MEURTRE DU MENUISIER MÉTALLIQUE DE 18 ANS À WAKHINANE-NIMZATT Alassane Sy révèle qu'il avait pris l’arme pour un briquet, le tribunal le condamne à 1 an ferme avec son acolyte



 
Finalement, le jeune lycéen de 21 ans Alassane Aly Sy, qui avait tué d’un coup de pistolet son ami Pape Diakhaby, a été fixé sur son sort. Lui et Djiby Ndao, propriétaire du véhicule dans lequel l'arme a été trouvée, ont été condamnés hier par le juge du tribunal de Pikine/Guédiawaye à 1 an d'emprisonnement ferme. En sus de cette peine, ces prévenus doivent payer solidairement 10 millions de dommages et intérêts à la famille de la victime.
 
 
 
 
Suite à deux renvois, le procès du lycéen en classe de 1ère aux cours privés Academia de Guédiawaye, Alassane Aly Sy et de son co-prévenu, Djiby Ndao, s'est finalement tenu hier devant le juge du tribunal de Pikine/Guédiawaye. Ces inculpés sont respectivement poursuivis pour homicide involontaire et détention d'arme à feu sans autorisation administrative. Dans ses réquisitions, la main du parquet n'a pas tremblé, car il a requis 3 ans de prison ferme contre Alassane Aly Sy et 1 an ferme pour Djiby Ndao.
Les faits pour lesquels ils sont poursuivis remontent à la journée du 25 mai dernier, dans la commune de Wakhinane-Nimzatt à Guédiawaye. Alors que l'agent de La Poste Djiby Ndao avait laissé sa voiture à nettoyer, Alassane Aly Sy avait trouvé dans sa boîte à gants un pistolet avec lequel il a tué Pape Diakhaby d'un coup à la têtealorsqu'il manipulant l’arme par inadvertance. L'enquête subséquente a révélé que l’arme du crime était un pistolet de calibre 22.
 
 
 
Alassane Aly Sy : «je pensais que c'était un briquet. Je l'ai pointée en direction du ciel. Hélas, mon doigt a touché la détente et le tir s’est déclenché»
 
 
Sur les circonstances de la mort de son ami, Alassane Aly Sy, face au juge,a révélé qu'il croyait que l'arme à feu qu'il détenait était un briquet en forme de pistolet. «Ce jour-là, vers les coups de 14h, Bocar m'a appelé pour me demander de venir voir l'objet qu'il avait trouvé dans la voiture. Mais, lorsque je suis venu, cela ne m'a jamais donné l'impression d'une arme. Parce que je pensais que c'était un briquet qui est en forme de pistolet. Je l'ai pointée en direction du ciel. Hélas, mon doigt a touché la détenteet le tirs’est déclenché», a regretté Alassane Aly Sy.
 
 
Djiby Ndao, propriétaire du véhicule, regrette
 
 
Propriétaire du véhicule dans lequel se trouvait l'arme du crime,Djiby Ndao a regretté l’incident malheureux. «J'avais mis l'arme dans ma deuxième boîte à gants. Jamais, je n'ai pensé que quelqu'un pouvait le trouver là où je l'avais cachée. Cela fait 6 mois que je détiens cette arme et personne dans mon entourage n'était au courant de son existence. La boîte à gants dans laquelle elle se trouvait n'a pas de clé», a-t-il révélé. Poursuivant, le sieur Ndao ajoute : «je reconnais que je ne détenais pas d'autorisation de port d'arme, mais j'avais ce pistolet parce que je transite entre chez moi et l'aéroport. J'ai fait l'objet de deux agressions par le passé, parce que j'ai toujours de fortes sommes d'argent par-devers moi. C'est pour cela que je me suis procuré cette arme. J'ai vraiment regretté ce qui s'est passé».
Malick Kébé, entendu en qualité de témoin, a déclaré devant le prétoire qu'il était absent des lieux au moment des faits. Mais, dit-il, lorsqu'il est arrivé, Pape Diakhaby était déjà mort et étendu sur le sol. C’est ainsi qu’il acaché son meurtrier dans une chambre en attendant l'arrivée des policiers.
L'autre témoin Nassirou Kébé,entendu, a indiqué qu'il avait la charge de laver la voiture. «C'est moi qui nettoyais la voiture et j'ai vu l'arme à côté du levier du véhicule, alors que la boîte à gants était ouverte. C'est là que j'ai demandé ce que c'était à Bocar, mon collègue. Pour ma part, j'ai dit que c'était une arme et Bocar l'a saisie. Mais, le défunt Pape Diakhaby nous a fait savoir qu'il s'agissait d'un briquet. Ensuite, le prévenu Alassane a lui aussi dit que c'était un briquet et que s'il tirait, rien n'allait se passer. Mais, lorsqu'il a saisi le pistolet en le pointant vers le haut, le coup est parti alorsqu’il rabaissait sa main», a-t-il raconté.
Constitué pour la défense des intérêts de la famille de feu Pape Diakhaby, Me Tafsir Abdoul Sy, après avoir signifié au tribunal que les faits reprochés aux prévenus sont «constants», a demandé qu'ils paient solidairement la somme de 10 millions F Cfa à titre de dédommagements. Parallèlement, le procureur a requis contre Alassane Aly Sy 3 ans de prison ferme et 1 an contre Djiby Ndao.
 
Les avocats des prévenus évoquent le destin
 
Par contre, l'avocat de ce dernier, Me Abdoulaye Tall, qui a mis cette histoire sur le compte du destin, a demandé une application bienveillante de la loi en lui accordant une peine de sursis. «Cette affaire m'a permis de méditer sur le destin. Dans cette affaire, il n'y a pas abandon d'arme par un tiers. Ndao s'est procuré cette arme parce qu'il fait du change de manière informelle. Peut-être que le laveur est immature et il est allé ouvrir cette boîte à gants pour se saisir de cette arme. C'est le coup du destin. Et le destin on ne se l'impose pas, mais on l'accepte. On aurait dû éviter ce qui est arrivé si le laveur ne s'était pas intéressé à ce qui se trouvait là-bas. Ce qui arrive, moi, je le range sous le coup du destin. C'est deux amis qui jouaient et c'est par mégarde que ce qui est arrivé est arrivé», a relevé la robe noire.
Me Baldé a émis le même souhait pour le compte d’Alassane Aly Sy. «Il faut accepter le destin et lui accorder la clémence en lui infligeant un sursis», a argué le conseil. Au final, les prévenus ont été reconnus coupables et condamnés à 1 an d'emprisonnement ferme et à payer solidairement la somme de 10 millions F Cfa à la famille de Pape Diakhaby pour le préjudice qu'elle a subi.
 
Fatou D. DIONE
 
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