Maïmouna Ndour Faye LORS DU POINT DE PRESSE DU CDEPS : «On ne peut améliorer la situation des reporters sans des entreprises de presse viables»




 
 
 
 
Selon la patronne de 7Tv, membre du Cdeps, la dette fiscale, contrairement à la tentative de dénigrement et de diabolisation du ministre de tutelle, s’élève à 13 milliards et les patrons de presse n’ont jamais refusé de s’acquitter de cette dette. Au contraire, en face, les services de l’Etat refusent de nouer le dialogue. Elle révèle ne pas comprendre cet acharnement sur la presse alors que dans le secteur minier, des entreprises doivent 200 milliards à l’Etat.
 
 
 
Lors du point de presse du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse au Sénégal, Maïmouna Ndour Faye, après avoir fait la genèse de l'amnistie fiscale accordée par l’ancien président de la République, a révélé, contrairement aux allégations du ministre de la Communication qu'aucune entreprise de presse n’a refusé de payer sa dette fiscale. «Le ministre a voulu nous diaboliser faisant croire que nous refusons de payer les impôts. C’est faux ! Pire, il a pris un chiffre fourre-tout de 40 milliards comme dette fiscale de la presse. C’est encore faux ! La dette fiscale s’élève à 13 milliards. Les autres montants relèvent de Taxation d’office et de Pénalités», explique la patronne de 7Tv qui déplore, dans la foulée, la rupture abusive et unilatérale des contrats de publicité et des conventions avec certaines structures étatiques. Aucune entreprise de presse, dit-elle, ne peut recouvrer la dette due par les structures de l’Etat. «En dépit de cette situation, lorsque l’Etat a réclamé le paiement de la dette fiscale, nous avons décidé de nous conformer en sollicitant des aménagements conformément à la loi. Malheureusement, en face, aucun service de l’Etat n’a voulu nous recevoir pour fixer les conditions et les modalités de paiement. Quoi faire s’ils nous ferment toutes leurs portes ? C’est ce qui explique la journée sans presse observée par les acteurs des médias pour alerter sur les mesures draconiennes imposées aux entreprises de presse et qui étouffent le patronat et non le refus de payer les impôts. Nous ne sommes pas au-dessus de la loi pour refuser de payer les impôts», fait remarquer Maïmouna Ndour Faye.
 
 
«Pourquoi on s’acharne sur la presse alors que… ?»
 
 
Poursuivant, la patronne de presse dénonce ce qui s’apparente à un acharnement. «Pourquoi on s’acharne sur le secteur de la presse pendant que dans le secteur minier, des entreprises doivent à l’Etat 200 milliards, d’autres 39 milliards ou 50 milliards de dette fiscale. Quand on parcourt le rapport d’évaluation sur le paiement de la dette fiscale, la presse est le 15e secteur en termes de non-conformité. On s’acharne sur la presse en laissant les 14 premiers secteurs. Nous sommes d’accord pour payer mais qu’on nous autorise d’user des voies de recours légales au lieu de donner l’impression qu’ils s’acharnent sur le secteur de la presse car ce n’est pas le seul secteur qui doit de l’impôt», précise Mnf. Revenant sur la journée sans presse, elle s’est félicitée de la solidarité corporative notamment de patrons de presse qui n’ont pas de dette fiscale. «C’est un combat de corporation et non un combat politique. Nous ne sommes pas en train de dérouler un agenda politique, nous défendons nos droits en tant que patronat», précise Mnf qui s’est également offusquée contre la vaine tentative de mettre en mal les employés et le patronat.
 
«Campagne de dénigrement, de diabolisation, de manipulation des chiffres
 
 
S’agissant du lancement de la plateforme numérique des médias, elle accuse le ministre de s’être lancé dans une campagne de dénigrement, de diabolisation, mais aussi de manipulation des chiffres. «Quand on est ministre de tutelle d’un secteur en difficulté, on doit œuvrer par le dialogue à apporter des solutions au lieu de livrer un pan important de ton département à la vindicte populaire», regrette Mnf qui déplore les manipulations du ministre sur les chiffres de l’aide à la presse. «Si on n'avait pas une haute idée de notre métier, on n’allait pas lui tendre le micro pour nous dénigrer», jure-t-elle. Avant d’avertir : «si le ministre persiste dans la manipulation, nous allons opérer un droit de retrait en ce qui le concerne. On ne peut pas avoir un interlocuteur qu’on respecte et qui se permet de prendre nos données personnelles pour nous diaboliser. On veut nous présenter comme des bandits, des hors la loi. Nous sommes des citoyens dignes qui aimons notre pays. Il est temps que l’Etat accompagne les entreprises de presse», sérine la patronne de presse qui n’a pas manqué de fustiger la mafia au ministère de la Communication avec les 800 millions qui n’ont pas été donnés à la presse. «Dites-nous où est passé cet argent au lieu d’insister sur des miettes qu’on donne à la presse. Que représente 35 ou 70 millions par rapport aux charges des entreprises de presse ? C’est insignifiant. Chaque télévision pouvait prétendre à 100 voire 150 millions comme c’est le cas dans certains pays», souligne Mnf.
 
On ne peut améliorer la situation des reporters sans des entreprises de presse viables
 
Qu’en est-il de la volonté de l’Etat d’améliorer la situation des reporters et autres techniciens des médias ? De l’avis de Mnf, l’Etat ne peut pas donner de l’argent à ces employés pour améliorer leur situation. «On ne peut pas améliorer les conditions des reporters sans une entreprise de presse viable. Pour accompagner les travailleurs, on passe par les entreprises», précise Mnf qui ajoute : «si vous croyez que fragiliser l’entreprise de presse c’est un combat du patronat, vous vous trompez. Ce sont des travailleurs qui vont se retrouver sans emplois. Ce qui nous intéresse, c’est la viabilité de nos entreprises, qu’on puisse faire face à nos cotisations sociales, à nos salaires à nos charges de fonctionnement», relève la patronne de 7Tv. A l’en croire, de la même manière que certaines entreprises ont bénéficié d’une fiscalité particulière d’accompagnement de l’Etat quand ils investissent, l’Etat aussi doit mettre ses services à la disposition de ces entreprises en fixant des critères pour bénéficier de cet accompagnement.
 
Qu’est-ce qui se cache derrière cette demande d’enregistrement ?
 
S’agissant du communiqué du Cnra qui a invité les entreprises de presse du secteur audiovisuel à s’enregistrer, Mnf ne comprend pas cette démarche pour des entreprises de presse qui existent depuis 20 ans. «Qu’est-ce qui se cache derrière ? Est-ce qu’on veut nous faire taire ? Certes, il n’y a aucun journaliste arrêté ni de de coupure de signal de télévision, mais si cette situation perdure la presse finira par être aphone. Quand on ferme toutes les portes du dialogue, qu’on annule les contrats et supprime les conventions, à la longue on finit par asphyxier la presse. Et si les médias ferment, on fera taire toute une corporation», explique Mnf, persuadée que c’est une tentative de musellement de la presse.
 
M. CISS
 
 
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