Mamadou Diop Decroix : «la crise de confiance est profonde entre l’opposition et le pouvoir»



 Premier à prendre la parole, Mamadou Diop Decroix a, au nom du Front de résistance nationale, a émis le souhait de concentrer tous les efforts de tous les bords pour réussir ce dialogue. «Nous voici à l’orée d’une entreprise difficile. Réussir à nous parler, après tant d’années de confrontation. Oui, M. le Président, la crise de confiance est profonde entre l’opposition et le pouvoir», a fait savoir le représentant du Front de résistance nationale. Pour Mamadou Diop Decroix, il ne sert à rien de la sous-estimer, encore moins de l’ignorer. Le séjour prolongé de Khalifa Ababacar Sall en prison, tout comme l’exil prolongé de Karim Wade et leur éviction de la dernière élection présidentielle, et une vingtaine d’autres candidats recalés sur des bases non démocratiques, selon eux, restent des facteurs substantiels de persistance de la crise de confiance.

Mamadou Diop Decroix avertit d’ores et déjà Macky Sall

Il s’y ajoute que le nouveau processus électoral a été quelque peu chaotique, d’après Diop Decroix, depuis le referendum de mai 2016 jusqu’au scrutin d’un 24 février 2019, en passant par les législatives de 2017. A l’en croire, en lieu et place d’un dialogue politique, l’opposition a du faire face, surtout à l’approche de chaque échéance électorale, à un unilatéralisme décisionnel, accompagné d’une dégradation générale du système de contrôle du processus électoral. «Nous présumons que vous êtes mu par une volonté politique forte de créer les conditions d’une stabilité politique et d’une cohésion sociale capables d’apporter des réponses à nos questions que nous sommes là. Naturellement, s’il s’avérait qu’il n’en était pas ainsi, à n’importe quel moment du processus, nous en tirerions toutes les conséquences devant vous-même et devant le peuple sénégalais», avertit-il.

Oumar Sarr : «j’ai décidé de prendre mes responsabilités pour participer au dialogue»

Confirmant l’information selon laquelle il a bravé l’interdit de Me Abdoulaye Wade pour assister a ce dialogue, Oumar Sarr déclare : «vous avez dû lire dans les journaux un communiqué du Pds, disant qu’il ne participerait pas au dialogue national ; moi, j’ai décidé de prendre mes responsabilités en répondant à l’appel du Sénégal», affirme le coordonnateur du Pds. Pour lui, l’intérêt du Sénégal doit être au-dessus des intérêts individuels ou ceux d’un parti. Déclarant ne pas connaître les tenants et les aboutissants de ce fameux communiqué du Pds, l’ancien maire de Dagana estime que sa responsabilité à lui, c’est de participer au dialogue. «J’ai participé au dernier dialogue de 2016 et nous avions obtenu par la suite la libération de Karim Wade. Nous osons donc espérer qu’a la fin de ces pourparlers, Khalifa Sall recouvra la liberté et Karim Wade pourra rentra au pays», Oumar Sarr dixit.

Aida Mbodj : «peu importe si c’est par voie d’amnistie ou de grâce présidentielle, faites sortir Khalifa Sall»

Félicitant le ministre de l’Intérieur, l’ancien maire de Bambey soutient que Macky Sall doit bénéficier d’un préjugé favorable. «Quand vous appeliez au dialogue, il n’y avait aucune obligation, aucune pression possible, puisque vous veniez de gagner l’élection présidentielle. Tous les partis ont reçu leur invitation, ceux qui ne sont pas là ont fait un choix, mais nous les exhortons à répondre à l’appel du Sénégal», implore l’ancien ministre de Wade. Evoquant le cas de Khalifa Sall, Aida Mbodji dira : «vous êtes la clé de voute des institutions, la procédure du rabat d’arrêt étant terminée, parlez avec votre ministre de la Justice, que la Cour suprême lui livre les dossiers, peu importe si c’est par voie d’amnistie ou de grâce présidentielle, faites sortir Khalifa Sall, pour qu’il vienne assister au dialogue. Il en est de même pour Karim, vous pouvez faire de telle sorte qu’il revienne au pays» déclare-t-elle.

Soham El Wardini : «faites libérer Khalifa Sall pour lui permettre de retrouver sa mère d’un âge très avancé»

«Je souhaite que vous soyez le précurseur dans notre commune volonté de dépassement, en faisant libérer Khalifa Babacar Sall, pour lui permettre de retrouve sa mère d’un âge très avancé, son épouse, ses enfants et ses proches», demande Soham El Wardini au Président Sall, avant d’aborder la recrudescence des violences, notamment celles faites aux femmes. «En tant que femme, mère et grand-mère, ces crimes ignobles nourrissent nos peurs et alimentent nos inquiétudes. Ces crimes sont de plus en plus récurrents et odieux, à telle enseigne que des voix s’élèvent pour dénoncer et demander le durcissement des peines pour les auteurs, certains allant même jusqu’à demander le rétablissement de la peine de mort. En tout état de cause, la vive émotion suscitée par ces meurtres et violences montre à quel point la question même de trouver, au-delà des condamnations et des indignations, des réponses fortes pour renforcer le niveau de sécurité chez nos compatriotes», regrette la mairesse de la capitale.

Khalifa Sall, l’absent le plus présent a la cérémonie d’ouverture du dialogue national

Répondant à l’interpellation de l’actuel maire de la ville de Dakar sur le cas de Khalifa Sall, le chef de l’Etat a tenu à éclaircir sa position. «Il nous faut faire la part des choses. Le Président que je suis a une mission bien définie, il ne fait pas la justice, surtout dans un pays de démocratie», soutient le Président Macky Sall, avant de poursuivre : «il est bien possible que le Président puisse intervenir, mais il faudrait que toutes les procédures soit terminées. Tant que la justice est en action, je ne pourrai intervenir. La Constitution me permet de le gracier ou de l’amnistier, mais il faudrait attendre la fin des procédures», dit-il.

Ndeye Khady D. FALL
LES ECHOS

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