée nationale pour audition dans le cadre des chantiers de l’Anoci. Une décision qui a failli également lui coûter la prison, n’eut été l’intervention du défunt Khalife des Mourides, Serigne Bara Mbacké», rappelle l’architecte. Macky Sall, ajoute Ousseynou Faye, avait ainsi juré, une fois à la tête du pays, de s’engager pour une gouvernance sobre et vertueuse marquée par l’équilibre des pouvoirs. En plus de ramener son mandat à cinq ans, entre autres confessions qui ont fait tache d’huile auprès des Sénégalais. «Aujourd’hui, il fait tout sauf ce qu’il avait promis», regrette le patron du M2r, avant de poursuivre :  «Ousmane Sonko a été qualifié de salafiste, de terroriste, de violeur et trainé dans la boue. Ce qu’on reproche à Sonko, encore que c’est faux, est mille fois meilleur que ce que Macky Sall est en train de faire. Sonko a eu raison des Sénégalais. En dépit de ces accusations, il a obtenu gain de cause par la justice, mais sa candidature a été confisquée pour des raisons politiciennes», charge Ousseynou Faye, avant de marteler : «je ne parlerai pas de coup d’Etat institutionnel, mais de respect aux Sénégalais. Macky Sall ne respecte pas les Sénégalais. C’est le gardien de la Constitution, et quand on viole les dispositions de la Constitution, c’est un parjure, un manque de respect notoire au peuple sénégalais», tranche l’architecte et non moins responsable politique.
 
Un gouvernement parallèle
 
En outre, le président du M2r estime que le chef de l’Etat, en prenant cette décision inique à la veille de la campagne électorale a fait exprès parce que, dit-il, il n’a jamais été prêt pour aller aux élections. «Il sait aussi très bien qu’il n’a pas de candidat. Mais, c’est leur problème. Ce n’est pas parce qu’il y a une crise interne en leur sein qu’il veuille prendre en otage les Sénégalais. Ce conflit entre le législatif et le judiciaire n’est qu’un prétexte fallacieux et inacceptable pour reporter les élections», indique-t-il, persuadé que cette décision ne sera pas sans conséquences. Passé le 2 avril, dit-il, Macky Sall ne sera plus président de la République du Sénégal. «Il va partir, sinon l’opposition mettra en place un gouvernement parallèle», menace-t-il. Non sans inviter les candidats à poursuivre la campagne électorale et la population à se mobiliser pour l’organisation de la présidentielle avant le 2 avril. «Le chef de l’Etat doit revenir à la raison car il a toujours la possibilité d’organiser l’élection présidentielle 35 jours avant la fin de son mandat», précise M. Faye.
Dans cette dynamique, il a appelé la Gauche et les responsables de Benno épris de justice et de démocratie à se dresser contre cette décision du Président Sall et à se mobiliser pour le respect du calendrier électoral. «Le chef de l’Etat doit reculer. Le Conseil constitutionnel ne peut pas se contredire. Il a fait un travail et ce travail a été bouclé », tranche le responsable politique. Il a, par ailleurs déploré la démarche sectaire de l’ancien Premier ministre, Mahammed Boun Dionne, favorable au dialogue. «Ne serait-il pas le futur candidat de Benno ?», s’interroge l’architecte.
 
M. CISS
 
 
 
 
 
 
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