Oumar Maham Diallo a été nommé lundi dernier Doyen des juges d’instruction de Dakar. Le magistrat qui remplace Samba Sall à son poste hérite ainsi des grosses affaires dont certaines sont appelées des «dossiers signalés», des dossiers à gros enjeux et qui intéressent au plus haut point la chancellerie. Va-t-on le laisser travailler comme il le souhaite ? Pourquoi l’a-t-on choisi ? Saura-t-il se défaire des pressions internes ou externes et gérer les affaires en toute impartialité ? En somme, que sait-on de Oumar Maham Diallo ? Des avocats donnent leurs points de vue.
L’affaire Ousmane Sonko/Adji Sarr, l’affaire Fallou Sène, celle des narcotrafiquants, celle de Batiplus etc., autant d’affaires qui reposent désormais sur la responsabilité de Oumar Maham Diallo. Ces dossiers sont d’autant plus importants qu’ils intéressent plusieurs personnalités politiques ou hommes d’affaires. La chancellerie parfois également intéresséegarde un œil sur ces affaires au point de vouloir mettre la pression au gré de ses intérêts. Et si l’Etat exerce sa pression et que les avocats jouent leur partition, cela peut devenir une pression suprême sur le magistrat instructeur. Le nouveau Doyen des juges est-il la bonne personne pour la chancellerie dans la gestion de ces «dossiers signalés» ? Va-t-il gérer en toute impartialité ces dossiers ? A-t-il l’étoffe pour gérer ce cabinet ? L’avis des avocats sur le juge d’instruction du Premier cabinet.
Me Moussa Sarr : « j’ai un préjugé favorable, mais on le jugera à l’épreuve des faits»
«Je le connais depuis l’université. C’est un promotionnaire. C’est un magistrat compétent, courtois, un hommehumble, disponible avec une très grande capacité d’écoute. J’ai un préjugé favorable, mais on le jugera à l’épreuve des faits».
Me Ciré Clédor Ly : «je le connais très sérieux et courageux»
«Je le connais sérieux, courageux et c’est aussi quelqu’un qui a sa conscience. A-t-il donné des gages ? Cela m’étonnerait. Pourquoi on l’a mis là-bas ? Wait and see !»
Me Baboucar Cissé : «j’ai confiance en lui. Il fait son boulot sans aucune forme de compromis ou de compromission»
«C’est un excellent juge d’instruction. Quelqu’un de très humble, très courtois et très ouvert. J’ai horreur qu’on me parle du dossier Ousmane Sonko alors qu’il y a plus de 500 dossiers et des gens qui sont en prison là-bas qui n’attendent qu’à être fixés sur leur sort. Donc qu’on arrête de vouloir polariser carrément le premier cabinet d’instruction sur l’affaire Sonko/Adji Sarr. Il faut qu’on arrête ça ! C’est une affaire comme toutes les autres affaires. La priorité des priorités pour le juge d’instruction, c’est d’abord de faire en sorte que ceux qui sont là-bas depuis plusieurs années soient jugés le plus rapidement ou qu’ils soient fixés sur leur sort. Il ne peut pas venir et immédiatement commencer par l’affaire Adji Sarr/Ousmane Sonko. Ce serait une justice à deux vitesses alors que la justice doit être équilibrée. Pour la gestion du premier cabinet, je crois que c’est quelqu’un qui a la tête sur les épaules, qui a du caractère aussi. Il est courtois, mais il a du caractère. Donc j’estime que c’est quelqu’un qui va gérer le premier cabinet de main de maître. J’ai, en tout cas, confiance en lui. Il est gentil, très courtois mais il fait son boulot sans aucune forme de compromis ou de compromission».
Me Ibrahima Mbengue : «il y a de l’espoir»
«C’est une bonne personne. Il est gentil et très courtois. Il vient d’être nommé comme juge d’instruction au premier cabinet, il y a de l’espoir, mais je ne peux pas en dire plus»
Alassane DRAME