«L’Etat doit déprivatiser la gestion de l’eau». C’est l’appel de Moustapha Diakhaté, pour qui confier la gestion d’un secteur aussi stratégique à des étrangers, c’est un mauvais choix. Surtout que, pour lui, à l’image de plusieurs sociétés nationales bien gérées aujourd’hui, non seulement le Sénégal «peut bien gérer», mais aussi, dans un pays où tout est à refaire, faire «moins d’Etat» est pire que faire «plus d’Etat pour mieux d’Etat».
Alors que le débat sur l’attribution du contrat de concession de la gestion de l’eau est remis sur la table, avec la décision de l’Armp de casser l’attribution provisoire faite à Suez, Moustapha Diakhaté propose autre chose. Dans une de ses publications, sur sa page Facebook, intitulée : «dans la corbeille des réformes de Macky II», l’ancien président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle affirme que «l’Etat doit déprivatiser la gestion de l’eau». Poursuivant, il soutient que «c’est un mauvais choix que de confier à un privé étranger un secteur aussi stratégique que l’eau». Pour lui, la déprivatisation est une solution d’autant plus salutaire, que des sociétés nationales sous le joug de l’Etat sont aujourd’hui en train de réaliser de très bonnes performances. «Les résultats plus qu’élogieux de la Senelec, de la Sonacos et de Dakar Dem Dikk sont la preuve qu’avec la volonté politique, l’Etat peut être un bon gestionnaire», argumente-t-il. Pour le ministre-chef de cabinet du chef de l’Etat, notre pays peut bien «se passer d’un partenaire stratégique» pour l’accomplissement de sa mission régalienne de fournir de l'eau à sa population. «Notre pays dispose, en effet, d’une grande expertise en matière de gestion de l’eau grâce à deux décennies de politique de responsabilisation des nationaux par la Sde et de transfert de technologie», soutient-il. Pour Moustapha Diakhaté, en déprivatisant la gestion de l’eau, il s’agira de faire du «plus d’Etat pour mieux d’Etat». Il en est si convaincu, que «dans un pays où tout est à refaire, moins d’Etat, c’est pire».
Pour rappel, la gestion de l’eau est confiée à la Sde depuis 22 ans. En perspective de la fin du bail qui les lie, l’Etat avait lancé un appel d’offre pour une nouvelle concession. La Sde, Suez et Véolia avaient soumissionné. Et le 23 octobre dernier, le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement a attribué la concession provisoire à Suez qui, pour la tutelle, a la meilleure offre technique. Ce qui devrait mettre un terme au partenariat avec la Sde, qui ne s’est pas avoué vaincue. Dès lors, la Sde, qui a l’offre la moins-disante, a déposé un recours auprès de l’Armp. Cette dernière vient de casser l’attribution provisoire à Suez du contrat d’affermage et a demandé la reprise de l’évaluation des offres financières, sur lesquelles doivent être fondées, en premier, l’attribution du contrat.
Mbaye THIANDOUM