MASSACRE DE THIAROYE 44:Les Français gardent toujours la cartographie des fosses communes et la liste des victimes



 
 
Le tollé que va susciter les révélations des auteurs du livre «Nos chers espions en Afrique» sur l’histoire du Camp Thiaroye devrait faire réagir autorités, intellectuels et Historiens. En effet, Antoine Glaser et Thomas Hofnung ont révélé au chapitre 5 de leur livre, que François Hollande avait remis aux autorités sénégalaises une copie des documents concernant les archives de cet évènement scandaleux. Seulement, précise-t-il, l’ancien chef de l’Etat français avait «omis» de remettre «la cartographie des fosses communes». Qu’en est-il du bilan macabre ? Les auteurs du livre parlent de 300 qui manquent à l’appel et non 70, comme l’avait annoncé François Hollande.
 
 
 
Retraçant l’histoire des tirailleurs, Antoine Glaser et Thomas Hofnung, auteurs du livre «Nos chers Espions en Afrique» expliquent que ces derniers étaient prisonniers de guerre dans les frontstalags (camps de prisonniers situés à l’extérieur du Reich) pendant quatre ans. Et pour s’être révoltés après qu’on leur a refusé la solde promise au retour en Afrique, les tirailleurs ont été exécutés à la mitrailleuse par l’armée française. Et lors de sa visite au Sénégal, dans le cadre du Sommet de la Francophonie, le 30 novembre 2014, l’ancien Président François Hollande «a solennellement reconnu ce massacre» et «salué la mémoire d’hommes qui portaient l’uniforme français et sur lesquels les Français avaient retourné leurs fusils». Selon les auteurs du livre, «le chef de l’État a également remis aux autorités sénégalaises une copie des archives sur cet événement. Mais sans la cartographie des sépultures ni la liste des victimes…» Pour l’historienne Armelle Mabon, qui a beaucoup travaillé sur les tirailleurs, «les autorités françaises possèdent la cartographie des fosses communes, qui fait partie des archives jamais classées et restées interdites au sein des forces françaises au Sénégal, jusqu’à leur dissolution en 2011. Je pense qu’il y a la liste des victimes, des rapatriés, les calculs des soldes, les vrais ordres». D’ailleurs, l’historienne conteste également que les tirailleurs se soient rassemblés d’eux-mêmes, ce jour funeste. «Là au moins, les archives sont concordantes : ils ont été rassemblés sur ordre des officiers devant les automitrailleuses», lit-on dans le livre. 
 
 
Il manque 300 à 400 hommes…
 
 
Antoine Glaser et Thomas Hofnung affirment aussi «(…) qu’il manque entre 300 et 400 hommes, alors que le chiffre officiel est de 35 morts… Dans son intervention, François Hollande a doublé le nombre à plus de 70 morts. Loin du sinistre décompte réel». En sus, ils soutiennent que «pour les événements de Thiaroye, le problème est l’accès à des archives qui n’ont jamais été ni classées ni inventoriées et pourraient même avoir été  détruites». Et de poursuivre : «parmi les documents récupérés par Armelle Mabon, une feuille d’un ‘’journal de marche’’ intrigue : une page de ‘’Punitions’’, totalement caviardée, cette fois-ci au feutre noir pour les dates, la nature et le grade et emploi des autorités qui ont infligé les punitions». Seule cette note visible : Loi d’amnistie du 10 août 1947. Un officier aurait été sanctionné pour ses agissements contre les tirailleurs de Thiaroye. Avec ou sans les ordres de sa hiérarchie ? Armelle Mabon ne lâche rien et envisage d’aller devant le Conseil d’État pour connaître le motif de cette sanction.
 
Samba THIAM
 

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