NOUVEAU RAPPORT DE L'INITIATIVE MONDIALE CONTRE LA CRIMINALITE TRANSNATIONALE ORGANISEE SUR L'AFRIQUE DE L'OUEST / La carte du trafic de drogue, de la traite des êtres humains et du trafic de faux médicaments à travers Dakar dévoilée



 
 
Les économies illicites sont des sources majeures de financement pour d'innombrables acteurs armés à travers l'Afrique de l'Ouest, et de nombreux marchés illicites contribuent à l'augmentation de la violence, notamment le trafic d'armes. Selon le dernier rapport de l'Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée, l'Afrique de l'Ouest connaît des «niveaux sans précédent» de violence armée alors que le commerce de la cocaïne a fini de modifier les itinéraires en Afrique de l'Ouest pour éviter les conflits armés. En ce qui concerne le Sénégal, le rapport énumère les villes de Dakar, Mbour, Touba et Médina Gounass comme les points chauds du trafic de cocaïne. Pendant ce temps, l’Aéroport international Blaise Diagne, Kaolack, Jegue, Kolda, Vélingara, Tambacounda et Kidira sont identifiés comme les points de transit ou points de passage. Le rapport ajoute que Dakar est une ville d'origine et de destination importante pour les victimes de la traite des êtres humains et une plaque tournante du trafic de faux médicaments, principalement géré par des pharmaciens et de ressortissants chinois.
 
 
 
 
 
Alors que la fréquence des guerres civiles à grande échelle a considérablement diminué au cours des deux dernières décennies, la chute de Kadhafi en Libye et le soulèvement dans le Nord du Mali en 2012 ont déclenché une vague d'instabilité qui continue de s’amplifier à ce jour. Parmi les principales menaces sécuritaires qui pèsent sur la région du Sahel figurent l'extrémisme violent et les groupes djihadistes. De 2020 à 2021, les violences liées aux groupes militants islamistes au Sahel ont presque doublé. Le nombre de victimes de ces attaques est en augmentation et des millions de personnes ont été déplacées, en particulier au Burkina Faso, qui est devenu l'épicentre de la violence. Cependant, alors que de nombreux acteurs armés opérant au Sahel souscrivent aux interprétations extrémistes du jihad islamique, le moteur de la prolifération continue des groupes extrémistes violents dans la région est une combinaison de divers problèmes structurels profondément enracinés. Il s'agit notamment de la corruption, de la mauvaise gouvernance, de l'impunité parmi les forces de sécurité de l'État et de la marginalisation socioéconomique des communautés dans des pans entiers de la région.
Cependant, selon le dernier rapport de l'Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée, il existe un autre facteur important de conflit et d'instabilité, non seulement au Sahel, mais dans d'autres pays comme le Nigéria, le Cameroun et le Sénégal, entre autres. Dans cette partie du continent, note le rapport, les économies illicites sont des sources majeures de financement pour d'innombrables acteurs armés à travers l'Afrique de l'Ouest, et de nombreux marchés illicites contribuent à l'augmentation de la violence, notamment le trafic d'armes.
 
 
Dakar, Mbour, Touba et Médina Gounass : les points chauds du trafic de cocaïne au Sénégal
 
 
Le rapport énumère les villes de Dakar, Mbour, Touba et Médina Gounass comme les points chauds du trafic de cocaïne au Sénégal. Pendant ce temps, l’Aéroport international Blaise Diagne, Kaolack, Jegue, Kolda, Vélingara, Tambacounda et Kidira sont identifiés comme les points de transit ou points de passage.Selon le rapport, l'activité financière florissante de Dakar fait de la ville une plaque tournante du blanchiment d'argent, avec les bénéfices du trafic de drogue en Guinée-Bissau, ainsi que d'autres sources de revenus illicites, connues pour être investies dans le marché de la construction en plein essor de Dakar.  «Le trafic de drogue (cannabis, cocaïne, héroïne, amphétamines et méthamphétamine) est très répandu à Dakar. Le cannabis cultivé dans la zone des Niayes est vendu par de petits dealers dans des quartiers comme Niary Tally, Grand Dakar et Yoff, ou dans les faubourgs de Thiaroye, Pikine et Guédiawaye. Plusieurs variétés de cannabis sont utilisées à Dakar, dont le «Vert de Mboro, le Lopito du Ghana, le Ganila du Mali, et même une variété colombienne appelée Salsa», lit-on sur le rapport.
 
 
les principaux centres de distribution intérieure de cocaïne
 
 
Le document d’ajouter que la consommation et le trafic de cocaïne sont également répandus. Des quartiers tels que la rue 5 à Médina sont considérés comme les principaux centres de distribution intérieure de cocaïne, avec de nombreux réseaux criminels composés de Sénégalais, de Bissau-Guinéens, de Guinéens et de Nigérians qui y opèrent. La cocaïne fait l'objet d'un trafic important et est consommée dans des quartiers résidentiels tels que Ngor, Almadies, HannMaristes et Ouest Foire. Des violences ont commencé à éclater autour du trafic de cocaïne dans certaines localités, faisant souvent des victimes. Keur Massar serait un site fréquent d'affrontements entre gangs de la drogue pour le contrôle du marché, tandis qu'à Thiaroye, de violentes altercations se produisent entre les forces de l'ordre et les trafiquants de drogue.
 
Dakar, plaque tournante du trafic de faux médicaments….
 
«Dakar est également une plaque tournante du trafic de faux médicaments, principalement géré par des membres d’une confrérie, avec la complicité de médecins, de pharmaciens et de ressortissants chinois. Dans les marchés de Sandaga et de Keur Serigne Bi (Maison du Marabout), le secteur informel permet le trafic de drogues et de médicaments illicites. Ce commerce est répandu dans le secteur informel de Dakar et est protégé ou ignoré par l’Etat du Sénégal», rapporte encore le document.
 
 
… Mais aussi ville d'origine et de destination de la traite des êtres humains
 
 
Dakar, dit le rapport, est également une ville d'origine et de destination importante pour les victimes de la traite des êtres humains, y compris les enfants contraints de mendier. Les victimes sont originaires du Mali, de Guinée-Bissau, de Gambie et du Sénégal et sont souvent recrutées avec la promesse d'une éducation religieuse. Chaque année, un nombre important de filles sont trafiquées du Sénégal vers les pays du Golfe, où elles sont exploitées. Des jeunes femmes victimes de la traite des êtres humains en provenance de Chine seraient exploitées sexuellement à Médina et dans certains quartiers résidentiels tels que Point E et Plateau. «Plus récemment, des formes de cybercriminalité ont explosé à Dakar, conséquence de la pandémie de Covid-19. Les ressortissants nigérians jouent un rôle important sur ce marché, le phishing et l'escroquerie étant particulièrement répandus».
En définitive, la montée de la violence armée et de l'instabilité au Sahel a entraîné ces dernières années une augmentation des coûts du trafic, en particulier de produits de grande valeur tels que la cocaïne et les armes. «Ce niveau élevé d'instabilité sur les routes terrestres transsahéliennes a déplacé davantage de trafic vers les routes maritimes», indique le rapport, notant que le littoral de près de 17.000 km qui s'étend le long de 13 pays d'Afrique de l'Ouest joue un rôle crucial dans les flux illicites transnationaux et transcontinentaux. «Des approvisionnements en vrac de cocaïne ont commencé à être fréquemment transférés de la Guinée-Bissau via le Sénégal et vers la Mauritanie, d'où des bateaux de pêche sont ensuite utilisés pour transporter la marchandise vers l'Europe. Alternativement, la cocaïne est conduite au-delà de la frontière sénégalaise, au Mali, puis en Mauritanie», dit encore le rapport.
 
 
Sidy Djimby NDAO
 
 
LES ECHOS

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