Hier, mercredi, devant la Chambre criminelle spéciale, plaidant pour l’imam kaolackois qui risque 30 ans de travaux forcés, Me Ababacar Cissé a expliqué d’emblée qu’imam Ndao est attrait devant la Chambre parce qu’on lui reproche tous les péchés sur terre. Alors qu’il veut vivre seulement sa religion tel que recommandé par Dieu. Selon l’avocat Cissé, tout ce qu’on peut reprocher à l’imam, c’est de vouloir vivre sa religion avec ses coreligionnaires. Poursuivant, Me Cissé avance que Imam Alioune Ndao est le prototype d’homme de Dieu que les Sénégalais cherchent. C’est un monsieur humble, qui aime sa religion et qui aide ses concitoyens, a soutenu l’avocat, qui précise que son client a supplée l’Etat dans sa carence. Parce que, de son point de vue, imam fabrique des citoyens modèles. Et comme récompense, déplore-t-il, on l’a attrait devant la Chambre criminelle pour des accusations aussi fantaisistes les unes que les autres.
A cet effet, Me Cissé a martelé que dans le dossier, il n’y pas de faits reprochés à Imam Ndao, ni quelque chose susceptible d’être qualifié pénalement. Selon lui, les infractions ne sont pas caractérisées. Me Cissé affirme en effet qu’imam Ndao n’a aucune connexion avec Boko Haram et qu’il est poursuivi pour association de malfaiteurs parce qu’il aurait adhéré au projet de Matar Diokhané.
«Ceux qui étaient venus l’arrêter frappaient les dames et torturaient les enfants. Il a été menotté devant ses femmes, ses enfants et ses élèves»
Indiquant que l’apologie du terrorisme et le blanchiment de capitaux n’existent pas, Me Cissé a décrit les conditions effroyables dans lesquelles imam a été arrêté. «Imam Ndao a été détenu dans des conditions exécrables. Tout ce que le Sénégal compte comme forces de sécurité s’étaient déplacées pour l’arrêter. Il pensait même que c’était des agresseurs. Est-ce que pour l’arrêter on aurait besoin de brutaliser sa famille ? Il a été torturé, les enfants qui ont été à son daara au moment de son arrestation ont été traumatisés au point que certains parmi eux ont oublié les sourates qu’ils avaient apprises. Pour vous dire que c’est une descente musclée qui a été faite chez lui. Ceux qui étaient venus l’arrêter frappaient les dames et torturaient les enfants. Il a été humilié dans sa famille. Il a été menotté devant ses femmes, ses enfants et ses élèves pour répondre à une simple convocation. De tels agissements ne peuvent pas se faire au nom d’une quelconque loi», s’est indigné Me Cissé, qui a demandé le renvoi des fins de la poursuite sans peine, ni dépens. Aussi, Me Cissé a souhaité la restitution de l’ensemble de ses biens saisis, y compris les livres coraniques.
Fatou D. DIONE