Depuis avant-hier, les avocats du Sénégal tiennent un colloque pour discuter sur le thème : «l’évolution de la pratique professionnelle de l’avocat, acteur de la lutte contre la corruption et les infractions économiques financières». Une rencontre qui permettra à l’avocat, selon Me Papa Laïty Ndiaye, d’être un acteur, «dans le sens péjoratif du terme», de toute action de délinquance financière. Des outils seront ainsi donnés à l’avocat pour lui permettre d’éviter d’être manipulé «par des gens malhonnêtes» ou de participer d’une manière quelconque à une opération de blanchiment.
Lutter contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive et donc les infractions économiques financières, c’est l’ambition du barreau du Sénégal qui organisé depuis avant-hier un colloque sur le thème : «l’évolution de la pratique professionnelle de l’avocat : acteur de la lutte contre la corruption et les infractions économiques et financières». L’avocat ne peut pas, selon Me Papa Laïty Ndiaye, «avoir le rôle de l’avocat et celui du délinquant», c’est-à-dire, «s’inscrire dans une perspective dans laquelle lorsqu’on dénonce la corruption, le blanchiment des capitaux, le financement du terrorisme ou la prolifération des armes de destruction massives, qu’on puisse dire que vous êtes partie prenante». Pour cela, selon l’ancien Bâtonnier, il faudrait que le «dispositif législatif soit connu» pour que l’avocat ne soit pas «au cœur de l’action, dans le sens péjoratif du terme ».
Ce que l’avocat doit savoir pour ne pas…
Les échanges devraient donc permettre aux avocats de se prémunir d’outils pour ne pas être suspectés ou impliqués, dans ce genre d’infraction. «Ces travaux permettront aux avocats d’être un peu plus imprégnés des droits et obligations qui sont les leurs tels qu’ils sont fixés par ce dispositif législatif et réglementaire», dira Me Ndiaye. «Objectivement, aujourd’hui, nous devenons des acteurs de la lutte contre ces infractions économiques et financières ; c’est-à-dire que l’avocat se trouve dans une posture dans laquelle il doit éviter d’être utilisé, pour que les gens fassent du blanchiment d’argent, de la corruption etc. Donc pour ne pas en arriver à être suspecté ou un acteur de ces infractions, il est bon que l’avocat sache quels sont ses nouveaux devoirs, quels sont ses nouveaux défis, comment il doit faire attention, comment il doit gérer son rapport avec le client», clarifie l’ancien bâtonnier. Il faudrait donc, insiste-t-il, que l’action de l’avocat soit conforme aux normes légales.
Eviter que l’avocat soit instrumentalisé par des gens malhonnêtes
Abondant dans le même sens, Jean François Henrotte dira que l’avocat doit être «imprégné de ses droits et obligations». Le Président de la Conférence Internationale des Barreaux de tradition Juridique Commune (Cib) informe, par ailleurs, que le blanchiment d’argent représente 2-5% du Pib mondial. «Des chiffres alarmants», déplore-t-il. Les avocats sont donc, selon lui, des acteurs indispensables de la lutte contre la corruption et les infractions financières. «En tant qu’avocats nous sommes les gardiens de l’Etat de droit, nous avoir le devoir d’agir de sorte que la justice soit rendue de manière efficace et transparente. Nos compétences, notre connaissance du droit font de nous des acteurs clés dans la détection, la prévention et la répression des actes de corruption et des infractions économiques», martèle le Président du Cib qui poursuit : «notre responsabilité ne se limite pas à la défense de notre client ; nous devons aussi veiller à ce que les transactions que nous conseillons et les opérations que nous supervisons soient conforment aux normes légales de déontologie». Jean François Henrotte espère ainsi qu’au sortir de ces travaux, l’avocat va éviter d’être «instrumentalisé» par, dit-il, «des gens malhonnêtes».
Le colloque a vu la participation du représentant de l’Oif, mais aussi du chargé de mission du Giaba, du Directeur des affaires juridiques de la Centif, du représentant de l’Ofnac et du Directeur adjoint des affaires civiles et Sceau qui ont éclairé sur le rôle de leur structure dans la lutte contre ces infractions financières.
Alassane DRAME