C’est devant la population de Matam que le Premier ministre Ousmane Sonko s’est exprimé ce samedi après le lancement de la Journée de nettoiement au niveau du garage et la visite à la berge de Matam. C’est pour constater la montée des eaux, le monopole sur les phosphates, promettre de faire de Matam un hub de l’économie sénégalaise… non sans oublier de titiller les responsables politiques de la localité. D’ailleurs, il invite les jeunes à la patience pour récolter les fruits du travail que le président de la République et le gouvernement sont en train de mener dans le cadre du plan de redressement du pays. Une journée aux allures de campagne électorale pour le camp présidentiel.
Accompagné des ministres Cheikh Tidiane Dièye (Hydraulique et Assainissement), Khady Diène Gaye (Jeunesse) et Ibrahima Sy (Santé), le chef du gouvernement s’est rendu par la suite sur les berges du Fleuve Sénégal après avoir assisté à une démonstration de la Croix-Rouge sénégalaise sur les techniques de premiers secours. Un peu plus tôt, le chef du gouvernement a pris part aux activités de nettoiement à la gare routière de Ourossogui, avant de se rendre à Matam pour lancer officiellement les activités de la quatrième édition de la Journée nationale ‘’Sétal Sunu Réew’’. «Les gens sont en train de dénigrer le travail que nous sommes en train de faire. Ils ont passé 12 ans au sommet sans résultats, alors que nous n’avons passé que 4 mois pour le moment à la tête de l’Etat. Nous vous assurons que vous allez, d’ici quelques temps voir beaucoup de changements», indique le Premier ministre.
«On a voulu faire croire que ce gouvernement délaisse Matam»
D’ailleurs, Ousmane Sonko annonce des progrès dans les domaines de l’agriculture et de l’élevage qui sont des secteurs prioritaires dans cette partie Nord du Sénégal. Il s’est aussi exprimé sur une supposée politique de négligence à l’égard de la région, supposée de ne pas être suffisamment représentée au sein du gouvernement. Face à cette accusation, le Premier ministre a tenu à clarifier la situation avec fermeté. «Arrêtez ce débat, il y a énormément de nominations de personnes venant de Matam. Il ne faut pas donner de fausses informations. On a voulu faire croire que ce gouvernement délaisse Matam, ce qui est faux. Il faut que ça s’arrête. Des politiciens ont instrumentalisé ce discours pendant longtemps et n’ont rien fait à Matam. Nous gérons un pays et chaque Sénégalais est important», a-t-il affirmé.
Une délimitation du lit majeur du fleuve pour éviter les risques d’inondation
Ousmane Sonko a suggéré de procéder à une délimitation du lit majeur du fleuve Sénégal, dans le but de prévenir les risques d’inondation causés par la montée des eaux. «On doit pouvoir délimiter le lit majeur et identifier le périmètre non aedificandi (la zone ne pouvant recevoir aucun édifice, aucune habitation). Cela permet de mieux prévenir les inondations», a confié le Premier ministre, lorsqu’il visitait la bordure du fleuve Sénégal. Les inondations causées par la crue du fleuve préoccupent les services techniques des ministères chargés de l’Urbanisme, de l’Agriculture… Pour lui, les importantes quantités d’eau provenant de la crue devraient être utilisées pour le développement d’activités agricoles le long du fleuve, mais, dit-il, «on n’en profite pas suffisamment». Et d’ajouter : «cela permettra aux populations de profiter de cette situation en termes d’amélioration des sols Il y a des réflexions qu’il faut mener. Nous devons être plus rigoureux pour tirer profit de toutes nos potentialités». Sur ce, il a demandé aux services techniques d’identifier le lit majeur du fleuve, c’est-à-dire la partie qui n’est inondée qu’en cas de crue pour éviter les risques d’inondation. Ousmane Sonko envisage le recasement des populations exposées à la crue dans des endroits où elles seraient hors de danger.
«Mettre un terme au monopole des multinationales étrangères sur notre phosphate»
«Matam doit devenir un poumon économique grâce à une meilleure exploitation, une transformation locale du phosphate en engrais phosphatés pour améliorer les rendements agricoles, mais aussi lutter contre l’exode rural des populations de la région», a ajouté le Premier ministre. Qui poursuit : «pour nous, il est hors de question d’exporter le phosphate brut de Matam, un des meilleurs du Sénégal en termes de qualité et dans le monde. Notre option est de l’extraire, le transformer sur place, dans l’objectif de créer une chaîne de valeur allant de l’extraction à la production et la distribution d’engrais phosphatés». Il a expliqué que cette nouvelle option de l’Etat du Sénégal dans la production du phosphate vise principalement à mettre un terme au monopole des multinationales étrangères sur notre phosphate comme par le passé. «Nous voulons à travers cette chaîne de valeur, produire une grande quantité d’engrais phosphaté pour booster l’agriculture dans la région de Matam, au Fouta en particulier et dans toutes les régions du Sénégal», a-t-il expliqué, magnifiant le potentiel minier de cette région. Par ailleurs, le Premier ministre a relevé que le gouvernement n’exclut pas d’exporter le surplus de phosphate brut pour bénéficier des devises étrangères.
Samba THIAM