OBLIGATIONS EN TERMES D’ENGAGEMENTS SOCIAUX ET D’ENVIRONNEMENT DANS LE SECTEUR EXTRACTIF: Quand l’Etat encaisse et ne réhabilite pas les sites exploités du secteur extractif




 
 
 
Dans le secteur extractif, nombreux sont les sites déjà exploités et abandonnés avec des trous béants. Pourtant, de l’avis de l’expert en environnement, Idy Niang, l'Etat, lorsqu'il attribue un permis d’exploiter, le promoteur paie la réhabilitation à La Cdc. En d’autres termes, il appartient à la Cdc de réhabiliter lesdits sites. Ce qui n’est pas le cas. En outre, il a déploré le faible taux 1% de mise en œuvre du Plan de gestion environnementale et sociale qui, à l’en croire, est le premier niveau de responsabilité sociétale d’entreprise.  
 
 
 
Dans le cadre du programme pour la transparence et la redevabilité dans le secteur extractif au Sénégal, un atelier de renforcement de capacités de journalistes a été organisé par le Forum civil sur « les sources de données et l’identification des obligations de l’Etat et des entreprises » dans ledit secteur. L’expert en environnement Idy Niang, sur le thème des obligations des entreprises en termes d’engagements sociaux et environnementaux dans le secteur extractif, est revenu sur la responsabilité sociétale d’entreprise et la réhabilitation des sites miniers. « C’est un principe de respecter les préoccupations environnementales et sociales pour les entreprises du secteur extractif. Il y a des carrières qui fonctionnent et qui n’ont pas jusqu’à présent d’étude d’impact environnemental et social. D’autres n’ont pas de Plan de gestion environnementale et sociale (Pges) et même si elles disposent du Pges, sa mise en œuvre n’est pas effective », explique d’emblée Idy Niang qui en veut pour preuve les déclarations du secrétaire général du ministère de l’Environnement en 2019, au terme d’une visite à Kédougou et dans les régions qui abritent les sociétés du secteur extractif en compagnie de son ministre de tutelle et de celui des Mines et de la Géologie. « Pour les Plans de gestion environnementale et sociale, nous étions à moins de 1% de mise en œuvre », rapporte l’expert qui en déduit que « c’est grave ». Or, dit-il, c’est le premier niveau de responsabilité sociétale d’entreprise. A Ngoudiane, par exemple, où il y a près de 20 carrières qui sont exploitées, il est impossible, dit-il, d’y rouler, le jour en voiture sans allumer les phares à cause de la pollution.
 
Le casse-tête de la réhabilitation des sites déjà exploités
 
Pire, il révèle que certaines entreprises s’y sont implantées avant 2000 et n’ont pas d’étude d’impact environnemental. D’autres sociétés, déplore-t-il, après plusieurs années d’exploitation, ont tout simplement mis la clé sous le paillasson sans procéder à la réhabilitation des sites exploités. Pourtant, l’expert révèle que lorsque l’Etat attribue un permis d’exploiter, le bénéficiaire paye la réhabilitation. Et, le montant est déposé à la Caisse des dépôts et consignation (Cdc). Avant de se désoler de constater que la Cdc n’ait jamais entrepris de réhabiliter les sites déjà exploités. En ce qui concerne la surveillance environnementale pour mesurer et quantifier les émissions qui sont issues des activités d’une société, si elle n’est pas bien menée, souligne l’expert, il y a toujours des défaillances dont les conséquences peuvent être nuisibles aussi bien sur l’environnement que les travailleurs. Il cite en exemple les produits chimiques au niveau des cheminées des Ics. « Les Ics ont des filtres et un système qui permet aux filtres de fonctionner pour ne pas faire des émissions dans l’atmosphère. Mais, quand il y a des dysfonctionnements dans le système des filtres, il y a un lâcher au niveau des cheminées et sur un rayon d’un km, plus rien ne peut vivre pratiquement. Tous les champs de mangues autour des Ics ont disparu », fait-il remarquer. A l’en croire, si l’usine des Ics veut être performante, elle doit relever le défi de la surveillance environnementale. A cet avis, il est d’avis que le Plan de gestion environnementale et sociale doit être géré par un cabinet extérieur. En outre, il est revenu sur l’impact environnemental des projets qui est à l’origine d’incompréhension entre populations bénéficiaires et promoteurs. Il a ainsi rappelé les audiences publiques entre les populations de Diass et le ministre Modou Diagne Fada concernant le centre d’enfouissement technique de Diass. En effet, la population a compris le déplacement de Mbeubeuss à Diass et la délégation du ministre a eu un accueil hostile. A peine la rencontre commencée, ils ont été chassés à coups de pierres. Ce qui fait dire à l’expert que les autorités ont très mal communiqué sur ce projet. Pire, il révèle que l’Etat a perdu dans ce projet 15 à 20 milliards francs Cfa en termes de voyage des jeunes de la localité en Italie pour découvrir des centres d’enfouissement technique, en plus d’une centaine de bennes tasseuses brûlées lors des manifestations du 23 juin. La même remarque a été faite dans les zones aurifères avec des audiences publiques qui se terminent souvent en queue de poisson. C’est parce que, dit-il, quelque chose n’est pas clair.
 
M. CISS
 
 
LES ECHOS

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