MISE EN PLACE DE LA COMMISSION D’ENQUETE PARLEMENTAIRE RELATIVE A L’AFFAIRE DITE DES 94 MILLIARDS: Sonko zappe la séance, l’opposition s’érige en bouclier et dénonce un harcèlement



 
L’affaire dite des 94 milliards continue de faite couler beaucoup d’encre et de salive. Après l’annonce d’une plainte de Mamour Diallo après l’élection présidentielle, l’Assemblée nationale a adopté, hier, le projet de résolution pour la création d’une commission d’enquête parlementaire, à ce propos, pour édifier les Sénégalais sur l’affaire opposant Ousmane Sonko au Directeur des Domaines. La commission, qui sera composée de neuf (9) membres dont sept (7) pour la majorité, un (1) pour le groupe parlementaire Liberté et Démocratie et un (1) pour les non-inscrits, va se charger de mener des enquêtes pour déterminer les tenants et les aboutissants de cette affaire dans un délai de 6 mois.
 
 
 
Les députés vont instituer une commission d’enquête parlementaire sur l’affaire dite des 94 milliards pour les 6 prochains mois. Le projet de résolution pour la création de la commission d’enquête en charge du dossier a été adopté, hier, à l’unanimité, par l’Assemblée nationale. Bien qu’ils ne soient pas très nombreux, les députés de l’opposition ont marqué leur présence par une farouche contestation de la mise en place de cette commission. 
 
 
Cheikh Mbacké Bara Dolli : «c’est du harcèlement, Sonko vous terrorise»
 
Le président du groupe parlementaire Liberté et Démocratie, par un rappel au règlement, a fait feu de tout bois. «Vous cherchez juste à mettre Sonko en mal avec la population. C’est du harcèlement, vous cherchez à le déstabiliser pour nuire à sa campagne. Mais c’est peine perdue, parce que les Sénégalais ne vous suivront jamais dans vos bêtises. Si vous vouliez être justes, il fallait commencer par donner suite à nos nombreuses demandes d’ouverture d’enquêtes parlementaires, concernant des dossiers plus importants que ces 94 milliards», clame Cheikh Mbacké Bara Dolli, avant de lancer : «le dossier Aliou Sall et nos permis pour les hydrocarbures, le dossier Prodac avec les 29 milliards de Mame Mbaye Niang et tant d’autres sont là, mais, bizarrement, c’est celui-ci pour lequel on cite Sonko qui vous intéresse. Nous avons écrit au président de l’Assemblée nationale pour la création de commissions d’enquête pour ces dossiers, bien avant celle de l’affaire des 94 milliards, mais il n’a même pas daigné répondre. La vérité, c’est que Sonko vous fait peur et vous voulez lui mettre des bâtons dans les roues», a fait savoir le président du groupe parlementaire de l’opposition, qui accuse la majorité de faire du deux poids deux mesures.
 
Mor Kane: «ayez à l’esprit que nous justifierons devant Dieu tout ce que l’on vote dans cette Assemblée» 
 
Très remonté contre ses collègues de la majorité, le député Mor Kane fulmine : «respectons le peuple, les politiciens ne représentent même pas 3% de la population et ils sont toujours au-devant de la scène pour des scandales financiers. Le Premier ministre disait : un Sénégal pour tous, mais nous avons un Sénégal pour quelques-uns. Pourquoi utilisez-vous les institutions pour combattre vos adversaires ? Vous avez usé des mêmes méthodes contre Khalifa Sall, Oumar Sarr et tant d’autres députés ; et maintenant, c’est au tour de Sonko», déplore Mor Kane. Selon ce dernier, «personne ne cautionne le détournement de derniers publics, mais ce qui pose problème, c’est le deux poids deux mesures dont vous faites preuve. Nous ne pourrons accepter cela. Les députés ont une très grande part de responsabilité dans toutes ces affaires, ayez à l’esprit que nous justifierons devant Dieu tout ce que l’on vote dans cette Assemblée», dit-il, exaspéré.
 
 
Woré Sarr : «vous tentez de ruiner la campagne de Sonko, mais sachez que personne ne peut défaire ce que le bon Dieu a mis au point»
 
Comme à son habitude, l’ancienne maire de Gounass a été très virulente à l’endroit de ses collègues de la majorité. «Vous dites devoir mettre sur pied cette commission, parce que Sonko a accusé Mamour Diallo, et que fait-on du rapport de l’Ofnac, une institution créée par l’Etat qui met à nu les magouilles d’un des vôtres ? Le dossier Arcelor Mittal, celui du Prodac et tant d’autres n’ont pas eu de suite, parce que vous vous croyez tout permis. Le président de la République a dit ouvertement qu’il y a des dossiers qu’il a mis sous le coude et vous osez vous mettre là pour dénigrer les gens, arrêtez vos bêtises», déclare Woré Sarr, avant de poursuivre : «vous avez fait exiler Karim parce qu’il fait peur, Khalifa Sall emprisonné, parce qu’il fait peur aussi et maintenant, vous vous en prenez à Ousmane Sonko, parce qu’il vous terrorise lui aussi. Vous tentez de ruiner sa campagne, mais sachez que personne ne peut défaire ce qu’a mis au point le bon Dieu», dit-elle.
 
 
Mame Diarra Fam : «ce qui vous avait poussé à porter une grosse pierre à la main le 23 juin, nous pousse aujourd’hui à brûler»
 
 
En guise de réponse a une de ses collègues qui faisait allusion à l’appel de Wade pour attaquer les bureaux de vote, Mame Diarra Fam balance : «Monsieur le Président, vous n’aviez pas brûlé le pays, mais vous aviez une grosse pierre. Il est clair que Sonko vous dérange et vous cherchez un moyen de l’écarter, comme vous l’avez fait avec Karim et Khalifa. Ce n’est pas pour défendre Sonko, parce qu’il n’est pas mon candidat, mais je ne serai jamais complice de vos manœuvres pour le discréditer», prévient-elle.
 
 
Dié Mandiaye Ba : «cette commission ne vise pas Sonko, elle permet juste d’apporter la lumière sur cette affaire»
 
Prenant le contre-pied de ses collègues de l’opposition, la présidente de l’inter commission constituée et chargée de la mise en place de la commission d’enquête, assure que la commission sera équidistante vis à vis de toute personne dont l’audition pourrait éclairer la lanterne des Sénégalais sur cette affaire. «Cette commission ne vise personne, si ce n’est d’apporter des réponses aux questions que se posent de nombreux Sénégalais sur cette affaire de détournement de deniers publics. Chaque personne auditionnée pourra apporter les preuves de ses allégations. Cette affaire concerne aussi bien notre collègue Sonko, la famille qui à l’origine et propriétaire de ce titre foncier, la Sn-Hlm et Mamour Diallo». 
 
Djibril War : «je ne me laisse pas téléguider, c’est de mon propre chef que j’ai décidé de demander la création de cette commission d’enquête»
 
Instigateur de cette commission d’enquête, Djibril War dit n’avoir qu’une seule préoccupation : permettre à l’accusateur d’apporter les preuves de ses allégations, mais aussi à l’accusé de se défendre. «Pour que nul n’en ignore, c’est au-delà de ma personne. J’accepte volontiers toutes les critiques, mais je pense qu’il n’est jamais trop tard pour commencer à bien faire. Nous sommes les représentants qualifiés de la population. Nous devons nous intéresser à toutes les affaires qui touchent au peuple et cette affaire de détournement en est une. Détrompez-vous, cette commission d’enquête ne vise pas Ousmane Sonko. Elle permettra juste aux Sénégalais de connaitre les tenants et les aboutissants de cette affaire»,  se défend M. War.
 
 
Juliette Zenga : «trop, c’est trop, il a faiili nous mettre en mal avec le peuple avec son histoire de 10 millions alloués aux députés»
 
Selon la socialiste Juliette Zenga, il faut clarifier la situation. «Ce n’est pas parce qu’on est député et qu’on jouit d’une immunité parlementaire que l’on doit se croire intouchable. Trop, c’est trop, il y a eu l’histoire des 10 millions alloués aux députés, ce qui nous a mis dans une position très inconfortable au sein de nos familles, quartiers et départements. Il se targue d’avoir saisi le procureur, tout en sachant que ce dernier ne peut le convoquer, vu son immunité. Le plus bizarre dans cette affaire, c’est que même les ayants droit n’ont pas fait autant de tapage», déplore le rapporteur de l’inter commission.
 
 
Moustapha Niasse : «vous me faites parvenir la lettre de transmission, sinon le dossier ne bougera pas de mon bureau»
 
Suite aux accusations des députés de l’opposition, le président Moustapha Niasse a tenu à apporter des précisions. «C’est vrai que l’on m’a fait parvenir des résolutions signées par des députés, dont le premier par le président Cheikh Mbacké Bara Dolli. Comme le veut la procédure,  il doit y avoir une lettre signée, un exposé des motifs et un projet de résolution. Dans les courriers que j’ai reçus, il y avait l’exposé des motifs et le projet de résolution, mais il n'y avait pas de lettre de transmission, si vous ne la faites pas, le dossier ne bougera pas de mon bureau, mais si vous la faites je le transmettrais comme il se doit».
 
 
Seydou Diouf : «déclarer que cette commission d’enquête est un moyen de briser Sonko équivaut à admettre qu’il n’a pas dit la vérité»
 
Pour Seydou Diouf, c’est une question de bon sens. Cette commission ne vise en aucun cas Sonko, mais plutôt Mamour Diallo. «Sonko ne devrait pas être inquiété s’il a des preuves de ses allégations. Vous croyez le défendre en vous opposant à la mise en place de cette commission, mais vous l’accusez sans le faire exprès. Vous reconnaissez par votre attitude que les allégations de Sonko sont fallacieuses», soutient M. Diouf.
 
 
Ndeye Khady D. FALL 

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