MEURTRE DU COMMANDANT TAMSIR SANE : Le parquet requiert la perpétuité contre les assaillants du commandant, dont le conseil réclame 300 millions francs Cfa



Si la Chambre criminelle suit le représentant du parquet dans ses réquisitions, les bourreaux du commandant Tamsir Sané seront condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité. En attendant le délibéré qui sera rendu le 2 juillet prochain, le conseil de la partie civile a réclamé en guise de dommages et intérêts 300 millions francs Cfa. En plus de réclamer 30 millions supplémentaires pour les deux gendarmes blessés.

Le procès des présumés meurtriers du commandant Tamsir Sané devant la Chambre criminelle du Tribunal de Grande instance de Tambacounda, qui a commencé jeudi matin, s’est poursuivi jusqu’à vendredi à 7 heures. Un procès marathon au cours duquel le représentant du parquet a requis la réclusion criminelle à perpétuité contre Idrissa Sow alias Peul bou rafet, Kékoroba Ba, Daouda Ba dit Demba Sireye, Moussa Diao et Sidi Diallo. Quant à Pathé Ba et Khoureyssi Diallo qui avaient bénéficié d’une mise en liberté provisoire, le parquet a sollicité à leur encontre six mois avec sursis pour détention illégale d’armes. En attendant, le délibéré qui a été renvoyé au 2 juillet prochain, les avocats de la défense ont, tour à tour, tenté de déconstruire l’accusation. Dans cette logique, Me Ciré Clédor Ly a qualifié ce dossier «d’arnaque judiciaire». «Vous avez un dossier partisan parce que la gendarmerie n’a pas été loyale envers vous (les juges). La gendarmerie vous a servi une grande arnaque. Ce dossier est partial», se désole de constater l’avocat. A l’en croire, les enquêteurs auraient pu approfondir l’enquête, sur la base de la déclaration des accusés, dont certains ont confessé être chez eux le jour du meurtre et d’autres dans la brousse en train de rechercher leurs vaches égarées. Pire, sur les 13 individus qui ont été déférés à la suite du meurtre du commandant, certains ont été extirpés du dossier alors que des charges suffisantes pesaient sur eux. En effet, le commandant a été tué par un fusil de 12mm. Or, fait-il remarquer, Amadou Tidiane Ba détenait un fusil de même calibre et a été pourtant mis hors de cause, alors que Khoureyssi Diallo, qui avait lui aussi un 12 mm, a été inculpé. Mieux, les douilles et cartouches trouvées sur le lieu du crime, dit-il, sont compatibles avec le fusil de Amadou Tidiane Ba et celui de Khoureyssi Diallo et aucune expertise n’a été faite pour déterminer lequel des fusils a tiré. Poursuivant, il révèle que Daouda Ba qui avait une moto Safari, identifié par le témoin Madjibou Sidibé, a lui aussi été extirpé de la procédure par le parquet. Ce qui lui fait dire qu’il n’y aucun élément d’imputabilité direct ou indirect qui rattache ces clients à ce meurtre. Aussi, a-t-il plaidé l’acquittement des accusés.

Me Khassimou Touré réclame 300 millions

Auparavant, le conseil de la partie civile, Me Khassimou Touré, a réclamé 300 millions pour les héritiers du commandant Tamsir Sané. Il a également réclamé 30 millions pour les deux gendarmes blessés qui ont exhibé un certificat médical, en l’occurrence Serigne Sam Ngom et Amadou Ba, soit chacun 15 millions francs Cfa. En ce qui concerne Modou Samba Ndione, lui aussi blessé, il a invité le tribunal à lui réserver ses intérêts, le temps qu’il présente un certificat médical. Cependant, au-delà des intérêts civils, Me Touré est persuadé de la culpabilité des accusés, en dépit de leurs dénégations, non sans tirer sur le comportement de certains de ses confrères de la défense. A l’en croire, si le mensonge est admis pour les accusés, il ne peut accepter, dit-il, qu’on veuille souiller la mémoire de Tamsir Sané, tombé sur le champ d’honneur. «On a voulu marcher sur le cadavre de Tamsir Sané pour tronquer la vérité avec des mensonges. Pour un système de défense anachronique, on a voulu inverser les rôles et souiller la mémoire de Tamsir Sané en essayant de poser le débat sur un autre angle», regrette la robe noire, persuadée que l’enquête a été bien menée par la gendarmerie qui, dit-il, est compétente en zone rurale. L’avocat est également sur les réquisitions des opérateurs de téléphonie qui ont retracé les discussions entre les protagonistes le jour des faits, avant que tous n’éteignent leurs téléphones pour les remettre en marche le lendemain, après la commission des faits. Ce qui lui fait dire que la communication démontre qu’il y a entente en vue de commettre une infraction. S’agissant des tortures alléguées par les accusés pour leur extorquer des aveux, Me Touré précise qu’il s’agit de mensonge pour échapper au glaive de la Chambre car cela n’a pas été prouvé et aucune action n’a été intentée en ce sens.

M. CISS (envoyé spécial à Tambacounda)
LES ECHOS

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