Les Moustarchidines ont célébré le Maouloud dans l’émotion. Dès l’apparition de Serigne Moustapha Sy lors de la matinée du lundi au balcon de son domicile, l’exaltation était à son comble. Des talibés qui tombent en transe, l'émouvant témoignage de Mame Cheikh Tidiane sur son père qui leur a fait verser de chaudes larmes tous les deux et les nombreuses anecdotes sur Al Makhtoum ont marqué les cérémonies du Maouloud de cette année chez Serigne Moustapha Sy. Ce dernier est aussi revenu sur le dossier «Katim Touré» avec de nouvelles révélations.
Cette année, il n’a pas été question de traiter l’actualité, encore moins des problèmes de la famille Sy, si ce n’est le dossier Katim Touré. Serigne Moustapha Sy a dédié exclusivement sa causerie du Maouloud au Prophète (Psl) et aux œuvres de Serigne Babacar et de Serigne Cheikh Tidiane Al Makhtoum, le tout dans une atmosphère émotive. Comme à son habitude, le guide des Moustarchidines a fait sa première apparition lors de la matinée du Gamou à son domicile où une foule déferlante de talibés s’était rassemblée. A la vue de Serigne Moustapha, qui les saluait de son balcon, beaucoup de talibés sont tombés en transe. C’est cette même effervescence qu’on a sentie le soir au champ de course. Des milliers de talibés sont venus pour s’abreuver de la causerie de Serigne Moustapha Sy.
Après s’être installé, le guide des Moustarchidines a remercié les talibés venus des quatre coins du monde pour assister au Gamou. Il a ensuite réservé des remerciements spéciaux au Khalife des Mourides et à son porte-parole. «Serigne Mountakha Mbacké est un homme bon, pieux, plein d’humilité et très au fait de ce qui se passe. Et sa façon de faire lors du Gamou en témoigne amplement», déclare Serigne Moustapha Sy qui affirme par la suite que chaque année, il est le premier à lui donner son soutien pour la Gamou. Serigne Bassirou Abdou Khadre aussi n’est pas en reste. A en croire Serigne Moustapha Sy, le porte-parole du Khalife des Mourides a aussi envoyé sa participation en plus de celle du Khalife. Serigne Moustapha de magnifier donc leurs actes avant de promettre de leur rendre la pareille.
«Celui qui a déterré Hakim Touré devra en rendre compte à Dieu comme ceux qui enterraient leurs filles vivantes»
Au cours de sa causerie, le guide des Moustarchidines a encore traité le dossier de Baye Hakim Touré, son défunt talibé déterré dans sa concession suite à un litige foncier. Serigne Moustapha assure qu’«autant Dieu demandera à ceux qui enterraient leurs filles vivantes quel péché ces dernières ont pu commettre, autant Il demandera à ceux qui ont osé déterrer un corps, quelle faute a-t-il pu commettre ? Cet affront se paiera tôt ou tard, je n’en doute point», clame-t-il.
Continuant de relater les faits, ce dernier soutient que c’est après avoir déterré et amené le corps qu’il a été saisi le lendemain. «Je ne me suis pas prononcé puisque je savais que le repos de son âme n’avait rien à voir avoir son corps. Ils ont ramené le corps sans que je ne leur demande quoi que ce soit. Le vendredi dernier, à l’heure du khadratou jummah, j’ai fait appeler 7 personnes pour lui procurer des prières directement dans sa nouvelle tombe ; j’ai aussi demandé qu’on lui cherche un nouveau linceul avant de l’enterrer à nouveau dignement», assure le guide religieux.
«J’étais le seul enfant de Serigne Cheikh Tidiane à ses côtés pour sauver et sauvegarder son œuvre, pendant que les autres s’occupaient de leurs projets personnels»
Revenant sur ses relations avec Serigne Cheikh Tidiane Al Makhtoum, Serigne Moustapha Sy assure que leurs relations allaient au-delà des rapports père-fils. C’était son guide religieux et il a dû faire le nécessaire pour occuper cette place aujourd’hui. «C’est à mes trente ans que j’ai commencé à m’asseoir aux côtés de Serigne Cheikh Tidiane Al Makhtoum parce que c’est là qu’il a compris le sens de ma présence à ses côtés et il est ainsi venu vers moi. Toute ma vie, je l’ai dédiée à l’œuvre de Serigne Cheikh ; je mérite donc cette place pour laquelle j’ai dû assurer des fonctions pas évidentes quand il fallait le faire, en l’absence de Serigne Cheikh qui avait pourtant d’autres enfants, mais qui ont préféré se consacrer chacun à ses activités personnelles. Je suis resté à ses côtés pour sauver et sauvegarder son œuvre», clame-t-il.
«Avant que je n’aille en prison, on me surnommait l’enfant terrible de Tivaouane»
D’un ton ironique, Serigne Moustapha se remémora alors des sobriquets qu’on lui collait avant. «Avant que je n’aille en prison, on m’appelait l’enfant terrible de Tivaouane, mais j’ai toujours gardé mon calme face à ces moqueries, j’ai toujours su que cela allait changer. Et nous voilà aujourd’hui, c’est l’enfant terrible qui se tient devant vous pour vous tenir des discours que même vos pères encore moins vos oncles n’oseraient», affirme le guide des Moustarchidines.
«Capitaine a un destin tout tracé comme moi…»
Pour la cérémonie officielle, l’édition de cette année à été marquée par l’émotion qui a secoué l’assistance avec les pleurs de Serigne Moustapha Sy. En effet, son fils aîné et homonyme de Serigne Cheikh Tidiane Al Makhtoum a tenu à prendre la parole cette année pour renouveler son engagement ainsi que celle de toute la jeunesse des Moustarchidines à son père. «Cette année, nous avons voulu marquer le coup en vous donnant notre participation au Gamou. Près de 12.000 jeunes de 6 zones se sont cotisés pour vous témoigner notre gratitude. Nous sommes fiers, comblés de vous avoir comme guide. Soyez rassuré, votre parole compte plus que celle de quiconque dans ce monde», a fait savoir Mame Cheikh, surnommé capitaine, en pleurs.
Serigne Moustapha qui était visiblement très ému par les paroles de son fils, a peiné à reprendre la parole, versant des larmes à chaque essai. La cérémonie a ainsi connu une pause d’une quinzaine de minutes avant que le guide des Moustarchidines réussisse à parler à nouveau. S’excusant auprès des talibés qui se sont eux aussi mis à pleurer à la vue de leur guide, Serigne Moustapha a remercié son fils, avant de revenir sur le pourquoi de son surnom «Capitaine». Pour lui, il a un destin tout tracé comme lui et il remplit son rôle très bien malgré son jeune âge. «Quand je le vois se démener pour la réussite de nos événements, je suis à la fois heureux et fier. Il symbolise l’assurance et le leadership dont les jeunes Moustarchidines ont besoin. Son attitude avec ses frères et sœurs, le respect que ces derniers lui vouent me comblent de bonheur», magnifie-t-il en déclarant que cela ne pouvait en être autrement, vu l’attachement et l’amour que lui a témoigné son homonyme dès sa naissance.
Ndèye Khady DIOUF
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