Me SOULEYMANE NDENE NDIAYE, ANCIEN PREMIER MINISTRE: «Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’il faut alléger ou lever l’état d’urgence et le couvre-feu»



 
L’ancien Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye se félicite du report de la reprise des cours. En même temps, il pense que l’Etat ne devrait pas aller vers la levée de l’état d’urgence et du couvre-feu. L’Etat, dit-il, dans un entretien téléphonique avec «Les Échos», doit continuer à mettre le pays en situation d’état d’urgence. Également, maintenir le couvre-feu pour empêcher une propagation de la maladie.
 
 
Les Echos : Vous n’étiez pas pour la réouverture des classes. Aujourd’hui que l’Etat a abondé dans le même sens que vous, vous êtes satisfait ?
 
Me Souleymane Ndéné Ndiaye : Oui, je salue la mesure. Tant que les conditions d’une ouverture de toutes les écoles qui garantissent la santé des élèves et des enseignants ne sont pas réunies, je considère que les conditions ne sont pas réunies pour que l’école puisse ouvrir ses portes. Même si, dans la tête des autorités, l’idéal était d’ouvrir les classes pour les élèves en classes d’examens, à l’impossible nul n’est tenu.
 
 
Mais le ministre ne devait-il pas alerter depuis longtemps le chef de l’Etat afin d’éviter cette situation de cacophonie ?
 
Vraiment, je préfère ne pas commenter cette décision du ministre ; parce qu’il a des informations que je n’ai pas. Et donc pour rester honnête avec moi-même, vraiment je préfère ne pas commenter ce que le ministre a dit ou a fait.
 
 
Pour en revenir à la reprise reportée des classes, quelle est la période la mieux indiquée, selon vous ? 
 
Je n’ai pas de date particulière. Tout de même, il faudra tenir compte de facteurs objectifs. Je ne sais pas si c’est faisable ou si ce n’est pas faisable, mais l’idéal aurait été de dépister tous les enseignants et tous les élèves avant d’envisager l’ouverture des classes. Ça aurait permis d’avoir une idée du taux de prévalence de la maladie, aussi bien au niveau des élèves qu’au niveau des enseignants. En tout cas, l’idéal, c’est d’attendre de bien maîtriser la situation avant d’envisager l’ouverture des classes. Mais dans les conditions actuelles, la solution la plus sage était de reporter. Au-delà des enseignants positifs connus, je suis sûr qu’il y a d’autres cas qui ne sont pas connus parce que la situation sanitaire globale n’a pas été faite.
 
 
Que pensez-vous de la levée du couvre-feu et de l’état d’urgence, devenue une demande dans le pays ?
 
De mon point de vue, l’avenir du couvre-feu ou de l’état d’urgence doit nécessairement être lié à l’avenir de l’évolution de la maladie. Aussi longtemps que nous enregistrerons des cas nouveaux, je pense que l’Etat devra mettre le pays en situation d’état d’urgence. Le couvre-feu doit être aussi maintenu pour empêcher une propagation de la maladie ; parce que ces mesures-là n’ont qu’un seul objectif : protéger le citoyen sénégalais. Les Sénégalais eux-mêmes doivent savoir que les mesures qui sont prises par le gouvernement n’ont pour but que d’assurer leur protection. Ce pour dire que je ne suis pas de ceux qui pensent qu’il faut alléger ou lever l’état d’urgence encore moins le couvre-feu. Je pense que l’Etat doit évaluer la situation zone par zone et dans les zones endémiques où tous les jours on relève de nouveaux cas de maladie, alourdir les mesures de contrôle et de circulation des personnes. Et dans les zones où il n’y a pas de maladie, où le taux de maladie n’est pas très élevé, que les mesures soient allégées. 
 
 
Vous êtes également du monde sportif. Pour ou contre la reprise du championnat ?
 
Non, moi je suis avec la fédération pour que le championnat soit suspendu. Toutes les mesures allant dans le sens d’empêcher la propagation du virus du Covid-19 sont de bonnes mesures. Parce qu’avant tout, la santé d’abord. Il vaut mieux ne pas tenter le risque d’ouvrir le championnat. Il vaut mieux ne pas prendre de risques. Comme la fédération l’a décidé, il faut mettre un terme à notre championnat et envisager son ouverture quand la situation sera mieux maitrisée.
 
Il est ces derniers temps question d’un décret à polémique pour les anciens Présidents du Cese. Certains disent que ça date du temps de Wade, vous confirmez ?
 
Non, ce que je peux vous dire est que aussi bien le président Famara Ibrahima Sagna que le président Mbaye Jacques Diop bénéficient de l’honorariat. Ça, je peux le confirmer. Pour le reste, évidemment, si un autre décret a été pris pour Mme Aminata Tall, ça ne fait que suivre la logique de ce qui s’est passé avant.
 
La Senelec fait aujourd’hui l’objet de beaucoup de bruit. Comment appréciez-vous le scandale autour dudit contrat ?
 
Pour la Senelec, je n’ai pas vraiment d’informations. Je sais simplement qu’il y a une polémique entre résilier ou modifier ledit contrat. Alors, ne sachant pas, n’ayant pas vu les contrats et ne maîtrisant pas les éléments, je préfère donner ma langue au chat.
 
 
Propos recueillis par 
Madou MBODJ
 
 
 
 

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