NOMBREUX CAS DE GROSSESSES PRECOCES: Les Badiénou gokh de Ziguinchor tirent la sonnette d’alarme



 
 
Les nombreux cas de grossesses notés dans la région de Ziguinchor inquiètent plus d’un, surtout les Badiénou gokh. Face à ce phénomène, qui ne cesse de prendre de l’ampleur, ces dernières ont, lors d’une rencontre tenue à Ziguinchor, insisté sur l’urgence de mener des campagnes de sensibilisation pour mettre fin à cette situation. Les grossesses précoces sont devenues fréquentes à Ziguinchor, surtout dans le milieu scolaire. Le constat est fait par l’association des Badiénou gokh de Ziguinchor. Qui assurent que la région de Ziguinchor occupe la troisième place, après Sédhiou et Kolda, dans le classement des contrées où on note un fort taux de grossesses précoces. Un constat suffisant pour les Badiénou gokh de lancer un cri de cœur et attirer l’attention des autorités et parents pour une meilleure sensibilisation des jeunes filles.
Selon la présidente des Badiénou gokh, qui revient sur les causes de ce phénomène, «cette situation découle des conséquences néfastes du conflit, qui a plongé plusieurs familles dans la pauvreté, la misère et la précarité».
Fatou Cissé d’analyser : «ce sont les régions du Sud qui ont battu le record sur le plan de grossesses précoces. Ces trente-quatre ans de conflit ont fait que la pauvreté s’est installée dans toutes les familles. D’autant que les jeunes filles aiment se faire belles, avoir des produits de beauté et autres, elles deviennent la proie facile des hommes impitoyables».
Nonobstant les nombreuses émissions interactives dans les radios communautaires à travers la région, déplore Mme Cissé, on enregistre toujours de nouveaux cas de grossesses. Toutefois, la présidente des Badiénou gokh de Ziguinchor de pointer un doigt accusateur sur les parents qui, selon elle, «ont démissionné» dans l’éducation de leurs filles. «Les parents n’éduquent plus leurs filles qui sont laissées à elles-mêmes, ce qui est déplorable. Ils sont responsables de ce qui arrive à leurs filles», déplore-t-elle. Fatou Cissé de renchérir : «les parents, surtout les femmes, doivent inculquer à leurs filles une éducation sexuelle. Mais, ce qu’on constate, c’est comme si celle-ci était devenue un tabou dans notre société. Alors que c’est la seule façon de sauver les filles».
Certes, vivre dans la pauvreté est difficile, mais Mme Cissé pense que cela ne doit pas être une raison pour les filles de se donner facilement aux hommes au point de sacrifier leur cursus scolaire. «Nous demandons aux jeunes filles de ne pas se laisser avoir facilement par les hommes. Elles doivent vivre dans la dignité, pour pouvoir continuer leurs études jusqu’à terme», plaide la présidente des Badiénou gokh de Ziguinchor.
A cet effet, elle a invité les autorités à renforcer les sanctions pour que les auteurs de ces grossesses précoces soient punis à la hauteur de leur geste. «Nous ne pouvons pas tolérer que des filles âgées de moins dix-huit ans deviennent des filles mères, et que les auteurs errent librement dans les artères de la ville sans être inquiétés. Nous demandons aux autorités de durcir les sanctions à l’endroit de ces gens», martèle Fatou Cissé, présidente des Badiénou gokh de Ziguinchor.
Ahmet Coly

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