La répression des manifestations du 19 avril sont encore plus graves que ce que l’on en disait jusque-là. De la plume du journaliste et membre fondateur du Mouvement Y’en a marre, Aliou Sané, il ressort en effet que ce sont des choses inimaginables qui se sont passées, le 19 avril dernier. Dans un texte intitulé récit de la journée du 19 avril dernier, Aliou Sané raconte des choses inimaginables.
Extirpés de force du taxi par des éléments de la Dic, ils sont remis aux policiers menottes aux poignets
Aliou Sané révèle dans son récit qu’il était allé rendre visite à Simon, alité, avec deux membres du mouvement.
«Vers 20h, nous décidions Sofia, Pidi et moi, de nous rendre au commissariat de police de Grand-Dakar pour apporter à manger aux frères maintenus dans les liens de détention toute une journée, sans possibilité de s’alimenter. Un peu avant 21h, nous sortons de l’appartement de Simon. A peine avions nous eu le temps de nous installer dans le taxi, qu’un groupe d’une dizaine d’éléments de la Dic (Division des investigations criminelles) encerclent le véhicule. ‘’Sortez de la voiture, sortez !’’, criaient-ils. Nous nous exécutâmes sans résistance aucune. Sofia et Pidi seront tout de suite menottés comme de vulgaires ‘’terroristes’’. Et nous sommes tous les trois remis dans le taxi. Trois minutes plus tard, deux voitures pick-up remplis d’éléments de police arrivent en renfort. Une scène surréaliste, digne d’un véritable film hollywoodien. Nous sommes extirpés du taxi et embarqués dans les voitures pick-up avec le chauffeur de taxi. Direction, commissariat de police de Grand-Dakar».
Ils étaient dépouillés de tous leurs vêtements, il ne leur restait à chacun qu’un caleçon
«Un comité d’accueil de deux cordons disposés en parallèle nous reçoit à l’arrivée. Le seuil du poste de police franchi, j’aperçois de suite derrière les grilles plus d’une dizaine d’individus. Deux voix attirent tout de suite mon attention, celles de Moriba et de Chérif : ‘’Grand Ndo ! Grand Ndo !’’, criaient-ils. Les regardant de plus près, un constat me porte un coup de poignard au cœur : Ils sont tous dépouillés de tous leurs vêtements, il ne leur restait à chacun qu’un caleçon. Un haut responsable de la police qui arrive en même temps que nous met fin de suite à cette scène en intimant l’ordre de leur restituer leurs vêtements confisqués toute la journée».
Une femme avec un bébé de quelques mois dans les grilles
«Sofia est mise dans la cellule pour femmes. Elle y rejoint une prévenue qui avait dans les bras un bébé de quelques mois dont les pleurs et cris incessants avaient finis d’agacer les limiers. Et l’un d’eux finit par le faire savoir : ‘’Hey, débrouillez-vous pour faire taire ce bébé, nous en avons marre de ces cris !’’ Pidi, le chauffeur de taxi et moi rejoignions Moriba, Cherif, les artistes Cap 2 Seuss et Free, Emile Thiaw Billy, ainsi que les autres prévenus dont nous ignorions jusque-là les identités. C’est par la suite qu’on nous les présentera comme des frères de l’artiste Free venus prendre de ses nouvelles, et cueillis à froid par la police sur leur chemin de retour».
Fadel Barro, l’homme que la police cherchait
«Dans cette cellule de 4m2 qui contenait à peine le groupe d’une quinzaine de personnes que nous formions. Tous assis à même le sol, nous attendions tranquillement. Et je fus de suite impressionné par la sérénité de jeunes camarades restés dignes et inébranlables, malgré les tortures subies quelques heures plus tôt. Tous leurs récits menaient à une chose principale : le mythe Fadel Barro».
Interrogation, menottes aux poignets
«L’heure de mon interrogatoire a sonné, l’adjudant D vient m’extirper de la cellule et me conduit à son bureau. Une longue et passionnante discussion de près de deux tours d’horloge commence entre lui et moi, non sans oublier de tenir mes deux mains liées à l’arrière à l’aide de menottes… Les échanges avec Moriba et Chérif m’avaient déjà sensibilisé sur le fait que l’arrestation de Fadel Barro, coordonnateur de Y en a marre était devenu un point d’honneur pour la police. Les ordres reçus dans ce sens étaient apparemment très fermes. En attestaient déjà les nombreuses questions posées le concernant. C’est pourquoi le lendemain, à défaut d’avoir pu l’arrêter, des articles mensongers ont été commandités auprès d’une certaine presse pour le présenter en fuyard, en ‘’tapette’’, le discréditer ! De toute la journée du 19 avril, Fadel n’a jamais été aux lieux indiqués par les fameux articles de presse. Fadel avait reçu l’ordre de ne pas se faire arrêter, et de jouer pleinement son rôle de coordonnateur».
Extirpés de force du taxi par des éléments de la Dic, ils sont remis aux policiers menottes aux poignets
Aliou Sané révèle dans son récit qu’il était allé rendre visite à Simon, alité, avec deux membres du mouvement.
«Vers 20h, nous décidions Sofia, Pidi et moi, de nous rendre au commissariat de police de Grand-Dakar pour apporter à manger aux frères maintenus dans les liens de détention toute une journée, sans possibilité de s’alimenter. Un peu avant 21h, nous sortons de l’appartement de Simon. A peine avions nous eu le temps de nous installer dans le taxi, qu’un groupe d’une dizaine d’éléments de la Dic (Division des investigations criminelles) encerclent le véhicule. ‘’Sortez de la voiture, sortez !’’, criaient-ils. Nous nous exécutâmes sans résistance aucune. Sofia et Pidi seront tout de suite menottés comme de vulgaires ‘’terroristes’’. Et nous sommes tous les trois remis dans le taxi. Trois minutes plus tard, deux voitures pick-up remplis d’éléments de police arrivent en renfort. Une scène surréaliste, digne d’un véritable film hollywoodien. Nous sommes extirpés du taxi et embarqués dans les voitures pick-up avec le chauffeur de taxi. Direction, commissariat de police de Grand-Dakar».
Ils étaient dépouillés de tous leurs vêtements, il ne leur restait à chacun qu’un caleçon
«Un comité d’accueil de deux cordons disposés en parallèle nous reçoit à l’arrivée. Le seuil du poste de police franchi, j’aperçois de suite derrière les grilles plus d’une dizaine d’individus. Deux voix attirent tout de suite mon attention, celles de Moriba et de Chérif : ‘’Grand Ndo ! Grand Ndo !’’, criaient-ils. Les regardant de plus près, un constat me porte un coup de poignard au cœur : Ils sont tous dépouillés de tous leurs vêtements, il ne leur restait à chacun qu’un caleçon. Un haut responsable de la police qui arrive en même temps que nous met fin de suite à cette scène en intimant l’ordre de leur restituer leurs vêtements confisqués toute la journée».
Une femme avec un bébé de quelques mois dans les grilles
«Sofia est mise dans la cellule pour femmes. Elle y rejoint une prévenue qui avait dans les bras un bébé de quelques mois dont les pleurs et cris incessants avaient finis d’agacer les limiers. Et l’un d’eux finit par le faire savoir : ‘’Hey, débrouillez-vous pour faire taire ce bébé, nous en avons marre de ces cris !’’ Pidi, le chauffeur de taxi et moi rejoignions Moriba, Cherif, les artistes Cap 2 Seuss et Free, Emile Thiaw Billy, ainsi que les autres prévenus dont nous ignorions jusque-là les identités. C’est par la suite qu’on nous les présentera comme des frères de l’artiste Free venus prendre de ses nouvelles, et cueillis à froid par la police sur leur chemin de retour».
Fadel Barro, l’homme que la police cherchait
«Dans cette cellule de 4m2 qui contenait à peine le groupe d’une quinzaine de personnes que nous formions. Tous assis à même le sol, nous attendions tranquillement. Et je fus de suite impressionné par la sérénité de jeunes camarades restés dignes et inébranlables, malgré les tortures subies quelques heures plus tôt. Tous leurs récits menaient à une chose principale : le mythe Fadel Barro».
Interrogation, menottes aux poignets
«L’heure de mon interrogatoire a sonné, l’adjudant D vient m’extirper de la cellule et me conduit à son bureau. Une longue et passionnante discussion de près de deux tours d’horloge commence entre lui et moi, non sans oublier de tenir mes deux mains liées à l’arrière à l’aide de menottes… Les échanges avec Moriba et Chérif m’avaient déjà sensibilisé sur le fait que l’arrestation de Fadel Barro, coordonnateur de Y en a marre était devenu un point d’honneur pour la police. Les ordres reçus dans ce sens étaient apparemment très fermes. En attestaient déjà les nombreuses questions posées le concernant. C’est pourquoi le lendemain, à défaut d’avoir pu l’arrêter, des articles mensongers ont été commandités auprès d’une certaine presse pour le présenter en fuyard, en ‘’tapette’’, le discréditer ! De toute la journée du 19 avril, Fadel n’a jamais été aux lieux indiqués par les fameux articles de presse. Fadel avait reçu l’ordre de ne pas se faire arrêter, et de jouer pleinement son rôle de coordonnateur».