La ministre des Pêches a démenti les arguments avancés par l’Union Européenne sur le non-renouvellement de l’accord de pêche signé en 2019. Face à la presse, Dr Fatou Diouf a démonté méticuleusement les arguments de son partenaire.
Une semaine après la sortie de l’Union Européenne sur les causes du non-renouvellement des accords de pêche signés en 2019 avec l’Etat du Sénégal, la ministre de tutelle a porté la réplique. Contrairement à l'Union Européenne qui indexe «des défaillances constatées depuis plusieurs années de la part du Sénégal dans la lutte contre la pêche illicite», la ministre des Pêches délivre la version officielle du Sénégal. «Le 11 novembre, j’ai adressé une lettre à l'Union Européenne pour lui rappeler non seulement l’expiration du contrat, mais aussi signifier qu’à compter de cette date, le 17 novembre, que leurs navires n’ont plus le droit de pêcher dans nos eaux. Contrairement à nos prédécesseurs, nous avons instruit le directeur des Pêches à faire une évaluation de l’accord, car les régimes précédents se contentaient du rapport d’évaluation présenté par l’Union Européenne pour renouveler. Le Sénégal n’a jamais fait une évaluation. Nos experts y travaillent toujours. Le Sénégal n’est pas dans la logique d’une continuité de l’accord, mais plutôt l'évaluation», informe la ministre à la conférence de presse hier à Diamniadio. Un prétexte qu’elle juge fallacieux, car «l’accord qui nous liait avec eux est clair. Il n’est aucunement prescrit de mise en demeure ou de reconduction tacite. Le plus important, c’est la notification de la fin du contrat», précise-t-elle.
Revenant sur le contenu des accords, Madame Diouf révèle les chiffres du manque à gagner de l’Etat du Sénégal. «Sur les 10 milliards de la totalité de la somme que le Sénégal devait recevoir, nous n’en avons reçu que 06 milliards. L'Union Européenne doit presque 02 milliards à l’Etat du Sénégal. Sur la ressource du merlu, l’UE a droit de pêcher 1750 tonnes. Nous avons constaté que c’est une espèce que nous devons protéger à cause de sa surpêche. Les recherches parlent de 4500 tonnes à pêcher par an. Ce qui signifie que les Sénégalais n’ont que 1750 tonnes à se partager. Le protocole offre à l'Union européenne de pêcher plus et chaque tonne, il paie 95 euros soit 62.225 F Cfa», regrette la dame.
Face à l’attitude inélégante de l’Union Européenne, Mme Diouf dénonce. «Nous avons signé un accord et s’il devrait avoir quoi que ce soit, nous les invitons, en gentlemen, à venir nous en parler d’abord avant de faire une large diffusion. Cette question du carton jaune, au lieu de m’envoyer le document qui justifie les raisons du carton jaune, comme je lui ai demandé, malheureusement la presse y a eu accès avant moi. C’est inélégant cette démarche», déplore la ministre.
Selon Dr Fatou Diouf, l’Union Européenne s’est empressée de sortir pour se dédouaner. «Pour l’accès aux ressources halieutiques, le Sénégal a reçu la totalité des prévisions, qui s’élevaient à plus de 2 milliards F Cfa mais un reliquat de plus de 500 millions F Cfa, portant sur l’appui institutionnel, n’est pas encore payé. De même pour les redevances, où le montant prévu était de 4.430.169.588 F Cfa, et après les versements, un reliquat de plus de 100 millions F Cfa est encore attendu », révèle la ministre face à la presse hier.
Sur un autre registre, Dr Diouf démonte la communication de l'Union Européenne tenue en pleine campagne législative. Anisi, à son tour, la ministre des Pêches a officiellement annoncé la fin du protocole d’Accord avec l’UE.
Baye Modou SARR